Côte d’Ivoire : VIIIe session de la Recowa-Cerao
Françoise Niamien (avec Marcel Ariston Blé) - Cité du Vatican
« Ensemble, œuvrons pour les droits des communautés et l’environnement », était le thème de la 8ème session du conseil permanent de la CERAO-RECOWA, tenue du 13 au 17 février 2020 au Centre CERAO de pastorale et de mission à Abidjan. Figuraient à l’ordre du jour les points suivants : l’accaparement des terres, la dégradation de l’environnement et les attaques terroristes dont sont victimes certains pays de la sous-région ouest-africaine.
Le phénomène de l’accaparement des terres
Concernant le phénomène de l’accaparement des terres, Mgr Ignatius Kaigama, archevêque d’Abuja au Nigéria et président de cette institution ecclésiale sous-régionale, a fait remarquer à l’ouverture des travaux que « plus de 60% des terres agricoles disponibles dans le monde se trouvaient en Afrique, au sud du Sahara ».
Mais, « paradoxalement, l’accaparement massif de ces terres qui se solde par l’expropriation des populations les plus démunies, se fait au nom du développement économique et social ».
Toujours au sujet de l’accaparement et de l’expropriation forcée des terres, les prélats ouest africains ont réaffirmé leur engagement à protéger les droits des peuples et à respecter leurs valeurs, traditions us et coutumes. Tout en dénonçant cette pratique, ils appellent toutes les personnes impliquées « à écouter la parole de Dieu, à ne pas dépouiller et écraser le faible ».
Un enjeu environnemental
Les prélats de l’Afrique de l’ouest ont aussi tiré la sonnette d’alarme sur l’extraction minière et les conséquences écologiques dont les « effets nocifs sont incalculables pour les peuples africains ».
Afin de mettre fin à l’anarchie qui gagne le domaine de l’exploitation des ressources en Afrique, ils demandent la mise en place d’un instrument juridiquement contraignant pour réglementer les activités des sociétés transnationales. En outre, ils invitent leurs gouvernements respectifs à travailler collectivement avec d’autres pays pour la réalisation d’un tel instrument de gouvernance mondiale, et un facteur de cohésion sociale.
L’archevêque d’Abuja indiquait déjà au début des travaux, qu’il faudrait penser aux terres et eaux polluées du fait de l’activité humaine. « Nous souhaitons tout simplement que le développement ne se fasse pas au détriment des droits des populations et de l’environnement » a-t-il ajouté.
Une situation sécuritaire préoccupante
Par ailleurs, selon Mgr Kaigama, la violence, les kidnappings, les tueries au Burkina Faso, au Mali et au Nigéria, sont autant de problèmes qui menacent la paix sociale en Afrique de l’ouest. L’archevêque nigérian souligne par exemple que son pays le Nigéria se classe en tête des pays où le kidnapping est le plus pratiqué avec 77 enlèvements en 2019. Au cours de cette même année, 311 attaques ont été enregistrées en Afrique de l’ouest pour 2159 morts. Quant aux attaques terroristes, renseignent les évêques, se sont 304 attaques qui ont couté la vie à 1820 personnes.
Les élections présidentielles à venir
Dans leur communiqué final, ils en ont appelé à la sagesse et à l’esprit de responsabilité des acteurs politiques et de tous ceux qui seront impliqués dans les processus électoraux. Ils demandent l’organisation des élections pacifiques, crédibles et transparentes. Afin d’épargner la région de la violence avant, après et après les élections, les évêques de l’Afrique de l’ouest ont demandé à toute la classe politique, et à la société civile de chaque nation de travailler ensemble pour établir des codes électoraux et des structures justes et transparentes.
Au terme de la 8ème session du Conseil permanent, les évêques ont tenu à attirer fraternellement l’attention de tous sur les élections à venir en cette année 2020 dans 6 pays de l’Afrique de l’ouest, à savoir le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée, le Niger et le Togo.
En marche vers une journée de la jeunesse de l’Afrique de l’ouest
Le conseil permanent de la Recowa-Cerao a en outre étudié les rapports de leurs différentes structures, les bilans financiers et les projets de budget. Ils ont également statué sur le projet d’une journée de la jeunesse de l’Afrique de l’ouest.
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