RD Congo : L’approche tri-thérapeutique du Prof Ekwalanga à propos du Covid-19
Jean-Paul Kamba, SJ – Cité du Vatican
Immunologue et virologue de formation, Balaka Ekwalanga Michel, est professeur à l’Unilu, Université de Lubumbashi en République démocratique du Congo et responsable de tous les laboratoires de cette institution. Dans l’entretien qu’il a accordé à Radio Vatican, il donne sa position sur la pandémie du nouveau coronavirus expliquant comment il entend y faire face. Pour avoir travaillé depuis un quart de siècle sur le VIH/Sida en collaboration avec les chercheurs français, le professeur et chercheur congolais s’est penché sur le nouveau coronavirus. Avec son équipe, il a, à cet effet, mis en ordre de bataille un protocole qui va de la prévention au traitement du Covid-19 dont il brosse un léger historique.
Le nouveau coronavirus : Un nouvel ancien
En 2003, est apparue l’épidémie appelée Syndrome respiratoire aigu sévère SRAS. Ensuite, en 2009 et 2012 le Mers ou le Syndrome respiratoire à coronavirus du Moyen-Orient. Ces maladies sont causées par le coronavirus, soutient le professeur Ekwalanga qui explique d’emblée que l’actuelle épidémie, le nouveau coronavirus, ou le SRAS cov2, est un mutant de l’ancien coronavirus qui a fait le SRAS et le Mers. C’est donc une maladie pulmonaire assez grave, en ce sens qu’elle est tout aussi contagieuse que mortelle.
Une maladie qui prend le monde en surprise
« Personne n’a été préparé à ça », avoue le professeur Ekwalanga. Le Covid-19 a fait le tour du monde. Parti de la Chine, en Asie, en passant par l’Europe et l’Amérique, le coronavirus a finalement réussi son atterrissage, sans fracas, sur le sol africain. Si les pays occidentaux peinent à le maitriser, il va sans dire que pour les pays africains en général, et la République démocratique du Congo en particulier, l’équation de la riposte contre ce vilain petit virus se complique de façon on ne peut plus inexorable. Le manque de structures sanitaires adéquates pour une prise en charge efficace des patients figure en tête de liste de défaillances que déplore le professeur Ekwalanga. La crainte dit-il, est qu’au regard de ces défaillances, structurelles, l’on ne soit point capable de se tirer d’affaire en cas de saturation de cas.
C’est à ce titre donc que l’immunologue congolais préconise la mobilisation de tous les moyens, y compris le confinement, pour « empêcher que les gens tombent malade en même temps ».
Prendre la mesure du mal
Le virologue congolais tire la sonnette d’alarme et invite le peuple congolais à prendre conscience du dommage que cette maladie peut provoquer dans le pays si jamais elle n’était pas correctement contrée. « Beaucoup croient que c’est une blague. On en meurt ailleurs, on ne va pas en mourir chez nous », déplore-t-il. Avec un ton sévère, le professeur Ekwalanga récuse toutes les envolées cacophoniques qu’accompagnent les interprétations magico-spirituelles de l’épidémie.
Une approche salvatrice ?
La crise sanitaire actuelle, on le sait, est d’enjeu planétaire. Des chercheurs, tous azimuts, travaillent sans relâche pour réduire à néant la nocuité du covid-19. Chacun y va de son expertise.
Au Congo-Kinshasa, une équipe de riposte avait déjà été mise en place pour faire face à la maladie. Sans laisser libre cours à la polémique, le professeur Ekwalanga avance, pour sa part, une toute autre approche, évidemment différente de celle en usage à Kinshasa. En effet, le taux de mortalité de cette maladie en République démocratique du Congo avoisine les 10%. « C’est beaucoup, alors que ce n’est qu’un début ! » fait-il remarquer en exhortant tout le monde à se réveiller pour combattre cette « guerre qu’il faut à tout prix gagner parce que dans le cas contraire, ça sera l’hécatombe ».
De l’approche de Lubumbashi proprement dite
Rassurant, le professeur Ekwalanga soutient que l’approche de l’Université de Lubumbashi est plus que prometteuse. Il se réjouit que « le président congolais Felix Tshisekedi ait autorisé l’intégration de cette approche dans la cohorte de la riposte ».
L’approche ou le protocole de l’Unilu, explique le professeur Ekwalanga, est d’abord « pré-expositionnelle », c’est-à-dire que c’est une approche qui concerne des personnes qui ne sont pas malades et celles qui s’occupent des malades. Dans ce cas, le protocole consiste à utiliser les interférons du type 1, la chloroquine et les antioxydants.
Quant au traitement à proprement parler, l’immunologue de l’Unilu préconise le changement des interférons. Ainsi, il est utilisé l’ interféron gamma, la chloroquine et les antioxydants.
En cas de complication, le traitement se fait en couplant l’ interféron alpha, gamma, chloroquine et antioxydant. Ce traitement, souligne le professeur Ekwalanga, diffère « des autres qui aujourd’hui dans le monde utilisent les antirétroviraux qui étaient censés être contre le VIH, ou contre Ebola. C’est tout de même des antirétroviraux avec toutes les possibilités de mutation ». En revanche dit-il, « notre approche, ne vise pas à attaquer le virus. Elle est d’ordre immunologique. Il s’agit de booster le système immunitaire en le rendant capable de combattre le virus ».
Pour appuyer cette thèse, le professeur Ekwalanga cite l’exemple de la Chine où « certaines personnes ont échappé à cette pandémie sans être traitées et ce, grâce à leur système immunitaire. Donc, on ne peut pas nier la place du système immunitaire ». C’est là que le professeur Ekwalanga met en évidence l’originalité de son approche qui, précise-t-il, est presqu’unique au monde.
Une approche tri-thérapeutique
« Nous avons utilisé les interférons que les cubains ont vendus aux Chinois, ça marche ; la chloroquine que Raoult et beaucoup d’autres gens utilisent, ça marche. Nous avons associé trois modes qui marchent en même temps ». C’est donc une tri-thérapie : les interférons, la chloroquine et les antioxydants.
Cette approche est dite compassionnelle, explique le professeur Ekwalanga qui affirme à cet effet que tout médecin qui pense qu’une molécule non toxique peut ajouter quelque chose de plus contre une maladie, il a, en toute responsabilité, le droit de l’utiliser.
A ceux qui reprochent le manque d’expérience à cette approche, le responsable de tous les laboratoires de l’Université de Lubumbashi répond en disant que le protocole qu’il brandit ne contient pas de molécules toxiques. « Nous avons tout simplement détourné certaines molécules en les mélangeant contre le coronavirus ».
Les antioxydants une solution contre les effets du confinement
Les antioxydants. Voilà qui fait la différence dans le protocole de Lubumbashi. Point n’est nullement besoin de rappeler que de nos jours, la lutte contre le coronavirus est responsable du confinement de près de la moitié de l’humanité. Ce confinement n’est pas sans engendrer à son tour d’autres problèmes : des traumatismes qui ouvrent la voie aux stress oxydants. Ces derniers constituent irrévocablement une cause de mutation virale. Ainsi, le protocole de Lubumbashi, souligne le professeur Ekwalanga, comporte des antioxydants qui empêchent l’apparition des mutants et donc, par conséquent l’apparition des stress oxydants. Et d’ajouter : « cette solution est inédite ».
Quid des plantes et autres solutions traditionnelles ?
Depuis l’avènement du covid-19, le besoin de la consommation de plantes et autres effets traditionnels a augmenté de manière très significative. Pour lutter contre l’invité indésirable que représente la pandémie, sur les réseaux sociaux foisonnent, en ordre plus que jamais dispersé, des campagnes qui vantent les mérites des plantes, racines etc. L’expérience n’a pas tardé à montrer que l’irresponsabilité de l’amateurisme euphorique de certains internautes a couté la vie à des vies humaines.
Sans balayer du revers de la main les vertus de la médecine traditionnelle, le professeur Ekwalanga invite toutefois à la prudence. Il conseille, par ailleurs, de se laisser guider par les professionnels dans le domaine et de « ne pas être juge et partie ». Aussi, soutient-il, qu’il existe des approches modernes de la médecine en Afrique. Il déplore, en même temps, l’opportunisme et le « charlatanisme » avec lesquels une flopée de personnes propose des voies de sortie dénuées de fondement : un colosse aux pieds d’argile.
Le professeur Ekwalanga se définit comme étant démocrate. S’il admet que quiconque peut se lancer dans la course pour trouver la solution, puisqu’il s’agit, dit-il, d’additionner les forces, il exige néanoins que chacun soit capable, en scientifique avéré, de produire les preuves nécessaires pour offrir une assise scientifique à ce que l’on avance.
Réussir le confinement, un préalable
La plupart de pays ont entre autres opté pour la stratégie du confinement des populations. En République démocratique du Congo, le gouvernement a pris des mesures similaires. Sans piocher dans l’arène politique, le professeur Ekwalanga estime, pour sa part, que cette stratégie est louable. Toutefois, afin qu’il produise des résultats escomptés, il recommande, à l’instar des Coréens, un investissement suffisant dans le test des populations. « Tester les personnes, isoler celles qui sont malades, au lieu de pénaliser toute une population », suggère-t-il par ailleurs.
En outre, le professeur Ekwalanga plaide pour un confinement accompagné des mesures qui permettent aux populations de survivre aussi longtemps que dure le confinement. Par exemple, s’assurer que les gens ont accès à la nourriture, à l’eau, à l’électricité notamment. Et de souligner : « qui meurt de faim, ou du nouveau coronavirus, où est la différence ». Signalons qu’au Congo-Kinshasa, le gouvernement a décrété la gratuité de l’eau et de l’électricité pendant deux mois.
Un paradoxe
Parlant du confinement, un paradoxe demeure pourtant, fait observer le professeur Ekwalanga.
« On a fermé les bars, mais les gens continuent de vendre de l’alcool derrière leurs maisons. Cela ne change rien du tout. On a fermé les écoles, les églises, tandis que dans les transports en commun, les gens n’arrêtent pas de s’empaqueter ».
En définitive, le professeur Ekwalangala lance un appel : « dans mon protocole, j’ai mis des molécules, les interférons. J’ai du mal à acheter les interférons ». Il demande aux personnes de bonne volonté de lui prêter main forte pour obtenir cet élément crucial afin de maximiser les chances d’un rendement efficace.
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