RD Congo : La « diaconie » au service des plus vulnérables dans l’archidiocèse de Kinshasa
Camille Mukoso, SJ – Cité du Vatican
Depuis presqu’un an, le vocabulaire de l’Eglise famille de Dieu en République Démocratique du Congo s’est enrichi d’une nouvelle expression : « la diaconie ». Si, pour le commun des mortels, son évocation laisse indifférent, car se trouvant devant un mot quelque peu ésotérique pour les oreilles de non-initiés, tel n’est pas le cas pour les habitués des textes de l’Eglise. En effet, dans son acception la plus courante, le terme « diaconie » désigne les œuvres de charité, le « service de l’amour du prochain exercé de manière communautaire et ordonnée », comme l’écrit Benoît XVI dans Deus Caritas est (n° 21).
Prolongement de la vision épiscopale du Cardinal Ambongo
Dans une interview accordée à Radio Vatican, la sœur Câline Mampuya, religieuse de la congrégation des Sœurs de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus de Kinshasa, a évoqué les raisons d’être de la diaconie, service créé par l’archevêque de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo, pour venir en aide aux populations vulnérables. A en croire la religieuse congolaise, ce service de charité, mis en place à l’ouverture de l’année pastorale 2019-2020, prolonge la vision épiscopale de l’archevêque métropolitain de Kinshasa, « Omnia omnibus » « Tout à tous », se consacrant particulièrement aux personnes les plus pauvres. Dans cette optique, la sœur Câline Mampuya a fait savoir que le service de la diaconie « est la mise en œuvre de la charité de l’Eglise qui imite son Divin Maitre, Jésus-Christ, le bon Samaritain par excellence ».
Une attitude du cœur, une vision évangélique
Pour ce faire, a-t-elle expliqué, « les actions de la diaconie se veulent être l’expression de l’amour miséricordieux et compatissant de Dieu qui inspire à chacun de nous compassion, solidarité et partage ». Voilà pourquoi, a estimé la sœur Mampuya, le service de la diaconie dans l’archidiocèse de Kinshasa est finalement une attitude du cœur, nourrie par la péricope de l’Evangile selon Mathieu dans laquelle Jésus affirme que « chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits, qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » (Matthieu 25, 40).
Les doigts d’une même main qui soulagent les pauvres
On en conviendra, la diaconie ainsi définie partage bien d’éléments en commun avec le service de Caritas dont les actions bénéfiques pour les populations ne sont plus à démontrer. A ce propos, la sœur Câline Mampuya a utilisé une image pour montrer à quel point diaconie et Caritas se conjuguent et consacrent leurs activités au profit des laissés-pour-compte de la société congolaise. Selon la religieuse, la diaconie et la Caritas sont « les doigts d’une même main qui touchent les vulnérables ». Cependant, a précisé la sœur Mampuya, le service de la diaconie, dans son acception et son vécu dans l’archidiocèse de Kinshasa, voudrait apporter une chaleur plus concrète aux pauvres, en les rejoignant dans leurs périphéries existentielles. C’est bien là l’image d’une Eglise en sortie dont parle le Pape François que le Cardinal Ambongo a voulu reproduire en créant ce service de charité dans son archidiocèse.
Diaconie et nouveau coronavirus
La création de la diaconie semble, à bien y penser, tomber à point nommé dans une année marquée par la pandémie du nouveau coronavirus. La Sœur Mampuya, qui coordonne ce service de charité, explique qu’elle et son équipe ont travaillé dans la distribution des palliatifs Covid-19 (masques, gels hydroalcooliques, denrées alimentaires, etc.) ainsi que dans la sensibilisation des populations au respect des mesures barrières. Parce que tiré de l’Evangile, le rayonnement d’un tel engagement ne pouvait donc pas se limiter aux seuls catholiques. La thérésienne de Kinshasa confie que catholiques, protestants ou musulmans, ont tous été bénéficiaires du geste d’amour et de soulagement apporté par la diaconie, avec la collaboration de ses bienfaiteurs. Une question demeure cependant : Si la diaconie soulage la misère du peuple, ne serait-elle-pas un moyen de dédouaner l’Etat de ses devoirs, de sa responsabilité ?
Diaconie et responsabilité de l’Etat
Pour la sœur Mampuya, la charité évangélique de l’Eglise n’encourage en rien l’Etat à être démissionnaire. Bien au contraire, la proximité évangélique aux pauvres, soutient-elle, rappelle l’urgence de la bonne gouvernance qui doit devenir la priorité des priorités pour nos nations africaines au bord du précipice. C’est dans cette perspective que la religieuse congolaise estime que le grand défi de la diaconie à Kinshasa est de renforcer les liens de solidarité et de partage pour réduire de manière significative et durable les disparités criantes qui existent dans la société congolaise.
La charité n’a pas de frontière
En définitive, la Sœur Mampuya a fait remarquer qu’en seulement 5 mois d’existence, le service de charité dont elle a la charge a déjà aidé au moins 4000 familles et ménages, y compris toutes les maisons de formation religieuses en charge de l’archidiocèse de Kinshasa. Et puisque la charité n’a pas de frontière, la religieuse espère voir ce service de charité s’étendre sur toute l’étendue de la République Démocratique du Congo.
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