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Les évêques de Côte d'Ivoire Les évêques de Côte d'Ivoire 

Côte d’Ivoire : L’Eglise et la nation

Les évêques Ivoiriens ont tenu leur 116ème assemblée plénière ordinaire, du 27 au 31 juillet 2020, au Centre diocésain de formation humaine et spirituelle de Yamoussoukro, pour l’organisation interne de leur institution mais aussi pour évoquer la situation de leur pays.

Jean-Pierre Bodjoko, SJ* (Avec Marcel Ariston Blé) – Cité du Vatican  

Les travaux de cette assemblée plénière ont été essentiellement consacrés à l’examen des synthèses des rapports des secrétaires exécutifs nationaux ; aux mandats des secrétaires généraux et des secrétaires exécutifs ; aux problèmes spécifiques des commissions épiscopales et à l’analyse de la situation sociopolitique et sanitaire du pays.

A la fin de ces assises, au cours d’une messe célébrée en la Cathédrale Saint Augustin de Yamoussoukro, les évêques ivoiriens ont tenu, en premier lieu, à exprimer leur solidarité envers le peuple de Dieu qui, durant cette période, est fortement éprouvé par les restrictions liées au coronavirus. « Même si être privés de célébrations communautaires de l’Eucharistie et des autres sacrements pendant cinq mois a été très pénible et continue de l’être, nous faisons de notre mieux pour protéger la santé des fidèles. Il était nécessaire que nous soyons solidaires dans le malheur. Nous l’avons été et nous le serons encore », a rassuré Mgr Jean-Jacques Koffi Oi Koffi, évêque de San Pedro et vice-président de la Conférence épiscopale de Côte d’Ivoire, au cours de l’homélie de la messe qu’il a présidée.

Le pays en zone de turbulences ?

Les évêques ont également posé un regard paternel sur « toutes les victimes et pour les familles éplorées, pour les malades et tous ceux qui vivent dans l’angoisse de ce fléau, pour le personnel médical de notre pays qui ne ménage aucun effort pour sauver des vies », a affirmé Mgr Koffi Oi Koffi.

Evoquant la situation socio-politique, le vice-président de la Conférence épiscopale ivoirienne a déclaré : « à trois mois de la prochaine élection du président de la République, nous nous trouvons à la croisée des chemins. Nous traversons des zones de turbulences au plan politique, dont les répercussions pourraient mettre à mal la fraternité et la paix. »

Conscients du fait que leur mission « est d’ordre religieux, et qu’il n’est ni d’ordre politique, ni d’ordre économique ou social », les prélats ivoiriens indiquent avoir publié « une lettre pastorale annoncée depuis le 19 janvier 2020 à Korhogo et intitulée « L’Église en Côte d’Ivoire, au service de la réconciliation, de la justice et de la paix », dans le but de partager avec leurs concitoyens « le souci de la construction d’une société ivoirienne toujours plus fraternelle et ouverte à tous, respectueuse de la dignité et des droits de la personne humaine et préoccupée d’établir entre tous les habitants de ce pays, des liens d’amitié, de confiance et de respect mutuel »

Une référence au Royaume de Dieu

Cette lettre pastorale qu’ils viennent de publier est une interpellation et une invitation à bâtir une société de paix et d’amour, un véritable trésor, selon Mgr Koffi Oi Koffi qui « exige de nous des renoncements : renoncements à la violence verbale et physique qui ne sont nullement une fatalité ni en période électorale ni dans nos rapports de tous les jours ; renoncements aux intérêts égoïstes pour accorder une importance particulière à l’intérêt général et au bien commun ; renoncements à la corruption sous toutes ses formes ; renoncements au cléricalisme et à la toute forme de dictature au sein des familles, des communautés religieuses, des services et des institutions nationales ; renoncements à la paresse et à la médiocrité au sein de la jeunesse de notre pays ».

« Réintroduire dans nos pensées, dans nos jugements et nos comportements, une référence au Royaume de Dieu qui vient, est aujourd’hui une tâche essentielle de l’Église », a ajouté l’évêque de San Pedro.

Pour ce dernier, cette tâche essentielle de l’Eglise ne pourrait être crédible « que si ses pasteurs que nous sommes et les fidèles sont réconciliés entre eux. Notre lettre nous engage à bâtir des communautés justes, à grandir dans la vie de grâce, à donner le témoignage d’une sainteté personnelle et communautaire et de la bonne gouvernance ».

Par ailleurs, les évêques ivoiriens ont tenu à rappeler à tous les ivoiriens et particulièrement à la classe politique « que la guerre n’est pas une fatalité et que nous pouvons toujours conduire ce processus dans les règles de l’art, c’est-à-dire dans le respect de Loi fondamentale, dans la concertation et le consensus autour des procédures, dans le respect de la dignité de chacun ».

La reconduction du président et vice-président de la Conférence épiscopale

Enfin, lors de leurs travaux, Mgr Ignace Bessi Dogbo, président de la conférence épiscopale de Côte d’Ivoire et Mgr Jean Jacques Koffi Oi Koffi du diocèse de San Pedro en Côte d’Ivoire, arrivés tous les deux en fin de mandat, ont été réélus par leurs pairs pour un autre mandat de 3 ans.

Sur un autre registre, les évêques ivoiriens, au cours de ces assises, ont aussi procédé à des réaménagements techniques des commissions épiscopales et à des nominations de nouveaux secrétaires exécutifs nationaux des structures de l’Eglise.

Ils se sont penchés sur les médias catholiques de Côte d’Ivoire, en l’occurrence la Radio Nationale Catholique (RNC). Ainsi, après une analyse minutieuse de la situation, les évêques ont décidé de procéder à un appel à candidature pour le poste de directeur afin de redonner plus de dynamisme à ce média d’évangélisation.

La protection des mineurs et des personnes vulnérables, le financement de l’académie catholique puis la prochaine visite Ad Limina en septembre 2021 des évêques à Rome ont été également des sujets sur lesquels ils ont porté leur attention.

C’est par une séance de travail, organisée le vendredi 31 juillet 2020 avec le Nonce apostolique Mgr Paolo Borgia, que s’est clôturée l’assemblée générale des évêques.

La prochaine assemblée plénière des évêques catholiques de Côte d’Ivoire se tiendra du 18 au 24 janvier 2021 dans la province ecclésiastique d’Abidjan, précisément dans le diocèse de Grand Bassam.

*Twitter : @JPBodjoko E-mail: jeanpierre.bodjoko@spc.va

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04 août 2020, 18:18