Mgr Kambanda: «Cardinal c’est à la fois une joie, une grande charge et un défi»
Jean-Pierre Bodjoko, SJ* – Cité du Vatican
Vous avez été nommé par le Pape dans la liste des 13 cardinaux qu’il va créer lors du consistoire du 28 novembre prochain. Comment avez-vous appris cette nouvelle et quelle a été votre réaction ?
Cela a été une grande surprise pour moi. Je ne m’y attendais pas. J’étais dans mes activités de la vie ordinaire, jusqu’à ce que quelqu’un m’a téléphoné. Je n’y croyais pas. Mais, par la suite, j’ai entendu l’annonce lors de l’Angélus du Pape. C’est une surprise pour moi. Je remercie le Seigneur, car il est l’auteur de l’histoire, l’histoire en général ou l’histoire personnelle. Je n’avais jamais rêvé d’être Cardinal. C’est le seigneur qui l’a voulu. Comme le dit l’Evangile d’aujourd’hui (dimanche 25 octobre 2020. Ndlr), j’aime le Seigneur et j’ai consacré ma vie à travailler pour lui. Être Cardinal me donne l’opportunité de travailler beaucoup plus pour le Seigneur. Je remercie beaucoup le Saint-Père qui m’a confié cette charge. J’aime l’Eglise, j’aime travailler pour l’Eglise et cela me donnera l’occasion de travailler beaucoup plus pour elle.
Votre pays, le Rwanda, a connu une période difficile de génocide. Aujourd’hui, ce pays a encore besoin de panser les plaies et de vivre la réconciliation. Quels défis sentez-vous comme futur Cardinal, au moment où également le Pape vient de publier son encyclique « Fratelli tutti », comment vivre cette réalité dans votre nouvelle responsabilité de Cardinal ?
Nous venons d’effectuer un cheminement de 26 ans après le génocide. Et nous avons beaucoup travaillé pour la réconciliation. Ça faisait très mal de voir une communauté catholique et chrétienne déchirée, s’entretuer jusqu’au génocide. Nous remercions le Seigneur pour le cheminement que nous avons fait jusque-là. Actuellement, nous avons quand-même atteint un niveau de réconciliation et d’unité et l’encyclique du Pape « Fratelli tutti » a été bien accueilli au Rwanda. Nous la méditions et l’approfondissons. L’encyclique va renforcer et faciliter notre travail pastoral dans la réconciliation. C’est maintenant un défi pour moi, il y a ce rôle dans l’évangélisation, au sein de l’Eglise universelle : je pourrais aussi témoigner de mes contributions, de ce qu’on pourrait partager avec les autres qui souffrent également beaucoup de conflits violents et de déchirements des communautés.
Le 7 mai 2013, vous avez été nommé Evêque de Kibungo. Le 19 novembre 2018, vous avez été nommé par le Pape François comme Archevêque de Kigali. Et maintenant, vous êtes Cardinal de l’Eglise universelle, donc au-delà de Kigali et du Rwanda. Est-ce que vous mesurez la grandeur de cette charge et la confiance que l’Eglise vous accorde ?
Je remercie le Seigneur pour cette grâce qui fonctionne dans son Eglise, confrontée actuellement à plusieurs défis. Nous devons donc beaucoup travailler pour transmettre et faire comprendre le message du salut. C’est à la fois une joie, une grande charge et un défi.
Vous serez donc le premier Cardinal de votre pays ?
Oui. Dans l’histoire du Rwanda, je suis le premier Cardinal. Dans l’ACEAC (Association des Conférences Episcopales de l'Afrique Centrale. NDLR), c’est-à-dire le Rwanda, la RDC et le Burundi, nous n’avions que le Cardinal de la RDC. Maintenant, c’est une grande joie pour la Région des Grands Lacs et pour l’ACEAC d’avoir un deuxième Cardinal.
Quel message pouvez-vous adresser à vos compatriotes du Rwanda pour cette joie d’avoir un premier Cardinal et aussi pour cette Région des Grands Lacs qui a besoin, comme vous l’avez dit, d’un grand message de réconciliation ?
Je remercie beaucoup les collègues évêques du Rwanda et de l’ACEAC pour la collaboration, la solidarité et le travail que nous faisons. Si le Pape m’a nommé Cardinal, c’est aussi grâce à la foi, au travail et à la pastorale de toute la communauté. Je les rassure de ma collaboration et de ma solidarité, surtout pour la paix et la réconciliation dans la région. Nous vivons des temps de tensions, mélangés avec la pandémie de Covid-19. Comme pasteurs, nous avons besoin de guider les gens dans la paix et la fraternité. Dans ce cadre, l’encyclique « Fratelli tutti » va nous éclairer et beaucoup nous aider dans notre pastorale de réconciliation et de fraternité dans la région.
*Twitter : @JPBodjoko E-mail : jeanpierre.bodjoko@spc.va
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