Cameroun : alerte sur le manque criant d’eau potable au diocèse de Yagoua
Jean-Pierre Bodjoko, SJ* - Cité du Vatican
Nous avons récemment réalisé une interview avec Caritas du diocèse de Maroua-Moukolo, précisément en ce qui concerne le problème des déplacés et des réfugiés à cause de Boko Haram. Votre diocèse étant également situé à l’extrême-nord du Cameroun, avez-vous les mêmes problèmes ?
Nous connaissons également le phénomène de déplacés dans notre diocèse, notamment dans la partie du département du Logone-et-Chari, du côté de Kousséri, où nous enregistrons un fort nombre de personnes qui sont déplacées, à cause de la guerre que mène la secte islamique, Boko Haram.
Ces personnes déplacées viennent aussi du Nigeria et à combien peut-on estimer leur nombre ?
Ces déplacés viennent aussi du Nigeria. C’est un grand nombre de personnes qu’on peut évaluer à plus de 1000 déplacés.
Comment vous en occupez-vous ?
A niveau de la Caritas du diocèse, le responsable en charge essaie de leur apporter des aliments. Quand il y a des soucis de santé, ils se rapprochent du service Caritas santé et on voit ce que l’on peut leur apporter comme soins de première nécessité. Ils sont logés dans des cases qu’ils ont eux-mêmes construits.
A part ce problème de déplacés dans votre région, on parle également d’un problème de manque d’eau pour la population…
Il y a un manque criant d’eau potable. On dit souvent que l’eau c’est la vie, mais il faut préciser qu’une eau propre et saine, une bonne eau est source de vie, parce qu’elle nous met à l’abri des maladies hydriques. Ici, nous connaissons un manque sérieux d’eau potable. Au sein de la population, beaucoup sont obligés de parcourir des dizaines de kilomètres pour aller chercher cette eau qui pourra étancher leur soif.
Comment aider ces personnes pour qu’elles n’aient plus à parcourir de longs kilomètres à la recherche de l’eau ?
Il est urgent que nous fassions quelque chose, notamment en construisant des forages d’eau potable, à motricité humaine, manuelle ou solaire. C’est un appel lancé à toutes les personnes de bonne volonté, ONG, organismes et également à notre Eglise, pour construire des forages d’eau afin de faciliter la vie de la population.
Que font le gouvernement et les autorités locales ?
Le gouvernement et les autorités locales font quelque chose. Mais, si on prend un quota, et qu’on se dit qu’un forage est dédié à une population de 20 à 30 ménages, vous allez constater que c’est plus d’une centaine de ménages qui se partagent ce forage. Donc, à un moment donné, le forage tarit vite à cause de la surexploitation, surtout ici avec le climat de l’extrême-nord. Le gouvernement fait quelque chose, mais ce n’est pas assez.
Vous l’avez évoqué, vous avez surtout peur des maladies hydriques, mais la Covid-19 constitue-t-elle aussi une menace pour ces déplacés, en particulier, et la population de cette partie du Cameroun, en général ?
La menace de la Covid-19 est réelle dans le pays. On a enregistré des cas dans notre région, mais la population vit comme si ce n’était pas une affaire d’ici. Il y a une négligence et un non-respect des mesures barrières. Notre rôle et de les sensibiliser et d’attirer leur attention sur les menaces, parce que la maladie est réelle.
Un mot de la fin par rapport à la situation de ces déplacés et à l’absence d’eau potable ?
Je ne vais jamais cesser de lancer un appel à toutes les âmes de bonne volonté, aux organismes et aux institutions pour aider les populations de l’extrême-nord du Cameroun qui sont sous la menace de la secte islamique Boko Haram. Il y a également ce besoin d’eau potable pour la population. Par ailleurs, les enfants et les jeunes ont également besoin d’être scolarisés.
*Twitter : @JPBodjoko E-mail : jeanpierre.bodjoko@spc.va
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