Nigeria : face à l’insécurité croissante dans le pays, Mgr Kaigama hausse le ton
Camille Mukoso, SJ (avec aciafrica) – Cité du Vatican
« Des efforts combinés sont nécessaires pour s'attaquer frontalement aux causes sous-jacentes des enlèvements, du banditisme et l'insécurité au Nigeria ». C’est ce qu’a déclaré, le vendredi 18 décembre 2020, l’archevêque d’Abuja au Nigeria, Mgr Ignatius Kaigama, soulignant que le niveau d’incidents et d’impunités est devenu inacceptable et ne peut être excusé, pour quelque raison que ce soit.
Une menace pour tous
Pour l’archevêque d’Abuja, les attaques contre les structures scolaires et l'enlèvement d'étudiants dans le nord du Nigeria se produisent avec une certaine régularité. Les victimes d'enlèvements sont confrontées, déplore-t-il, à une menace de mort plus élevée et peuvent passer plus de temps en captivité. A l’en croire, les incidents de meurtres et d'enlèvements qui se produisent actuellement au Nigeria constituent désormais une menace importante pour tous les citoyens.
De la responsabilité du gouvernement
L’archevêque d’Abuja a reproché au gouvernement du président Muhammadu Buhari d'être dévoué à la lutte contre les manifestations civiles et à l'arrestation des dissidents, alors que le pays est plongé dans une insécurité qui bat son plein. L'expertise des forces de l’ordre est démontrable sur la population civile, mais pas sur ceux qui ont pris les armes contre l'Etat, dénonce Mgr Kaigama. Et de rappeler : « la responsabilité première du gouvernement, telle qu'elle est inscrite dans la constitution, est la protection de la vie et des biens de ses citoyens, indépendamment de leurs convictions ethniques et/ou religieuses ». Toute violation de ce principe fondamental du contrat social contrevient à la raison même pour laquelle le gouvernement existe, a-t-il soutenu.
Ce que demande le peuple
Cette prise de position de l’archevêque d’Abuja intervient alors que des hommes armés ont attaqué, le vendredi 11 décembre dernier, une école publique de l’Etat de Katshina et ont engagé des forces de sécurité dans une fusillade avant de kidnapper quelque 300 étudiants. Outre l'enlèvement d'écoliers, des milliers de personnes dans la partie nord du pays sont également prises en otage par des hommes non autrement identifiés. Pour Mgr Kaigama, « l'incapacité à protéger la population est directement imputable au gouvernement fédéral, qui a perdu la capacité de contenir les divers cartels d'hommes armés qui terrorisent désormais différents endroits, en particulier dans le Nord, sans laisser ni entraver leur action ». « À ce stade, il devrait être clair, pour les autorités, que la stratégie actuelle visant à endiguer l'insécurité et à favoriser la paix ne fonctionne pas et devrait être examinée, améliorée ou, au mieux, repensée », estime le prélat nigérian. Et de renchérir : « le gouvernement doit faire le nécessaire pour que les terroristes soient contrôlés, les criminels arrêtés, les bandits démantelés et les kidnappeurs mis hors d'état de nuire. C'est le moins que les citoyens attendent de leurs dirigeants ».
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