Côte d’Ivoire : messe conclusive des 125 ans de l’évangélisation
Françoise Niamien (avec Marcel Ariston Blè) – Cité du Vatican
L’Eglise en Côte d’Ivoire a clôturé dans l’allégresse, à la Paroisse Saint-Esprit de Mockeyville, à Grand-Bassam, les festivités marquant le 125ème anniversaire de son évangélisation, en présence du Nonce apostolique en Côte d’Ivoire, Mgr Paolo Borgia, des personnalités politiques, administratives et coutumières, des prêtres, religieux, religieuses et de nombreux fidèles laïcs venus des différents diocèses du pays et d’ailleurs. Au cours de cette messe, les Evêques ivoiriens ont adressé un message aux gouvernants, aux leaders des partis politiques et à tous les habitants de la Côte d’Ivoire.
Dans l’homélie qu’il a prononcée au cours de la messe d’action de grâce marquant les deux évènements, l’archevêque métropolitain d’Abidjan, le Cardinal Jean Pierre Kutwa, a rendu grâce à Dieu « qui nous fait témoins de ce jubilé », avant de traduire toute « sa reconnaissance pour les hommes d’hier et d’aujourd’hui, vaillants hérauts de l’évangélisation de notre pays, eux grâce à qui, s’est répandue partout le miel de l’évangile comme un essaim d’abeilles. »
Des raisons de se réjouir
Aujourd’hui, beaucoup de chrétiens restent fidèles aux engagements de leur baptême, a fait savoir le cardinal Kutwa qui a présidé l’eucharistie, indiquant que dans les paroisses, certains fidèles s’engagent davantage dans les conseils paroissiaux, dans les mouvements d’apostolat, la catéchèse, les chorales… Pour l’archevêque d’Abidjan, ce sont des motifs de satisfaction. « Nous avons donc des raisons de nous réjouir des résultats du travail accompli par nos vaillants missionnaires, relayés aujourd’hui par un clergé local, dont les efforts sont à saluer et à encourager, sans oublier les religieux et religieuses et les catéchistes », a soutenu l’archevêque métropolitain d’Abidjan, tout en reconnaissant qu’il « existe aujourd’hui, plus qu’hier, de sérieux motifs d’insatisfaction parce que fort de 125 années d’existence et potentiellement d’expérience.
Développement humain intégral
Le développement humain intégral, que nous appelons de tous nos vœux, a indiqué le cardinal Kutwa, ne peut s’obtenir qu’au prix des efforts conjugués de tous. Et pour le premier pasteur du diocèse d’Abidjan « ces efforts devront porter essentiellement à l’avenir sur la vérité à dire en tout temps et quoique cela puisse nous coûter, sur la miséricorde à accorder dans la justice et le pardon à quiconque nous sollicitera dans ce sens, car en vérité, la miséricorde et le pardon sont la condition sine qua non pour aboutir à la réconciliation qui offre le cadre et dresse le lit pour le développement humain intégral ».Du point de vue du cardinal Kutwa, l’un des fruits de ce jubilé sera d’offrir aux générations futures, une éducation au service du développement humain intégral. Pour y parvenir, a-t-il indiqué « il nous faut revenir à notre mission fondamentale : tirer tout homme de ses ténèbres, par le biais de l’éducation en approfondissant les sillons creusés le 28 octobre 1895 par les pères Hamard et Bonhomme qui commencèrent les essais d’évangélisation par l’enseignement ».
Un autre appel à la paix
Dans leur message adressé aux gouvernants, aux leaders des partis politiques et aux citoyens ivoiriens, qui s’inscrit dans la continuité de leurs deux derniers messages, au terme de leurs assemblées plénières de juin 2019 et janvier 2020, les évêques ivoiriens se sont dit « fortement préoccupés par la situation socio-politique actuelle qui prévaut dans le pays ».
Revenant sur l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 qui « a engendré une crise d’une rare violence, faisant beaucoup de pertes en vies humaines, surtout parmi les jeunes et provoquant d’énormes dégâts matériels », ils ont condamné « fermement les atrocités et cette barbarie qui sont d’un autre âge » et exprimé leur « compassions aux victimes, à leurs familles, et à la nation ivoirienne toute entière, car dans cette catastrophe nationale, c’est d’abord la Côte d’ivoire qui est perdante », ont-ils fait comprendre.
Œuvrer pour la paix, la justice et la réconciliation
Sachant que « le chemin qui mène à la paix est et sera toujours long et difficile », les archevêques et évêques de Côte d’Ivoire encouragent les ivoiriens « à continuer inlassablement à œuvrer pour la paix qui ne doit pas être considérée comme le simple silence des armes ».
Pour eux, la paix « suppose une justice vraie et équitable dans la gestion des personnes et la juste redistribution des richesses de ce pays. Une paix en toute vérité et sincérité sans compromission c’est là voix pour l’avènement pour une Côte d’Ivoire nouvelle ».
En outre, l’épiscopat ivoirien a estimé que le moment est venu de redonner la joie à la Côte d’Ivoire de voir ses enfants réunis autour d’elle, sans obstacles d’ordre politique, ethnique ou religieux.
« C’est le lieu d’appeler au retour de tous les exilés politiques et à la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion », ont fait savoir les évêques.
Dans la perspective de cette réconciliation, le gouvernement ivoirien a créé récemment un ministère de la réconciliation en qui les évêques disent fonder un réel espoir. Ils espèrent voir ce ministère aller, sans entraves, au bout de sa mission, en réconciliant effectivement les Ivoiriens de tout bord.
Elections à venir
Jetant un regard sur les élections législatives prévues au mois de mars, la conférence épiscopale ivoirienne a invité « instamment, une fois encore, au respect scrupuleux des lois que nous nous sommes donnés et qui régissent notre Nation. » Dans la même optique, elle a exhorté les différents acteurs politiques ivoiriens « à la recherche inlassable de la vérité dans les tractations politiques et au respect de la dignité de la personne et de la vie humaine. »
Au terme de leur message, les prélats ont encouragé la classe politique ivoirienne à « poursuivre l’effort de dialogue politique dans la sérénité et la vérité, avec toutes les composantes de la nation ivoirienne, en vue de l’instauration d’un climat sociopolitique détendu et apaisé ».
Les évêques ont imploré une nouvelle effusion de l’Esprit Saint sur la terre ivoirienne pour la conversion des cœurs. « Que se lève sur la Côte d’Ivoire, notre Mère patrie, une nouvelle ère de réconciliation, de justice et de paix ! », ont-ils conclu.
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