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Mgr Inácio Saúre, archevêque de l'archidiocèse de Nampula/Mozambique Mgr Inácio Saúre, archevêque de l'archidiocèse de Nampula/Mozambique 

Mozambique : appel à l’aide de Mgr Saúre

L’archevêque du diocèse de Nampula, au Mozambique, Mgr Inácio Saúre parle de la situation des déplacés de guerre, en provenance de la province de Cabo Delgado. Ces derniers sont confrontés à plusieurs défis dans la province de Nampula, où la situation économique est également précaire.

Jean-Pierre Bodjoko, SJ* - Cité du Vatican

Quelle est la situation actuelle au sein de votre archidiocèse ?

Je suis archevêque de Nampula depuis 2017. Je suis arrivé à l’archidiocèse au mois de juin. Et, à partir du mois d’octobre, la guerre a commencé dans la province de Cabo Delgado. Nous sommes des diocèses voisins et nous avons donc toujours vécu cette réalité, à cause notamment des déplacés de guerre qui viennent de Pemba (Capitale de la province de Cabo Delgado. Ndlr). Pour ce qui est de notre archidiocèse, Nampula est l’archidiocèse le plus peuplé du Mozambique, avec plus de 5 millions d’habitants, dont environ 13% de fidèles catholiques, des musulmans, des fidèles de religions traditionnelles africaines ainsi que d’autres églises.

Avez-vous suffisamment de prêtres pour vous épauler dans votre tâche d’archevêque ?

Non, malheureusement. Nous avons très peu de prêtres. Nous n’avons que 36 prêtres diocésains et environ une douzaine de prêtres religieux missionnaires. Les défis sont nombreux, mais nous sommes très peu. Nous avons 40 paroisses très grandes. Si on disposait de suffisamment de prêtres, on pourrait créer d’autres paroisses. Pour les fidèles, créer une nouvelle paroisse revient à nommer un nouveau curé. C’est ainsi qu’on laisse la situation telle qu’elle est. Sinon, on aurait pu avoir beaucoup plus de paroisses.

Et il y a quelques vocations ?

Heureusement, à ce niveau-là, nous sommes heureux car nous avons, quand-même, quelques vocations. Par exemple, le 2 mai dernier, nous avons ordonné 7 diacres dans notre archidiocèse et nous avons encore 8 étudiants en théologie et une trentaine d’étudiants en philosophie. Il y en a également plusieurs en propédeutique. Donc, heureusement, nous avons encore beaucoup de vocations.

Suite à la situation de guerre dans votre pays, vous organisez de l’aide en faveur de personnes dans le besoin, à travers le projet Corrane. Pourriez-vous nous parler de ce programme ?

Dès que nous avions appris qu’il y avait des blessés de guerre sur notre territoire, en provenance de Cabo Delgado, nous avons, tout de suite, commencé à mener des démarches pour connaitre leur situation et leurs besoins. Nous nous sommes rendu compte qu’ils étaient déjà très nombreux. A ce stade, on parle de plus de 63 000 déplacés de guerre qui sont sur le territoire de Nampula. Le gouvernement a commencé à organiser des centres d’accueil. Parmi ces déplacés, plusieurs sont logés dans des centres d’accueil, dans la famille ou dans des maisons loués pour ceux qui disposent d’un peu de moyens. Mais, il y a aussi ceux qui n’ont absolument rien. Pour ce faire, le gouvernement a commencé à organiser des lieux d’accueil. C’est ainsi que nous avons ce grand centre à Corrane, à une cinquantaine de kilomètres de Nampula, où nous avons commencé un projet d’accompagnement et de soutien en faveur de nos frères et sœurs. Ce projet comprend la construction de maisons, l’aide aux médicaments, parce que, malheureusement, nous enregistrons beaucoup de maladies comme la malaria, le choléra et, dans une moindre mesure, le coronavirus. Heureusement, le coronavirus ne s’est pas fortement propagé chez nous. Nous travaillons donc sur ce projet et nous avons bénéficié d’une première aide, en provenance d’une ONG de la Hongrie. C’est grâce à cette aide que nous avons débuté le projet avec la distribution de nourriture et nous allons bientôt commencer la construction des maisons et l’achat des médicaments pour le petit centre de santé que le gouvernement a créé sur place, mais où il n’y a rien.

Ce projet que porte le diocèse, avec l’aide la Hongrie, est-il suffisant ou avez-vous encore besoin d’aide ?

Bien sûr, nous avons encore besoin d’aide. D’ailleurs, nous avons présenté le même projet à un diocèse allemand et nous allons encore adresser d’autres demandes car, même avec cette possible aide que nous pensons recevoir de l’Allemagne, les besoins sont encore immenses. C’est pourquoi, je lance un appel à tous ceux qui peuvent venir à notre aide, car nous avons toujours beaucoup de besoins. Souvent, on ne parle que de Corrane, parce que c’est un centre, plus ou moins bien organisé, avec entre 3000 et 4000 déplacés. Mais, il y a beaucoup plus de déplacés à Nampula, et nous devons aussi chercher comment les aider. Nous avons aussi des défis bien identifiés, notamment au niveau de la scolarité des enfants de l’école primaire et secondaire. Plusieurs n’ont pas réussi à obtenir une place dans les écoles publiques et sont à la maison, sans pouvoir étudier.

Cette guerre a donc un sérieux impact sur le travail pastoral dans l’ensemble des diocèses du Mozambique ?

Elle a vraiment un grand impact sur notre pastorale. Nous avons des défis d’ordre matériel et aussi des défis d’ordre spirituel. C’est pourquoi, nous nous organisons également pour un accompagnement pastoral car, parmi les déplacés, figurent des chrétiens catholiques. Et nous devons également aider les fidèles d’autres religions à vivre leur foi sur notre territoire. L’impact de cette guerre est très négatif sur notre diocèse qui est le plus peuplé et qui se retrouve encore avec un plus grand nombre de personnes, ce qui n’est pas facile à gérer.

Un mot de la fin ?

Merci pour votre attention et je lance encore un appel pour beaucoup plus d’attention à notre égard. Nos frères et sœurs déplacés de guerre, venus du diocèse de Pemba, dans la province de Cabo Delgado, sont très nombreux et sont confrontés à beaucoup de difficultés ainsi qu’à beaucoup de besoins d’aide urgente. Beaucoup de personnes de bonne volonté les aident déjà sur place. Malheureusement, la situation économique de notre diocèse et de notre province de Nampula est très précaire. Il y a beaucoup de famine. Certaines familles locales, qui ne font même pas partie des déplacés, vivent en dessous d’un dollar par jour. La situation est donc très difficile.

Twitter : @JPBodjoko E-mail : jeanpierre.bodjoko@spc.va

Mgr Inácio Saúre au micro de JP Bodjoko, SJ

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01 juin 2021, 23:07