Nigeria : la sécurité et la démocratie requièrent l'engagement de tous
Service français-Afrique – Cité du Vatican
Depuis 2009, le Nigeria vit dans la peur causée par les attaques des extrémistes islamiques Boko Haram et par les violences pour le contrôle de l'eau et des ressources agricoles. Dans le centre du pays, des bandes d'éleveurs nomades Fulani, pour la plupart musulmans, attaquent souvent les personnes et les biens, et se heurtent aux agriculteurs résidents, pour la plupart chrétiens. C'est dans un tel climat que lors d'un séminaire organisé à Makurdi, le 29 juillet 2021, l’ordinaire du lieu, Mgr Wilfred Chikpa Anagbe, a exhorté tous les fidèles chrétiens à s'engager pour relever ce défi. Il a fait remarquer que face à l'insécurité, « le silence n'est pas d'or ». Le prélat a également exhorté les fidèles chrétiens à « parler ouvertement des injustices afin qu'elles soient corrigées», ajoutant qu’il ne s'agit pas de critiquer un parti, mais de promouvoir la bonne gouvernance nationale.
La mission de l’Eglise ne rime pas avec haine
Tout en rappelant que « l'Église est toujours en faveur de la justice et de la vérité », Mgr Anagbe a souligné que se plaindre de l'état d'insécurité du pays ne signifie pas « haïr le chef de l'État, Muhammadu Buhari, mais lui rappeler ses promesses électorales et son serment de protéger les Nigérians ». C’est dans ce cadre qu’il convient de comprendre l'engagement de l’Eglise à dénoncer toutes formes d'injustice en appelant l'État à « intensifier les efforts pour mettre fin à l'insécurité persistante et insupportable dans le pays », car elle « menace les activités sociales, religieuses et économiques de la population ».
Même son de cloche à Sokoto
Le même constat a été fait, mutatis mutandis, par Mgr Matthew Hassan Kukah, évêque de Sokoto, qui s’exprimait lors d'une réunion organisée, le 28 juillet 2021, autour du thème « Espace civique : une voie vers la cohésion sociale et l'intégration au Nigeria ». Aux dires de Mgr Kukah, « le Nigeria s'engage sur des chemins dangereux ». Et de renchérir : « les jeunes se sont totalement désœuvrés face à l'avenir incertain qu’offre la nation ». L’évêque de Sokoto a également signalé que la plupart des jeunes générations ont quitté le pays et n'ont pas l'intention d'y revenir, car elles ne se sentent nullement protégées. Le prélat a exhorté les autorités à garantir un plus grand « espace civique » afin que chacun puisse s'exprimer et réaliser son potentiel. Pour lui, il est temps de se projeter en 2023, année où le Nigeria organisera des élections générales : « c'est l'occasion de nous remettre en question et de réfléchir aux erreurs du passé. Nous ne devons pas nous décourager ». La démocratie, a-t-il ajouté, « est un travail continu dans lequel chacun doit s'engager. C'est un long voyage pour lequel nous devons porter de bonnes chaussures, adaptées à la longue distance ».
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