Ethiopie : cardinal Berhanayesus Demerew Souraphiel lors de l'Enkutatash
Donatien Nyembo SJ – Cité du Vatican
Dans un message publié à l'occasion de l'Enkutatash, le nouvel an éthiopien célébré le 11 septembre, l'archevêque d'Addis-Abeba a exhorté les fidèles à promouvoir le dialogue et la réconciliation" et à être un "instrument de paix qui, a-t-il dit, « est un fruit à aimer, car Dieu déteste l'inimitié ». « Nous sommes tous appelés à participer à ces processus qui transforment les ténèbres en lumière, à respecter le don de la vie et à valoriser la fraternité », poursuit le message.
Rappelant qu'au cours de son histoire, l'Éthiopie a connu plusieurs guerres, le cardinal Souraphiel souligne que les évêques « ressentent la douleur et les blessures du peuple et de ses familles » et ont toujours insisté sur l'importance du dialogue pour la réconciliation : « L'Église continue de prier pour que toute la nation soit un instrument de paix », poursuit le message, exprimant sa gratitude à ceux qui s'engagent dans ce sens, mais aussi des prières pour les instigateurs de la haine « afin que Dieu leur donne un cœur nouveau capable d'aimer ».
Le cardinal Souraphiel a également invité les fidèles à continuer à prier et à soutenir les personnes déplacées par la guerre au Tigré en leur apportant une aide en nature ou en argent.
Délégation de l'Amecea
Le conflit en cours dans la région était au centre d'une nouvelle visite d'une délégation de l'Amecea, l'Association des conférences épiscopales d'Afrique de l'Est, à la Conférence épiscopale éthiopienne ces derniers jours. Ce fut l'occasion de réaffirmer la proximité et la solidarité des évêques de la Corne de l'Afrique avec le peuple et l'Église éthiopiens, comme l'a expliqué le Père Paul Mung'athia Igweta, coordinateur du Département pour la promotion du développement humain intégral d'Amecea, qui faisait partie de la délégation.
Un Conflit qui dure
Le conflit au Tigré a commencé le 4 novembre 2020, après qu'Addis-Abeba ait accusé le Fond Populaire de libération du Tigré, FPTL en sigle, d'avoir perpétré une attaque contre une base militaire fédérale, et s'est poursuivi en phases alternées.
Fin juin, le gouvernement éthiopien a déclaré un cessez-le-feu unilatéral, retirant ses forces armées de la région, en partie pour faciliter l'acheminement de l'aide alimentaire et permettre à la population de reprendre ses activités agricoles. Cependant, le FPTL n'a pas accepté le cessez-le-feu et a fait avancer ses groupes armés jusqu'aux frontières de la région Amhara.
Le 18 juillet, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed avait appelé les autres régions du pays à intervenir contre le FPTL qui reprenait la capitale Mekelle en concluant des accords avec d'autres groupes armés, intensifiant ainsi son offensive.
Selon l'ONU, au moins deux millions de personnes ont été déplacées par les combats. La guerre est marquée par des meurtres aveugles et des violences de toutes sortes contre les civils, y compris des violences sexuelles généralisées.
Appel au cessez-le-feu
Ces derniers mois, de nombreuses organisations d'Église ont appelé à la paix dans la région. Outre l'Éthiopie, les évêques érythréens ont appelé à un cessez-le-feu, autant que l'Amecea, le Secam (Symposium des conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar) et le Conseil œcuménique des Églises (COE).
Les appels du Pape
Le pape François a également appelé à plusieurs reprises à une résolution pacifique du conflit. La dernière en date a eu lieu lors de l'audience générale du 8 septembre, lorsque, en vue du Nouvel An éthiopien, il a adressé un salut affectueux en particulier « à ceux qui souffrent à cause du conflit en cours et de la grave situation humanitaire qu'il a provoquée », exprimant le souhait que la nouvelle année soit « un temps de fraternité et de solidarité pour écouter le désir commun de paix ».
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