RD Congo: Tina Salama, modèle de détermination
Donatien Nyembo SJ – Cité du Vatican
Autour de 1996, plusieurs évènements s’enchainent, notamment le génocide au Rwanda, la chute de Mobutu ainsi que l’avancée de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) menée par Laurent Désiré Kabila. C’est cette période de l’histoire qui plongera la partie Est du Congo dans une guerre qui peine encore à finir. S’il n’est pas toujours aisé de rendre compte des tenants et des aboutissants de cette guerre, on est toutefois obligé de constater que ses dégâts sont énormes : les morts se font compter par millions et de nombreux enfants sont obligés d’abandonner l’école, voyant leurs rêves brisés. Mais ce contexte de désespoir est aussi le contexte de résilience et détermination dont l’histoire de Tina Salama est un témoignage éloquent.
Invitée à raconter son histoire dans les studios de Radio Vatican, la porte-parole adjointe du président Tshisekedi s’est rappelé de ses débuts difficiles : « Ça n'a pas été facile. C'est un passé qui me hante. Le chemin a été semé d'embûches au point qu’à un moment, l’on s’interroge pour savoir s’il est possible de s’en sortir ».
La passion pour la communication
La guerre n’a pas eu raison de la passion que Tina nourrissait pour la communication. Après avoir interrompu ses études universitaires, elle va faire du bénévolat, puis un stage dans une radio catholique, Radio Maria de Bukavu. Elle intègre ensuite la radio onusienne Okapi. En 2012, elle se retrouve à Kinshasa pour une licence en journalisme politique extérieure à l’Institut Facultaire des Sciences de l’Information et de la Communication. En 2017, elle est en France où elle obtiendra deux ans plus tard un master en Management des médias à l’Ecole supérieure de journalisme de Lille. A son retour, elle devient directrice adjointe de programmes de radio Okapi – ce qui fait d’elle l’unique femme de l’équipe managériale –, avant d’être nommée porte-parole adjointe du chef de l’Etat congolais.
Ma vie pendant la guerre
En janvier 2021, Tina Salama publie une œuvre littéraire autobiographique, Ma vie pendant la guerre… et après, aux éditions du Pangolin. « Ma vie pendant la guerre, c'est mon expérience de jeune fille de quinze ans », nous a-t-elle confié. Son désir de raconter son expérience est né, a-t-elle laissé entendre, d’une part, de la volonté de ne pas laisser à d’autres le monopole de raconter à leur place ce que les gens ont vécu à l’Est. Et d’autre part, c’est pour remédier à l’ignorance ou à la désinformation parmi ses concitoyens. « Quand j'étais dans la zone ouest, Kinshasa, par exemple, j'avais l'impression que même les Congolais ne comprenaient pas très bien ce qui s'était passé. Mes frères congolais, de ce côté-là, ne comprenaient pas très bien ce qui s'était passé à l'Est », reconnait-elle.
Témoin de son époque
Tina Salama se veut témoin de son époque en prêtant sa voix au combat des jeunes et des femmes dans son pays. Elle voudrait, par sa vie, dire aux jeunes qu’il est possible de réaliser ses rêves à condition d’y croire, de se laisser former et de se battre.
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