Cap Vert : La situation des migrants bientôt régularisée grâce à l’implication de l’Église
Stanislas Kambashi,SJ – Cité du Vatican
Le projet de régularisation de la situation des migrants est une réponse positive à multiples plaintes des migrants et des défenseurs de leurs droits, surtout face à la politique migratoire du gouvernement capverdien, qui n’octroi que difficilement de titre de séjour aux étrangers et particulièrement à ceux qui proviennent des pays africains. L’aumônerie catholique francophone de Praia, dans l’île de Santiago, était également à l’origine et s’est particulièrement impliquée pour la mise en place de ce projet. Dans une interview accordée à Radio Vatican, le Père Xyste Mbredjeze, prêtre originaire de Bangui en République Centrafricaine, fidei donum et aumônier fondateur de l’aumônerie catholique francophone de Santiago, nous a expliqué la genèse de l’initiative et la sensibilisation de l’Église catholique.
Réduction du nombre de documents exigés
Pour prétendre à un titre de séjour, 15 documents étaient exigés aux étrangers. Avec le nouveau projet, seuls 4 documents devront être présentés. « C’est une marque d’attention à l’endroit des migrants », reconnait le père Mbredjeze, qui remercie le gouvernement capverdien pour cette « réponse positive ».
Une procédure « volontairement » longue
La procédure a été lente jusqu’ici : bien qu’ayant leurs dossiers au complet, beaucoup de migrants devaient souvent attendre longtemps, en espérant une régularisation qui n’arrivait pas avant l’expiration de certains documents. Pour les renouveler, il fallait retourner dans son pays d’origine, en supportant soi-même tous les frais de transport possible, avec le risque de se voir attribuer une amande au retour, à l’aéroport ou à d’autres frontières. « Dépenser une grande somme d’argent dans le voyage pour aller renouveler un papier qui ne vous coûte que 1.000 ou 2.000 Francs CFA » est onéreux pour beaucoup de personnes. Le projet tombe donc à point pour les migrants.
L’implication et la participation de l’aumônerie catholique
Vue les plaintes répétées des migrants, l’aumônerie catholique s’est impliquée dans la recherche d’une solution durable. Le résultat est cette ouverture extraordinaire à la régularisation de la situation.
Le cheval de batail a été le thème du message du Pape François pour la 107ème Journée mondiale du Migrant et du Refugié 2021, célébrée le 26 septembre dernier. « Avec ce thème "Vers un "nous" toujours plus grand", le Saint Père nous a invités à sortir de notre isolement, à briser nos barrières pour aller à la rencontre de l’autre, pour grandir en humanité, car l’union fait la force », a déclaré le Père Mbredjeze.
Pour cette Journée, l’accent a été mis sur la visibilité de cette célébration à l’intention du migrant. L’aumônerie catholique du diocèse de Santiago a invité différentes autorités politiques, ecclésiastiques et du corps diplomatique ; ainsi que les médias pour couvrir l’événement. Pour la réussite de la Journée et comme le prévoyait le plan pastoral, un travail a été fait en amont : la communauté catholique anglophone, la plate-forme des différentes associations étrangères ainsi que les musulmans avaient aussi été invités à s’impliquer dans la préparation.
Une journée bien réussie
Comme elle avait été bien préparée, la Journée mondiale du Migrant et du Refugié organisée par l’aumônerie catholique de Santiago était une grande réussite. Tout a commencé par une messe célébrée à la cathédrale par le Cardinal Arlindo Furtado Gomes, évêque de Santiago ; suivie d’une marche avec des banderoles, animée par la fanfare de la municipalité de Praia et sécurisée par les forces de l’ordre. Une conférence sur le thème de la migration avait ensuite été animée par différents intervenants, en présence des autorités. Une animation culturelle et un moment de convivialité avaient clôturé la Journée. Pour le Père Mbredjeze, « c’est à partir de ce jour-là que les autorités ont promis de donner une suite favorable aux réclamations de l’aumônerie catholique en faveur des migrants. Un pont a été établi entre l’aumônerie et le gouvernement, et particulièrement la Haute autorité pour les migrations ».
La situation des migrants, la même partout
Pour l’aumônier de la communauté francophone de Santiago de Cap Vert, la situation générale des migrants reste la même qu’à d’autres endroits : « le problème des papiers, la vie difficile, il faut se battre pour joindre les deux bouts du mois ». Mais, ceux qui ont pu s’installer et qui exercent déjà des activités arrivent à s’en sortir. L’aumônerie a mis en place une politique qui consiste à plaider auprès des quelques personnalités de la place, afin de trouver du travail pour ses membres.
« La vie à l’étranger n’est pas facile »
Face à aux situations difficiles que vivent les migrants, le Père Mbredjeze conseille à ceux qui veulent tenter cette aventure de bien réfléchir, car la « la vie à l’étranger n’est pas facile ». Il convient de rester dans son propre pays et trouver un moyen pour s’en sortir autrement, exhorte-t-il.
Il encourage le gouvernement capverdien à poursuive cette « politique positive » de l’amélioration de la situation des migrants, qui contribuent aussi au développement du pays avec les métiers qu’ils exercent. La politique migratoire en cours fait beaucoup de victimes. Le père Mbredjeze lui-même, bien qu’ayant une reconnaissance officielle, est toujours sans titre de séjour.
Il invite en outre ceux qui sont engagés dans la pastorale migratoire à être « la voix des sans voix » et à s’investir davantage à l’amélioration des conditions des migrants.
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