Côte d’Ivoire : Rentrée solennelle de l’Académie Catholique
Stanislas Kambashi,SJ (avec Marcel Ariston Blé) – Cité du Vatican
Récemment présentée au peuple de Dieu par les évêques, l’Académie Catholique de Côte d’Ivoire (ACACI), a procédé, le mercredi 12 janvier 2022, à sa rentrée solennelle académique au Centre CERAO de Pastorale et de Mission, à Abidjan Cocody. Au nom de ses pairs évêques, Mgr Boniface Ziri, évêque d’Abengourou et président de la Commission épiscopale pour l’apostolat des laïcs, la famille et les pèlerinages, a invité les académiciens «à cerner les problèmes qu’ils analyseront avec le regard le plus large possible, se laissant éclairer par la doctrine sociale de l’Eglise pour éviter d’être une institution à polémique dans une société qui a plutôt besoin de sérénité, de savoir objectif et de dialogue constructif ».
Répondre aux questions sociales et existentielles
Dans son discours aux membres de l’ACACI et aux différentes personnalités présentes à cette cérémonie, Mgr Ziri a repris les propos du président de la Conférence des Évêques Catholiques de Côte d’Ivoire, Mgr Ignace BESSI Dogbo qui, dans sa lettre aux catholiques de Côte d’Ivoire datée du 3 décembre 2021, annonçait officiellement la création d’une Académie Catholique en Côte d’Ivoire.
« Dans une société ivoirienne complexe dans sa composition ethnique et religieuse, en pleine mutation traversée à la fois par des progrès et des crises au plan politique, économique, social, culturel et moral, l’Eglise catholique en Côte d’Ivoire veut s’engager dans une pastorale de l’intelligence susceptible de proposer dans le débat public une réponse catholique aux questions sociales et existentielles des populations. Il s’agit de promouvoir la responsabilité sociale des intellectuels catholiques qui sont aussi l’Eglise dans un contexte où les populations ont soif de justice, de vérité, de pardon et de réconciliation afin qu’ils soient par leurs analyses, leurs discours et leurs actions des semeurs d’espérance», a déclaré Mgr Ziri.
L’évêque d’Abengourou a tenu à leur rappeler combien la mission de cette académie s’avère importante pour l’Église, mais également pour la société ivoirienne. « … Vous les membres de l’Académie Catholique de Côte d’Ivoire, grâce à vos compétences scientifiques et à votre engagement à la suite du Christ, une nouvelle Côte d’Ivoire, plus unie, plus réconciliée et plus fraternelle doit naitre. La mission qui est ainsi confiée à une catégorie de chrétiens par rapport à leurs charismes et leurs compétences est voulue non seulement par l’Eglise de notre pays mais aussi surtout par l’Eglise universelle comme une mission d’Eglise qui appelle et envoie au nom du Christ », leur a-t-il fait savoir.
Chrétiens et savants
Dans la conduite de leurs différentes missions d’aider ou de conseiller les évêques ivoiriens, dans leur rôle d’objecteurs de conscience, d’éclaireurs de la société, les académiciens catholiques doivent avoir à l’esprit deux critères indissociables qui fondent leur présence dans cette prestigieuse institution de l’Église. « Être à la fois savant et chrétien catholique… la qualité de savant doit prendre une dimension nouvelle parce qu’elle repose sur la dimension de la foi montrant ainsi qu’il n’y a aucune vraie opposition entre science et foi … », a précisé Mgr Ziri.
Il leur a indiqué qu’une « Académie catholique n’est pas aux services des sensibilités politiques pour s’opposer ou pour soutenir des positions idéologiques, mais elle est dans le sens le plus authentique que cela suppose, un instrument de la présence de Dieu d’Eglise au monde comme souhaité par le Concile Vatican II ».
Leur rôle sera selon lui de s’évertuer « à cerner donc les problèmes qu’ils analyseront avec le regard le plus large possible se laissant éclairer par la doctrine sociale de l’Eglise pour éviter d’être une institution à polémique dans une société qui a plutôt besoin de sérénité, de savoir objectif et de dialogue constructif », a confié le Président de la Commission Episcopale ivoirienne pour l’apostolat des laïcs, la famille et les pèlerinages.
L’envoi en mission
En envoyant les académiciens catholiques de Côte d’Ivoire en mission au terme de cette cérémonie de rentrée solennelle de leur institution, Mgr Boniface Ziri, les a invités à accomplir leur mission comme un vrai témoignage au service de leur frères et sœurs. Dans un contexte de « surmédiatisation » et du développement des technologies, il est temps que la voix de ceux qui portent la paix et la réconciliation vraie au nom de l’Église soit entendue, a-t-il ajouté.
Cette cérémonie de rentrée solennelle de l’Académie Catholique de Côte d’Ivoire avait un double objectif, selon son Secrétaire Administratif, le père Francis Barbey, celui : « de rendre hommage aux évêques catholiques de Côte d’Ivoire pour leur mobilisation en faveur de la paix, de la justice et du progrès partagé dans notre pays… mais aussi pour les académiciens catholiques de Côte d’Ivoire d’accueillir publiquement la mission de l’Eglise que les évêques leur confient et de s’engager à l’accomplir avec la grâce de Dieu ».
Éteindre et désamorcer les foyers des conflits
La leçon inaugurale, prononcée par Réné Dégni Ségui, professeur agrégé de droit public et de sciences politiques, a eu pour thème : « Les causes des conflits en Afrique noire ». Le professeur Dégni Ségui, a fait un rappel historique des conflits sur le continent africain. Décrivant les causes et les conséquences, le président de l’ACACI, a notamment invité les académiciens à apporter leur pierre dans la restauration dans la paix par l’Esprit Saint. Éteindre les brasiers déjà existants et les désamorcer avant qu’elles n’explosent ou ré-explosent est une tâche qui doit en outre impliquer les politiques, a-t-il ajouté.
L’Académie Catholique de Côte d’Ivoire a été créée le 13 novembre 2019. C’est une association d’intellectuels catholiques, rattachée à la Conférence des Evêques Catholiques de Côte d’Ivoire (CECCI). Elle n’est affiliée à aucune organisation politique ni syndicale. L’ACACI a pour mission de permettre à l’Eglise de Côte d’Ivoire de participer à tous les débats qui engagent l’humanité commune, la vie en communauté et de jouer un rôle d’éclaireur sur les grandes questions de la société pour que la dignité humaine soit sauvegardée. Elle est composée de quatre commissions : Sciences Exactes et de la Santé, Sciences Sociales et Humaines, Arts et Cultures, Religions et Sciences Ecclésiastiques. Elle compte actuellement 38 membres, nombre qui sera porté à terme à 45, conformément à ses statuts.
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