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Journée du malade : considérer celui qui souffre dans toute sa dignité

La 30è journée mondiale du malade s’est célébrée ce 11 février. Au Burkina Faso, elle a été encadrée par une Semaine du malade. Dans une interview qu’il nous a accordée, le père Paul Ouédraogo nous en a parlé, avant d’entrer dans le message du Pape pour cette Journée.

Stanislas Kambashi,SJ – Cité du Vatican

« Soyez miséricordieux, comme votre père est miséricordieux » (Lc 6, 36). Se tenir à côté de celui qui souffre sur le chemin de la charité. C’est le thème du message du Pape François qui a marqué la célébration de cette 30è journée mondiale du malade. Pour le Père Paul Ouédraogo, ce message invite à regarder le malade avant tout dans sa dignité de personne, avec amour fraternel.

Mettre le malade au centre et lui garantir les soins

Le père Paul Ouédraogo est camilien, de nationalité burkinabé. Médecin de formation, il est aumônier de l’association des médecins catholiques du Burkina Faso. Pour lui, dans le contexte particulier du Burkina Faso, lié à l’insécurité et aux effets de la Covid-19 et à d’autres difficultés, le message du Pape stimule à considérer toute personne qui souffre, sans aucune discrimination d’ethnie ou de religion, en gardant deux principes importants : le respect mutuel et la solidarité. Ce deuxième principe peut être compris dans le sens italien de « prendersi cura » - « prendre soin », empathie : d’écouter les dits et les non-dits de chaque patient, pour prendre toutes les responsabilités envers le malade. Le prêtre-médecin prend pour exemple la parabole du bon samaritain (Lc 10,25-37) : « l’initiative de nettoyer les plaies, lui verser de l’huile, l’emmener à l’auberge, lui garantir les soins. C’est mettre le malade au centre, en nous engageant et en faisant ce qui dépend de nous ».

Humaniser les soins de santé

Au Burkina Faso, les religieux camiliens ont mis en place un centre d’humanisation des soins, le Camilianum, ouvert aux professionnels, volontaires et à tous ceux qui travaillent avec les malades et qui veulent acquérir des compétences dans l’approche de l’écoute des malades et de leurs besoins. Sur ce modèle, et sur demande du gouvernement burkinabè, des modules de formation en humanisation des soins ont été introduits dans les curricula de formation des agents de la santé dans les universités et instituts des sciences de la santé.

Au niveau de la pastorale de la santé, l’aide (communion, médicaments, solidarité) est apportée, non pas seulement aux chrétiens catholiques, mais aussi à tous les malades vivant dans les communautés de base, chrétiens ou non. Pour cette pastorale, le père Ouédraogo préconise le développement des stratégies d’éveil et d’attention aux nécessités des souffrants en général.

Un service rendu à tous les souffrants en général

L’un des problèmes majeurs auquel fait face l’église au Burkina Faso est actuellement celui des déplacés internes à cause du terrorisme. Selon les services d’immigrations, il y aurait plus de 1.500.000 personnes qui sont dans cette situation. Parmi elles, il y aurait 60% d’enfants qui auraient abandonné leurs familles pour se trouver dans des camps de fortune et 20% des femmes également. Les paroisses ont ouvert leurs portes pour accueillir ces déplacés, qui vivent grâce aux dons et à l’assistance des structures de la santé.

L’hôpital Saint Camille où travaille le père Ouédraogo a également rendu un service pour faire face à la Covid-19, en se prêtant volontaire pour appuyer l’Etat dans la vaccination et la prévention.

L’organisation de la pastorale de la santé au Burkina Faso

La pastorale de la santé au Burkina Faso marche avec les directives des évêques, en particulier la commission épiscopale pour la pastorale de la santé. La pastorale est organisée en sous-commissions : celle pour la pastorale de la santé, qui fonctionne à travers les aumôneries et les paroisses ; il y a une association des structures sanitaires catholiques du Burkina Faso, présentes dans les 13 régions du pays et qui œuvre surtout dans les périphéries, dans les villages pour manifester la compassion de l’église ; il y a la commission d’éthique qui traite de toutes les questions éthiques liées à la santé ; il y aussi l’association nationale des médecins catholiques du Burkina et l’association des pharmaciens. La prochaine étape sera de répercuter cette structuration centrale dans chaque diocèse, a indiqué le père Ouédraogo.

La pastorale de la santé au Burkina Faso travaille aussi dans la défense de la vie, en attirant l’attention sur les conséquences des méthodes contraceptives et en promouvant les méthodes naturelles, la maternité et la paternité responsable.

Le père Ouédraogo préconise une collaboration entre les services de la pastorales de la santé des conférences épiscopales africaines, pour un enrichissement mutuel.

Mettre en place une « maison diocésaine de la santé »

Une idée actuellement portée par l’association des structures sanitaires catholiques est la mise en place, dans chaque diocèse, d’une « maison diocésaine de la santé », qui sera comme un carré fédérateur et un centre de coordination de l’action au profit des malades. Une telle structure ne peut bien fonctionner que grâce à la collaboration entre les agents de la santé et à l’esprit de service, préconise le père Ouédraogo.

Les structures de santé

La pastorale de la santé au Burkina Faso s’appuie sur des structures de la santé comme cadres d’action pour la pastorale, ce sont des centres médicaux, dont certains sont spécialisés dans certains soins ; des centres de promotion sociale. Il y aussi des institutions d’enseignement, dont l’Université Saint Thomas d’Aquin, qui a en son sein la faculté des sciences de la santé ; l’Université Saint Dominique d’Afrique de l’Ouest ouverte il y trois ans ; l’Institut pour la formation des infirmiers fondé par les camilliens ; sans oublier le Camillianum. A cela s’ajoute les structures de la commission épiscopale pour la pastorale de la santé. Pour le père Ouédraogo, toutes ces structures constituent des instruments dont se sert la pastorale de la santé, au service du malade et de la nation burkinabè.

Une « Semaine missionnaire du malade »

Dans l’archidiocèse de Ouagadougou, la Journée mondiale du malade a été encadrée par une « Semaine missionnaire du malade », du 6 au 13 février. Plusieurs activités ont été organisées au cours de cette « Semaine » : la prière quotidienne du chapelet dans les Communautés Chrétiennes de Base (CCB) de chaque paroisse, pour impliquer davantage les fidèles ; la messe dans l’une des structures sanitaires (hôpital, centre médical), avec la communauté paroissiale, les agents de santé et les aumôniers. Au cours de ces célébrations, il y a eu notamment les sacrements pour les malades et la remise des dons collectés auprès des fidèles et des volontaires. La conclusion de cette « Semaine missionnaire du malade » est prévue le 13 février, dans la paroisse de Kilongo et la mise en place des comités paroissiaux de la pastorale de la santé dans certaines paroisses. Chaque paroisse sera représentée avec cinq délégués à cette rencontre. « La paroisse Saint Paul de Kilongo pour nous est symbolique, car c’est le lieu où les missionnaires apprenaient les langues locales pour pouvoir célébrer et communiquer avec les populations locales dans leurs langues. C’est pour nous un retour à la source », a encore déclaré le père Ouédraogo.

Suivre l’interview du père Paul Ouédraogo

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11 février 2022, 23:52