RDC: Assassinat d’un prêtre dans le Nord-Kivu
Christian Kombe, SJ – Cité du Vatican
Le père Richard Masivi Kasereka a été retrouvé mort au bord de sa voiture dans la nuit du 2 février. Le prêtre, membre de l’Ordre des clercs réguliers mineurs, communément appelés «Pères Caracciolini», regagnait sa paroisse de Saint Michel Archange de Kaseghe, après la célébration de la Journée Mondiale de la vie consacrée à laquelle il venait de participer à Kanyabayonga. Il a été abattu par des hommes armés dans la localité de Vusesa, dans la province congolaise du Nord-Kivu.
Tristesse dans le diocèse de Butembo-Beni
Dans l’annonce officielle du décès, Monseigneur Melchisédech Sikuli Paluku, évêque du diocèse de Butembo-Beni où officiait le Père Masivi, a exprimé sa vive douleur pour la mort inopinée du prêtre. Dans l’attente des résultats des enquêtes en cours, il a présenté ses condoléances à l’ensemble de l’Église-Famille de Dieu de Butembo-Beni, avec une attention particulière aux familles religieuse et biologique du défunt.
C’est avec la même profonde douleur que le supérieur de la délégation africaine de l’Ordre des clercs réguliers mineurs, le père Jean-Claude Musubao, s’est exprimé dans son communiqué annonçant la mort tragique du père Richard Masivi. Arraché à la vie trois jours avant sa trente-cinquième année, le religieux n’était à la tête de sa paroisse de Kaseghe que depuis le 31 octobre 2021.
La messe des funérailles du père Masivi sera célébrée le samedi 5 février au sanctuaire Saint François d’Assise-Butembo. Son enterrement est prévu le même jour au cimetière diocésain de Butembo-Beni à Musienene.
Abattu en la journée de la vie consacrée
Les consacrés et consacrées congolais, rassemblés au sein de la conférence des supérieurs majeurs de la RDC (Cosuma), présidée par le père jésuite Rigobert Kyungu et la soeur paulinienne Rita Yamba, ont dénoncé avec force cet assassinat qu’ils qualifient d’ignominieux. Ils n’ont pas manqué de mettre les autorités congolaises devant leurs responsabilités : «Nous demandons aux autorités civiles de faire la lumière sur cet assassinat et d’assurer la sécurité des paisibles citoyens exposés aux multiples attaques à travers la République, et en particulier les consacrés qui ont voué leur vie au service du peuple de Dieu».
Tout en demandant aux consacrés congolais de recommander l’âme du défunt ainsi que celles des nombreuses victimes innocentes à la miséricorde de Dieu, la Cosuma les invite à prier pour la conversion des bourreaux. «Puissions-nous prier pour la conversion des bourreaux afin qu’ils respectent la vie humaine qui est un don de Dieu et à laquelle nul n’a le droit de mettre fin».
Une crise sécuritaire qui persiste
La violence continue de sévir dans la partie Est de la République démocratique du Congo. En dépit de l’état de siège décrété depuis le 6 mai 2021 par les autorités congolaises pour mettre fin aux violences et aux guerres dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, des tueries ne cessent d’être perpétrées par les multiples groupes armés installés dans la région.
Si des opérations de grande envergure menés par l’armée ont permis de faire reculer certains groupes armés et d’arrêter des miliciens, elles ont du mal à prévenir et à freiner les violences contre les populations civiles. Dans la nuit du 1er au 2 février, une cinquantaine des déplacés internes ont été tués dans un camp de la province de l’Ituri. Aussi certaines voix de la société civile appellent-elles à une évaluation sans complaisance des mesures sécuritaires de l’état de siège, tandis que d’autres exigent la fin de ce dispositif prorogé déjà 14 fois par le parlement congolais.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici