Théologie du sacerdoce : l’initiation chrétienne comme foyer de la culture vocationnelle
Stanislas Kambashi,SJ – Cité du Vatican
Le Père Édouard Adé est prêtre de nationalité béninoise et président de l’Université Catholique d’Afrique de l’Ouest (UCAO), unité universitaire de Bobo Dioulasso, au Burkina Faso. Il a participé au Symposium sur la Théologie du sacerdoce, organisée au Vatican à la mi-février, en donnant une conférence sur le thème : « culture vocationnelle : initiation chrétienne et appel à des formes de vie spécifique ». Dans son intervention, il a notamment relevé que l’initiation chrétienne peut être considérée comme le foyer des vocations et a proposé une coopération missionnaire entre les églises pour remédier à la baisse des vocations.
L’initiation chrétienne comme foyer de la culture vocationnelle
Le foyer important de la culture vocationnelle, c’est l’initiation chrétienne ; dont le pilier est l’annonce kérygmatique, estime le père Adé. Comme illustration biblique, le prêtre béninois a indiqué le jour de la pentecôte, quand Pierre a annoncé « l’événement Jésus-Christ ». C’est cette annonce directe qui a touché le peuple. Aujourd’hui, dans nos communautés, quand nous annonçons le kérygme, les hommes et les femmes sont touchés par la grâce de Dieu. C’est cette expérience directe de la rencontre personnelle avec la grâce qui met dans une attitude missionnaire.
« Si nous voulons travailler à l’éveil vocationnel, nous devons partir de la catéchèse, du chemin catéchuménal ; en proposant à ceux qui viennent à l’église une initiation chrétienne profonde, qui permette de faire une expérience de la grâce de Dieu, afin qu’ils se mettent à la disposition du Seigneur », a-t-il déclaré.
Le rôle de la famille dans l’éclosion des vocations
Pour le père Adé, la famille a un rôle crucial dans l’éveil et l’accompagnement des vocations, car elle est la base d’où tout peut partir. Pour cela, il faudra redynamiser la pastorale de la famille estime-t-il. « Si nous voulons que la culture vocationnelle se développe en Afrique et dans le monde, il faut commencer par la base, par la famille, qui est le lieu de naissance des vocations à la vie sacerdotale et religieuse. Si la pastorale de la famille est vivante, il y aura aussi éclosion des vocations ».
Penser « une destination universelle des vocations »
Aujourd’hui, plusieurs églises locales et congrégations religieuses se plaignent de la crise des vocations et l’Église universelle est désormais consciente de ce défi. Pour le père Adé, nous pouvons parler de baisse et non pas de crise des vocations, disposons des moyens pour juguler cette « crise », car « lorsque nous prions pour les vocations, le Seigneur répond ». En Afrique par exemple, Dieu nous a fait grâce d’être dans un moment favorable pour les vocations au sacerdoce. Ce sur quoi il faut mettre l’accent, c’est plutôt la qualité de la formation. Pour le président de l’UCAO, unité universitaire de Bobo Dioulasso, le Seigneur ne donne pas ces vocations seulement pour l’Afrique, voilà pourquoi l’Église peut mieux organiser une coopération missionnaire entre les diocèses, dans une logique où l’évangélisation se ferait de l’Afrique vers l’Europe : les africains peuvent ainsi devenir des missionnaires en Europe.
Organiser une coopération missionnaire entre les églises pour remédier à la crise des vocations
Il existe déjà des cadres de coopération entre les églises, comme lorsque les prêtres fidei donum sont envoyés pour une mission pastorale dans d’autres diocèses. C’est cette coopération qu’il faudra approfondir, en s’inspirant de la manière dont se préparaient les missionnaires qui arrivaient en Afrique : ils bénéficiaient d’une initiation aux cultures africaines ou transitaient par des centres de formation où ils étaient éveillés à la différence culturelle. Partant de cet exemple, le père Adé propose de créer des centres de formation missionnaire où l’on puisse former les prêtres fidei donum aux différences culturelles et aux nouveaux défis d’évangélisation en Europe ou dans des contextes où ils sont envoyés, afin qu’ils soient bien préparés à présenter l’Évangile dans les nouveaux contextes socioculturels auxquels ils devront faire face. Pour bien penser cette mission de l’Afrique vers d’autres continents, Rome et les structures de l’Église en Afrique et dans les continents d’accueil devront travailler en collaboration, suggère en outre le père Adé.
« Pour une théologie fondamentale du sacerdoce »
Organisé par la Congrégation pour les évêques, le symposium sur le sacerdoce a eu lieu au Vatican du 17 au 19 février derniers, avec pour thème : « Pour une théologie fondamentale du sacerdoce ».
Le Cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques, avait indiqué que « l’objectif principal était de repenser le rapport entre le ministère ordonné et le ministère de tout baptisé ». Les réflexions et échanges sont partis des enseignements du Concile Vatican II, jusqu’à la situation actuelle. « L’objectif de fond, avait également souligné le Cardinal Ouellet, était d’offrir une réponse plus large et profonde aux problèmes actuels du sacerdoce », comme la question du célibat et de l’abus du pouvoir.
De nombreux participants provenant du monde entier ont pris à ce symposium qui était ouvert à tous.
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