Gabon : la marche synodale à Libreville
Donatien Nyembo SJ – Cité du Vatican
«Pour une Église synodale : communion, participation et mission» : c'est le thème de la XVIe assemblée générale ordinaire du synode des évêques convoquée par le Pape François. Dans l’entretien qu’il a accordé à Vatican News, l’abbé Jean Davy Ndangha Mbome nous rend compte de la marche synodale dans l’archidiocèse de Libreville au Gabon.
Comme souhaité, le premier niveau d'exercice de la synodalité a lieu dans les églises particulières. Le prêtre gabonais note ainsi le caractère spécial de ce synode qui exprime la substance profonde du mystère et de la mission de l'Église. Ce synode est conçu à proprement parlé comme une pyramide renversée de telle sorte que «ce n’est qu’après avoir présenté l'Église comme peuple de Dieu que l'on pourrait évoquer la hiérarchie. Autrement dit, la hiérarchie est au service de l'ensemble du peuple, de Dieu, une hiérarchie de service et non pas de domination».
Indifférence et scepticisme
Le coordonnateur du synode à Libreville note qu’au départ, le peuple de Dieu a manifesté de l’indifférence vis-à-vis de ce synode. Une indifférence justifiée, selon lui, «par le manque d'informations sur la réalité du synode».
Après plusieurs efforts de communication par la commission diocésaine du synode, l’indifférence a peu à peu laissé place au scepticisme. «Comprenant mieux les enjeux, les uns et les autres se sont dits que leur voix ne serait pas audible». «Et là encore, la Commission a poursuivi ses efforts de communication. La sensibilisation et la mobilisation a commencé à se faire plus grande. Les fidèles commencent à mieux apprécier, à comprendre et à embrasser cette dynamique. Ainsi, l’engouement se fait de plus en plus grande autour de cette démarche synodale voulue par le pape», a expliqué le prêtre gabonais.
Changer le visage de l’Église
N’ayant pas cédé au découragement, les catholiques de Libreville espèrent beaucoup de ce synode. Globalement, à en croire l’abbé Ndangha, ils espèrent la rupture d'avec une certaine vision cléricaliste de l’Église «qui a fini par la réduire à une affaire du Pape, des évêques, et des prêtres». «Les gens ont envie, vraiment, que le visage de l'Église change, que l'on donne aux laïcs la place qui est la leur dans l'Église pour qu'ils s'y engagent véritablement en ayant conscience que l'Église, c’est l’affaire de tous», remarque le coordonnateur du synode à Libreville tout en précisant que les fidèles reconnaissent aussi leur propre responsabilité en ce qui est du cléricalisme dans l’Église.
Le désir d’être écouté
A ce jour, l’Église de Libreville fait la compilation des réponses au questionnaire soumis aux fidèles. Les tendances générales dénotent, dans le chef des chrétiens, un réel souci d’être écoutés et de se voir confier des responsabilités au sein de l’Église. Cependant pour assumer ces responsabilités, une certaine formation est requise. «Ils ont reconnu avoir été parfois réticents aux offres de formations qui leur avaient été proposées. Ils comprennent, désormais, la nécessité pour eux d'être formés», révèle l’abbé Ndangha.
Résistance d’une partie du clergé
Pour certains prêtres, la place trop grande accordée aux laïcs serait ressentie comme une forme de concurrence. C’est pourquoi, estime l’abbé Ndangha, la marche synodale implique un autre travail auprès des prêtres afin qu’ils saisissent qu’il n’y a aucune concurrence qui s’installe. «On n'a pas senti, chez les fidèles, une sorte de compétition par rapport au curé et je crois qu'ils comprennent mieux que le curé, c'est le curé, le prêtre est prêtre. Mais ils ont surtout bien compris que l'Église, ce n'est pas que le curé, ce n'est pas que le prêtre, c'est aussi moi. Car tous participent au sacerdoce royal».
Il convient de le rappeler, «la présence des laïcs n'enlève en rien les prérogatives du curé. Au contraire, la présence des laïcs aide le curé à vivre pleinement sa charge en étant spécifiquement orienté sur ce qui relève de la fonction de curé, sans jamais que cela ne soit perçu comme le lieu d'exercice d’une forme de tyrannie», a expliqué le pretre.
La synodalité, une façon d’être Église voulue par le Christ
Pour l’abbé Ndangha, l’idée de la synodalité est aussi vieille que l’Église. En réalité, c’est le style et la façon “d'être et de faire Église“ telle que voulue par le Christ. Voilà l'invitation que le pape François, dans son attitude de réception de Vatican II, nous adresse dans cette marche synodale. «Que chacun réponde favorablement à cette invitation, que chacun se sente réellement partie prenante, mais vraiment à part entière de la marche de l'Église.», a conclu l’abbé Jean Davy Ndangha.
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