Mgr Joachim Ouédraogo : « le terrorisme a mis à mal le vivre ensemble au Burkina Faso »
Françoise Niamien - Cité du Vatican
A Rome, Monseigneur Joachim Ouédraogo a rencontré plusieurs partenaires dans le domaine de la santé et de l’éducation. L’évêque de Koudougou, au Burkina Faso, estime que ces partenariats sont nécessaires dans la mesure où « les échanges entre les Églises particulières nous permettent également de mieux nous connaître, de nous enrichir mutuellement, et de vivre l’unité dans la diversité ». Trouver des partenaires est une nécessité vitale pour Monseigneur Ouédraogo, car son diocèse accueille des milliers de déplacés du fait des attaques terroristes au Burkina Faso. Pour l’évêque de Koudougou, le terrorisme, outre les milliers de morts qu’il cause, met également à mal le vivre-ensemble et le dialogue interreligieux dans le pays.
Reconstruire le vivre -ensemble harmonieux
Parlant du dialogue islamo-chrétien, Monseigneur Joachim Ouédraogo a souligné que le Burkina Faso était cité en exemple en Afrique jusqu’en 2015, année au cours de laquelle le pays a enregistré les premières attaques terroristes à Ouagadougou, la capitale.
Désormais « les populations vivent dans une sorte de méfiance mutuelle avec des réflexes de repli identitaire et de la stigmatisation », a-t-il regretté.
Aux yeux de Monseigneur Ouédraogo, il est nécessaire de reconstruire à tout prix ce vivre-ensemble harmonieux entre les burkinabés. « Nous y arriverons si nous restons ouverts au dialogue, au respect et à l’acceptation de l’autre dans sa différence », a-t-il recommandé.
Plusieurs activités allant dans ce sens sont organisées par les différents diocèses du pays. Dans le diocèse de Koudougou, à titre d’exemple, « depuis 5 ans nous avons initié "la nuit de l’Unité et de la Paix". Cette activité réunit chaque année des chorales catholiques, protestantes, musulmanes et des troupes animistes autour des thèmes de la paix, du dialogue du vivre ensemble, du respect des valeurs humaines et traditionnelles », a-t-il expliqué. L’édition 2022 de la nuit de l’Unité et de la Paix aura lieu au mois d’avril.
Il faut une vraie conversion des cœurs
Abordant l’actualité politique de son pays, qui reste marquée par le coup d’état militaire du 24 janvier 2022 qui a renversé le pouvoir du président Rock Marc Christian Kaboré, Monseigneur Ouédraogo estime qu’il ne suffit pas de changer des dirigeants par des coups d’état, mais il faut une vraie conversion des populations pour œuvrer ensemble au développement de l’Afrique. « On peut changer les dirigeants mais si nos cœurs ne se convertissent pas, nous ne pourrons pas sortir de l’auberge ».
En Afrique de l’ouest, des coups d’état sont devenus fréquents ces dernières années et l’on constate de plus en plus un engouement des populations qui acceptent ces coups de force. « Pourquoi les peuples semblent-ils accepter les coups de force ?» s’interroge Monseigneur Ouédraogo qui dit constater tout de même une aspiration des peuples africains à un changement qualitatif, surtout au niveau de la jeunesse. Une jeunesse que l’évêque de Koudougou exhorte à ne pas reproduire les erreurs de leurs devanciers.
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