À Rome, des experts africains se forment à la protection du patrimoine culturel
Françoise Niamien - Cité du Vatican
Comment protéger et promouvoir le patrimoine culturel africain ? La législation sur la protection du patrimoine culturel a fait l'objet d'un parcours de formation, organisé début juin par l’Union africaine, en partenariat avec le ministère des affaires étrangères italien. Des modules dispensés à Rome par la gendarmerie italienne, et axés sur des thèmes aussi variés que le droit international et la protection du patrimoine culturel, la technique d’enquête, le fonctionnement de l’Unité spécialisée d’Interpol, ou encore la visite de sites-clés. Près de 10 professionnels africains francophones du patrimoine culturel ont ainsi bénéficié de cette formation, originaires du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, du Niger, du Tchad, du Togo, de la Tunisie, des Iles Seychelles et du Sénégal.
L'évenement était «une initiative heureuse» pour Dr Sylvie Memel Kassi, directrice générale de la Culture au ministère ivoirien de la Culture et de la francophonie. «Non seulement cette formation nous a permis de savoir comment préserver les éléments de notre patrimoine culturel, mais elle nous apprend comment se doter de tous les outils nécessaires pour que les jeunesses africaines puissent se reconnaitre à travers leur patrimoine culturel», explique-t-elle, saluant l'initiative de l’Union africaine.
Cette formation, poursuit Dr Memel Kassi, «nous a fait prendre conscience de l’importance du patrimoine culturel qui constitue l’identité d’un peuple. Elle nous conforte dans l’idée que nous devons encore faire assez d’effort pour donner toutes les chances à notre patrimoine d’être demain pour nos jeunes un moyen de se reconnaitre en tant que communauté propre par rapport aux autres communautés».
Le module sur Interpol
Le module sur «l’unité spécialisée dans le patrimoine culturel d’Interpol» a particulièrement retenu l’attention de la participante ivoirienne, qui fut directrice du Musée de civilisation d’Abidjan lors de son pillage en 2011, pendant les affrontements de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire. «Sur les 121 pièces volées, nous n’avons pu renseigner la base des données d’Interpol, à travers son bureau central national, que sur 35 pièces», a-t-elle souligné. Elle dit avoir compris au fil de la formation l’importance d’avoir une carte d’identité pour chaque objet d’art considéré comme bien classé. Et considère aujourd'hui que la protection de ce patrimoine ne peut se faire sans la technologie.
Une formation salutaire pour le Sénégal
Seydou Nourou Kane est le chef de la division des sites et monuments historiques au Sénégal. À ses yeux, cette formation sur la protection de biens culturels est une aubaine pour les professionnels du patrimoine africain, en particulier pour lui dont «le pays travaille à la révision de sa législation par rapport à la protection de son patrimoine culturel».
«J’espère pouvoir faire bénéficier à mon pays les connaissances acquises au cours de cette formation», a souhaité M. Kane, expliquant que le Sénégal a ratifié la Convention de 2001 de l’Unesco sur la protection du patrimoine culturel subaquatique, non seulement pour protéger, mais également valoriser ce patrimoine. L’exemple italien qui leur a été enseigné au cours de cette formation pourrait aider son pays à développer ses acquis dans ce domaine, a-t-il reconnu.
Au Sénégal, la Direction du Patrimoine Culturel du Ministère de la Culture, en partenariat avec des structures locales impliquées dans la gestion du patrimoine culturel subaquatique, mène depuis plusieurs années des actions concrètes allant de la formation de ressources humaines qualifiées en archéologie subaquatique au travail d’inventaire. La ratification de la Convention constitue une étape clé dans la protection du patrimoine culturel subaquatique.
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