Les recommandations de l’ACERAC face à l’ampleur des mouvements migratoires
Françoise Niamien – Cité du Vatican
La 12e assemblée plénière ordinaire des évêques membres de l’Association des conférences épiscopales de la région d’Afrique centrale (ACERAC), s’est tenue du 17 au 24 juillet 2022, à Mongomo en Guinée équatoriale. Elle avait pour thème : «Les jeunes et les mouvements migratoires : le cas de l’Afrique centrale».
Situant l’intérêt de ce thème, les évêques de l’Afrique centrale, ont déploré l’ampleur des mouvements migratoires «qui sont de plus en plus dramatiques ces dernières décennies»
Un drame continental
L’Association des conférences épiscopales de la région d’Afrique centrale, l’Organisation des Nations unies (ONU) et l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) estiment que 14,1 % des migrations au niveau international sont d’origine africaine.
On compte 24 millions de réfugiés et de demandeurs d’asile, avec une projection de 34 millions de migrants africains dans le monde d’ici à l’an 2050, si rien n’est fait pour inverser la tendance.
Les prélats regrettent que les dangers encourus le long des itinéraires empruntés, comme la traversée du désert du Sahara, la maltraitance ou les risques de naufrage dans la Méditerranée, sont loin de constituer des facteurs de dissuasion pour les candidats, de plus en plus jeunes et de plus en plus nombreux. «Les jeunes éprouvent un désir ardent et irrésistible de partir ; ils veulent à tout prix gagner l’Occident, rêve comme un Eldorado. Ceux-ci pensent y trouver la possibilité de réaliser tous les projets d’une vie» font observer les évêques.
Au regard de l’ampleur des mouvements migratoires, l’ACERAC a dans son message de clôture estimé que «l’heure est désormais à l’engagement concret pour lutter efficacement contre les dérives relatives aux mouvements migratoires de la jeunesse africaine».
Pour les évêques d’Afrique centrale, cet engagement passe par «l’élaboration d’un guide pastoral et d’un plan d’action» qui «paraît plus qu’urgent» ; et ce, sur la base des quatre verbes énoncés par le Pape François dans son message pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié de l’année 2018, à savoir : «accueillir, protéger, promouvoir et intégrer».
Au-delà des initiatives pastorales déjà engagées dans plusieurs diocèses d’Afrique centrale qui «s’avèrent insuffisantes», les membres de l’ACERAC ont fait plusieurs recommandations et propositions.
Plusieurs recommandations et propositions
Les évêques exhortent notamment à plus d’engagement de leur institution sous-régionale face au drame des mouvements migratoires, et ce de façon déterminée et permanente.
Cela pourrait se faire notamment à travers la réhabilitation de la plate-forme sous-régionale de la pastorale des jeunes et la création de la commission ACERAC pour la pastorale des migrants et des réfugiés. Les évêques demandent également de redynamiser la pastorale de la famille, tout en tenant compte du fait que la famille reste la cellule de base de l’éducation des jeunes.
Aux États et gouvernants et la communauté internationale
Entre autres recommandations l’ACERAC interpelle les gouvernements d’Afrique centrale à résoudre, autant que possible, les conflits et les différentes crises qui jettent la jeunesse sur les routes de la migration sauvage, mais surtout à développer des systèmes éducatifs à même de répondre aux attentes des sociétés locales et de promouvoir l’auto-emploi.
La communauté internationale, dans la recherche d’un ordre international plus juste et plus équitable, est, en outre appelée à s’engager dans la lutte pour la reconnaissance et le respect des droits des migrants et des réfugiés. L’ACERAC l’invite à faire de l’obtention du visa un droit pour les personnes qui en remplissent les critères, afin de minimiser les risques de la tentation à l’immigration clandestine.
Aux familles et aux jeunes
L’épiscopat d’Afrique centrale sensibilise les familles à ne pas encourager leurs enfants à partir à «tout prix» à l’aventure. Il exhorte les jeunes à ne pas s’enfermer dans une mentalité de la recherche effrénée du bien personnel, mais plutôt à être conscient et faire attention aux nouvelles formes d’esclavage organisées par des réseaux mafieux qui vous rassurent au départ, mais vous conduisent vers un enfer insoupçonné.
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