«Tu ne tueras point! Sois le gardien de ton frère» : l’appel des évêques de la région des grands lacs africains
Jean-Baptiste Malenge et Christian Kombe, SJ – Cité du Vatican
Soixante-cinq évêques de la République démocratique du Congo, du Rwanda et du Burundi se sont réunis à Kinshasa pour la 14è assemblée plénière ordinaire de l’Association des conférences épiscopales d’Afrique Centrale (ACEAC). L’épiscopat des trois pays a lancé un appel à la paix et à l’unité des peuples, sur fond des tensions politiques, de crise sécuritaire et humanitaire dans la sous-région.
Etre des sentinelles de la paix
Les évêques ont la mission d’être des sentinelles de la paix, non par choix mais par mission reçue du Seigneur lui-même. C’est ce qu’a souligné Monseigneur Marcel Madila, archevêque de Kananga en RDC et président en exercice de l’ACEAC, lors de son homélie prononcée le jeudi 7 juillet à la messe d’ouverture.
Alors que la région des grands lacs africains est tourmentée par la récurrence de la guerre et des conflits, les pasteurs de l’Eglise-Famille de Dieu doivent rester persévérants dans leur mission, a-t-il ajouté dans son discours d’ouverture au Centre d’accueil Caritas où s’est tenue l’assemblée. Ils doivent rappeler au peuple de Dieu que «les fruits de la paix poussent sur les racines de la prière, de la charité, de la fraternité, du pardon, de la justice et de la vérité».Au cours de leurs travaux, les évêques de trois pays ont également eu droit à une journée de méditation animée par Monseigneur Guy Harpigny, évêque de Tournai en Belgique, sur l’encyclique du pape François, Fratelli tutti, sur la fraternité humaine et l’amitié sociale.
«Tu ne tueras point! Sois le gardien de ton frère»
A l’issue de leur assemblée plénière, les évêques de l’ACEAC ont adressé une exhortation aux populations, aux autorités politiques de la sous-région ainsi qu’aux groupes armés, a rapporté l’abbé Jean-Pierre Badidike, prêtre de l’archidiocèse de Kisangani et secrétaire général de la l’ACEAC.
Dans cette exhortation, intitulée «Tu ne tueras point! Sois le gardien de ton frère», l’épiscopat demande aux habitants de la sous-région des Grands Lacs «de se désolidariser, prendre distance de tout mouvement de séduction et de tout geste d’hommage à l’exclusion et à la loi de la violence». Quant aux responsables et membres des groupes armés, ainsi qu’aux tireurs des ficèles derrière ces mouvements, les évêques demandent «de trouver d’autres voies nobles de résolution des conflits que de recourir à la loi d’extermination, à la guerre et au massacre des innocents».L’épiscopat de la sous-région invite par ailleurs les décideurs politiques à «conjuguer les efforts et les énergies pour construire un vivre ensemble harmonieux et développer le discours de la paix, de la concorde, de l’unité».
Une messe pour la paix
Les évêques de l’Association des conférences épiscopales d’Afrique Centrale, qui avaient prévu de concélébrer à la messe du Saint-Père lors de son voyage apostolique en RDC reporté, projettent de célébrer une eucharistie pour la paix dans leurs diocèses respectifs, le 31 juillet prochain.
La situation sécuritaire ne cesse de se dégrader dans la sous-région, notamment dans l’Est de la République démocratique du Congo, sanctuaire de plusieurs mouvements armés, et où des combats opposent notamment l’armée régulière et le groupe armé du M23, qui occupe certaines localités, dont la cité de Bunagana, frontalière de l’Ouganda. Le gouvernement congolais accuse celui du Rwanda de complicité avec le mouvement rebelle, que Kinshasa considère désormais comme groupe terroriste; des accusations démenties par Kigali. Des pourparlers entre les chefs d'Etat de deux pays ont été entamés mercredi 6 juillet à Luanda , sous la médiation angolaise, en vue d'une désescalade.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici