Soudan du Sud: les Ursulines engagées dans la promotion de la femme
Giada Aquilino – Cité du Vatican
Selon la Banque mondiale, environ 80% des 11 millions d'habitants du Sud Soudan vivent depuis 2018 dans des conditions «d'extrême pauvreté». Le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires, OCHA, souligne que depuis son indépendance, en 2011, le pays a connu quatre années consécutives d'inondations, affectant 9 de ses 10 États où plus de 900 000 personnes ont été touchées dans un cadre général d'insécurité et d'instabilité.
Les conséquences du changement climatique, les tensions intercommunautaires persistantes et la flambée des prix des denrées alimentaires, liées à une dévaluation de 40% de la monnaie officielle et au conflit en Ukraine, ont également fait précipiter le Soudan du Sud. L’organisation humanitaire, Save the children, estime que 1,4 million d'enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition dans ce pays qui connait la pire des crises liée à la faim depuis sa création.
Dans ce contexte, les Sœurs Ursulines de l'Immaculée Vierge Marie de Gandino de Bergame, en Italie, ont ouvert le «Centre de promotion des femmes» de Juba, qui abrite une école de coupe et de couture. Les religieuses sont présentes dans cette région depuis 2014 et vivent dans une maison construite grâce au soutien de l'Aide à l'Église en détresse.
Leur première action en faveur des populations locales a été la construction de la clinique Three Angels Health Center, inaugurée en 2019 et construite avec l'aide d’une organisation italienne à but non lucratif, Africa Tremila. La structure est dédiée aux trois bénévoles de l'association: Carlo Spini, Gabriella Viciani et Matteo Ravasio, décédés dans un accident d'avion, lors d’un voyage qui aurait dû les conduire au centre créé pour aider les femmes se préparant à l'accouchement.
Un nouveau départ pour une soixantaine de femmes
Grâce au financement de la conférence épiscopale italienne et à l'aide du frère Amilcare Boccaccia, lasallien, les travaux du Centre pour la promotion de la femme ont été achevés et les cours annuels de coupe et de couture ont pu commencer. Ce centre compte 40 femmes inscrites tandis qu’une vingtaine d’autres fréquentent l'école de broderie. La formation comporte trois heures de cours par jour, du lundi au vendredi, avant les examens de fin de cycle, articulés en deux parties, l’une théorique et l’autre pratique. Les femmes apprennent à confectionner des chemises, des jupes, des uniformes et des pantalons.
La coordinatrice du centre, sœur Hagia Tesfamicael, est arrivée à Juba au printemps dernier, en compagnie d’une enseignante laïque. C'est elle qui, malgré les nombreuses difficultés, explique le fonctionnement de l'école, précisant que le but du cours -et la raison pour laquelle les femmes le suivent- est aussi d'avoir une chance supplémentaire pour leur avenir. Les femmes espèrent trouver un travail sûr, en «travaillant de leurs propres mains et gagnant leur pain quotidien», pour «aider leurs enfants à bien grandir, à pouvoir étudier et vivre dans la dignité humaine et spirituelle».
Sœur Tesfamicael rappelle que le fondateur de son institut religieux, Don Francesco Della Madonna, s'est concentré sur l'éducation de la femme en vue d’un changement social.
Sœur Hagia souligne également l'importance de cet aspect au Soudan du Sud, où, «à cause de la guerre, il n'y a pas de possibilité de travail, les femmes restent à la maison et n'ont rien pour nourrir leurs enfants». Elle évoque un contexte d'extrême pauvreté, qui ne permet même pas à celles qui suivent cette formation d'obtenir le nécessaire pour se procurer du tissu à coudre ou à broder, en vue d’améliorer leur situation sociale.
Une formation sanitaire de base
Ce n'est pas un hasard si une formation complémentaire sur l'hygiène personnelle et le respect de la création est proposée par les Ursulines de Juba. Avec des notions simples dans le domaine de la santé et, bientôt, de l'économie domestique, ces mères acquièrent des connaissances, des habitudes, des valeurs qui les aident à prévenir les maladies ou à les traiter de manière adéquate, surtout à une époque où, les inondations propagent les infections telles que le paludisme, le typhus et la dysenterie. Cette formation complémentaire est accueillie positivement par la population locale. Au moment de l'inscription, les demandes étaient amplement supérieures aux places disponibles, et nombreuses sont les femmes qui devront attendre la rentrée prochaine.
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