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Des manifestants à N'Djaména, la capitale du Tchad, le 20 octobre 2022. Des manifestants à N'Djaména, la capitale du Tchad, le 20 octobre 2022. 

Tchad: l’Église appelle au calme et à la réconciliation

«Nous sommes tous fils d’un même pays qui a besoin de tous ses enfants. Nous ne devons pas nous nourrir de haine les uns contre les autres, cela ne nous aide pas à fonder une nation». La voix du clergé tchadien, unie à celle des évêques, appelle la population dans son ensemble au calme, à la réconciliation et à la construction de la paix.

Jacques Ngol, SJ – Cité du Vatican

Il y a quelques semaines, le Tchad vivait dans l’espoir d’un changement à l’issue d’un dialogue dit national et inclusif, une opportunité de réconciliation pour ses fils et filles déchirés depuis des décennies.

Manifestations et violences

Jeudi 20 octobre, le Tchad a connu une violente répression sanglante des manifestants contre la prolongation de la transition et le maintien de Mahamat Idriss Deby. Ces violences sanglantes se sont déroulées dans la capitale, déjà attristée par le phénomène de l’inondation qui a mis plusieurs familles en désolation à Ndjamena et d’autres villes du pays. L’on dénombre sans précision plus de 50 morts, plus de 300 blessés et des nombreuses arrestations.

L’Église s’est prononcé sur cette situation douloureuse que vit le peuple tchadien dans son ensemble. Dans une interview accordée à Radio Vatican le 20 octobre, Mgr Samuel Mbairabé Tibingar, vicaire général de l’archidiocèse de Ndjaména a décrit la situation et regrette que près de deux ans après la mort brutale du président Idriss Deby Itno, le pays ne connaisse pas encore d’évolution positive. Tous les tchadiens aspiraient à la fin de la guerre et de tous les maux dont ils avaient tant souffert. «Le pouvoir en place avait fait la promesse d’un changement mais aujourd’hui rien n’y est fait», a-t-il constaté. L’on observe la volonté et le désir de certaines personnes de maintenir le même système pour leurs propres intérêts. «Tout cela a créé un sentiment de révolte». Pour l’abbé Mbaïrabé, ces manifestations «sont le signe d’une désolation totale, c’est le cri de désespoir d’une génération consciente qui réclame un changement».

Les évêques appellent au respect de la sacralité de la vie humaine

Dans un communiqué publié vendredi 21 octobre, la conférence épiscopale des évêques du Tchad (CET) a manifesté sa proximité et sa compassion aux parents des victimes. Elle a montré sa grande désolation face à ces nombreuses pertes en vies humaines et matérielles dont souffre le pays.

La CET se dit toujours préoccupée par la situation et les vives tensions qui montent. Elle a lancé un appel à l’endroit de «tous les acteurs politiques, les forces de défenses et de sécurité de privilégier, dans toutes les circonstances, le dialogue sincère et le respect de la dignité de l’homme et la sacralité de la vie humaine».

Le Tchad dans l’urgence de la réconciliation

Pour la réconciliation, la paix et la cohabitation dans le pays, les évêques du Tchad invitent «toutes les communauté et les institutions chrétiennes catholiques, les fidèles du Christ, les croyants, les hommes et femmes de bonne volonté de prier sans cesse pour la réconciliation de cœurs afin de favoriser la paix dans la pays».

Par ailleurs, l’Église exhorte «Les tchadiens à ne pas nourrir la haine les uns contre les autres, à s’accepter mutuellement, à se donner les mains, à se pardonner; à oublier la haine et s’accepter comme fils et filles d’une même nation».

Plusieurs manifestations se sont déroulées jeudi dans différentes villes du Tchad, notamment à N'Djaména la capitale et à Moundou (Sud), la deuxième ville du pays. Elles ont fait «une cinquantaine» de morts et «plus de 300» blessés, selon le Premier ministre Saleh Kebzabo, qui a décrété un couvre-feu de «18h à 6h du matin» à Ndjamena, Monudou et dans deux autres villes jusqu’à un prochain retour à la normale.

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22 octobre 2022, 12:24