A l’Est de la RDC, l’action caritative des salésiens pour les déplacés
Stanislas Kambashi,SJ – Cité du Vatican
L’action humanitaire actuelle s’inscrit dans le cadre d’une urgence, même si les salésiens pensent déjà à une réponse post-conflit. «C’est la population déplacée qui nous présente ses besoins en urgence, que nous exprimons en action», explique le père Aurélien Mukangwa. Les salésiens ont disponibilisé leur concession pour accueillir les déplacés du conflit qui oppose l'armée régulière aux rebelles du M23. Ils y ont trouvé refuge en érigeant des abris de fortune.
Présents sur le site jour et nuit, les salésiens de Don Bosco offrent leur temps pour écouter, encourager et aider les victimes. Les religieux ont offert en premier de l’eau potable et de l’éclairage «aux déplacés du camp Don Bosco Ngangi» . Ce camp de déplacés compte à ce jour 26.000 personnes, dont 3.500 ménages. 100 enfants de 0 à 5 ans y sont nourris grâce à la solidarité salésienne.
Réponse de la solidarité salésienne à travers le monde
«Pour le moment, les déplacés n’ont pas assez d’assistance; il y en qui développent déjà des signes de malnutrition», note le père Mukangwa. Sollicitées pour appuyer les efforts de leurs confrères congolais, les provinces et procures salésiennes à travers le monde ont répondu favorablement, à travers la coordination du dicastère pour la mission de la congrégation. La solidarité salésienne a ainsi fourni «un conteneur de riz en provenance de la procure de New Rochelle et un soutien financier des trois procures salésiennes de l’Europe: Turin, Bonn et Madrid». Il y a aussi l’apport de certains partenaires comme l’association italienne Costruisci un sorriso.
D’autres organisations humanitaires interviennent également, comme la Vision mondiale et l’Unicef. Mais pour le prêtre salésien, l’assistance n’est pas encore à la hauteur, d’où son appel à une grande mobilisation pour venir en aide à cette population.
A l’Est de la RD Congo, «une situation catastrophique et inacceptable»
Pour le père Mukangwa, la situation qui se passe actuellement à l’Est de son pays, la RD Congo est «catastrophique et inacceptable: les déplacés ne sont pas suffisamment assistés et certains sont abandonnés à leur triste sort». D'aucuns meurent dans le camp. «A qui profite cette guerre? Et pourquoi la population doit payer de sa vie?», s’interroge le prêtre congolais. La situation est grave et à Goma, la population vit dans la panique et l’incertitude, note-t-il. «La situation humanitaire et sociale dans le Nord-Kivu se détériore de plus en plus à cause de cette guerre qui créé des orphelins, des veuves, des veufs, des familles désunies, des enfants non-accompagnés, des handicapés, des enfants non-scolarisés (...) la situation à l’Est n'est pas bonne et la vie coûte très cher maintenant», a décrit le salésien.
Les jeunes et le bien de la personne humaine, au cœur du charisme des salésiens de Don Bosco
«Notre charisme est l’évangélisation et l’éducation des jeunes, spécialement les plus pauvres. Mais nous sommes aussi engagés pour le bien de la personne humaine», a expliqué le père Mukangwa. «Et ici, il s’agit d’une situation particulière, d’une catastrophe. Les déplacés sont venus chez Don Bosco pour trouver refuge. Nous leur avons offert l’hospitalité». Bien avant l'escalade du conflit ces dernières semaines, les salésiens avaient déjà une attention particulière pour les jeunes déplacés. «Les statistiques montrent qu’il y a 19.000 jeunes dans le site». Toutes les œuvres salésiennes de l’Est de la RD Congo réfléchissent sur la meilleure réponse à donner à ces jeunes, a rassuré le père salésien. «Il est grand temps pour nous d’aller commencer une présence dans les zones à conflit, peut-être pour résoudre le problème en amont», a-t-il poursuivi. Pour ces prochaines missions, les salésiens pensent notamment à Rutshuru, et même à Beni et Ituri.
Appel à la responsabilité du gouvernement congolais
Le père Mukangwa demande au gouvernement congolais de s’impliquer davantage pour s’occuper efficacement de cette population qui vit dans une situation d’urgence humanitaire. Pour lui, les actions menées jusque-là par les autorités congolaises ne sont pas à la hauteur du nombre et des besoins de personnes déplacées. Il appelle aussi toutes les organisations et personnes de bonne volonté «à secourir les victimes de la guerre injuste qu’on impose» à la population.
Le prêtre salésien souhaite que «cette guerre cesse, car ça fait plus de vingt ans que la population de l’Est est meurtrie». Il lance un appel à toutes les parties prenantes à faire taire les armes en vue d’une solution durable, encourageant par ailleurs toutes les victimes à rester confiants et à garder l’espérance.
La partie Est de la République démocratique du Congo connait une grande instabilité depuis plus de vingt ans. Plusieurs mouvements et groupes armés écument cette région congolaise, notamment le M23, «Mouvement du 23 mars», qualifié par Kinshasa de mouvement terroriste et dont les éléments occupent certaines localités. Les affrontements avec les forces régulières qui tentent de les déloger occasionnent des déplacements des populations vers d’autres zones.
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