Eswatini: l’évêque de Manzini accuse les medias de susciter la violence
Vatican News avec Fides
Le royaume d’Eswatini (l’ancien Swaziland) est en proie à une crise politique depuis le mois de juin 2021. Dans le prolongement de ce qui a déjà été rapporté dans une communication précédente avec l'Agence Fides le 26 octobre 2022, Mgr José Luis Ponce de Léon rappelle que cette crise est centrée sur le manque de dialogue entre le gouvernement, l'opposition et la société civile. Il en appelle à un dialogue vrai pour sauver le royaume de la violence et pointe du doigt les médias qui, selon lui, alimente des violences.
Le diolague, chemin de sortie de la crise
«Je crois que toutes les voix qui s'expriment depuis juin 2021 (le gouvernement, les organisations politiques, les églises, les ONG) ont répété le même appel», a affirmé l’évêque de Manzini, confirmant qu’il «existe un consensus général sur la nécessité d'un dialogue national». Ces appels confirment l’importance d’un dialogue sincère comme une porte de sortie de cette de crise dont souffre le royaume depuis plus d’une année. Mais jusqu'à présent, confie-t-il, «ces appels sont tombés dans l'oreille d'un sourd». L’on constate un vide qui est de plus en plus comblé par la violence. Non seulement par l'armée, qui a désormais rejoint la police, quand elle ne l'a pas remplacée, mais aussi par les Swaziland Solidarity Forces (SSF), un groupe d'opposition armé qui affirme «vouloir débarrasser le pays du roi Mswati».
«La SSF est accusée d'être responsable des incendies criminels et des meurtres», a déclaré l'évêque Ponce de León. Leurs membres «menacent de tuer ou de mettre le feu aux biens de ceux qui ne font pas ce qu'on leur dit» (de faire par la SSF, ndlr). Le prélat s’interroge sur l’origine de ce mouvement et sur la source de leur financement «je ne sais pas si quelqu'un sait qui ils sont et qui les finance», s’est-il interrogé. La population est ainsi prise entre deux feux: «les forces de sécurité et les membres de la SSF»
Les médias, cause de la violence
Dans ce contexte de peur et d’incertitude, le rôle des médias est crucial. «C’est un autre domaine où nous avons constaté des changements. Dans le passé, j’avais l’habitude de dire que l’on trouvait peu de choses sur l’Eswatini dans les médias sociaux», a expliqué l’évêque. Il y avait une sorte d’autocensure: «mieux vaut ne pas parler», a fait constater Mgr Ponce de León. Depuis juin 2021, «on peut lire beaucoup plus sur les pages sociales et les pages web». Toutefois, les informations qui s’y trouvent ne relèvent pas absolument du concret. Dans ce sens, «le défi consiste à être critique vis-à-vis de ce que vous lisez… l’information n'étant guère indépendante et impartiale».
Pour illustrer ses propos sur la nécessité de «remettre en question ce qui est dit et ce qui n'est pas dit», l’évêque de Manzini a fait remarquer que les média d'État se «limitent à rapporter la violence, mais on pourrait dire la même chose de ceux qui choisissent de ne pas rapporter tout ce qui est positif de la part du gouvernement parce que cela pourrait ne pas servir leur cause». Cette propagande médiatique a pour but de d’amener à présenter l'autre comme «l'ennemi»: les deux parties disent sur les médias sociaux des choses qui n’ont pas été prouvées et dont «l'autre partie nie la véracité». Concernant ce conflit sur la véracité des informations véhiculées Mgr Ponce de León a affirmé que: «la violence et les médias semblent aller de pair»: «l'information peut être utilisée comme une arme pour susciter la colère, la peur et la violence», a-t-il poursuivi.
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