Côte d’Ivoire: les «femmes de relais», mères des «nouveau-nés orphelins»
Stanislas Kambashi,SJ – Cité du Vatican
Que deviennent les enfants dont les mères meurent au moment de l’accouchement? Beaucoup se sont, peut-être, déjà posé cette question sur le sort de ces innocents qui sont orphelins de mère dès la naissance. Les réponses varient d’un contexte à l’autre et dans certaines familles, on trouve une manière de résoudre le problème. Mais dans certaines situations, ces enfants ne trouvent pas nécessairement quelqu’un qui accepte de s’occuper d’eux. Certaines femmes, sans nécessairement avoir une filiation avec ces nouveau-nés, les adoptent et les font grandir, en leur donnant toute l’affection maternelle et familiale.
Martine Kouadio Gokra, de la Côte d’Ivoire, conservateur des Musés, enseignante de français et doctorante en art, culture et développement; est allée à la rencontre de ces mères-adoptives des nouveau-nés orphelins et en mis en exergue leur impact socioculturel.
Les «mères de relais», femmes de compassion
Eprises de compassion et de charité, ces femmes prennent le relais. «Je les nomme les mères de relais. Elles n’ont aucune filiation, aucun lien de parenté avec ces enfants. Mais elles s’en occupent afin d’aider ou de régler certains problèmes que nos communautés africaines rencontrent dans les enfants dits de la rue, maltraités, victimes des violences ou de fausses accusations», a commenté Martine Kouadio. Elles leur donnent le soin, l’affection et la quiétude dès le premier jour de leur vie. Elles font une œuvre de compassion merveilleuse, a-t-elle renchérit.
Soutenir les «mères de relais»
Ces Mères de relais «prennent soin de ces enfants jusqu’à un âge conséquent». Une fois grandit, certains retournent dans leurs familles biologiques et d’autres choisissent de rester dans ces foyers où leurs personnalités se sont formées. Ou ce cas, certaines femmes adoptives prennent aussi les enfants des parents dépressifs ou ayant des problèmes avec la drogue, l’alcool, etc.
Redonner humanité et sourire
Ces enfants sont tellement intégrés dans leurs maisons ou familles adoptives qu’ils ne se sentent plus orphelins. Au cours des entretiens de certains d’entre eux avec Martine Kouadio, certains ont refusé de témoigner en tant que tels. Dans ces maisons, ils ont trouvé amour, affection, et sens de leur vie. Ces femmes «essaient de leur donner ce qu’elles ont de plus cher: l’amour, leur être intérieur. Elles travaillent à les guérir, pour qu’elles se sentent membres à part entière de cette vie. Elles leur donnent une certaine humanité… à la longue, ils ont une certaine stabilité», a déclaré l’enseignante ivoirienne.
Pour aider ces femmes dans cette œuvre de donner ou redonner un plein sourire à ces jeunes enfants, Martine Kouadio conseille d’aller à leur rencontre. Outre la présence réconfortante, leur apporter aussi un soutien, dont celui psychologique.
Martine Kouadio avait notamment présenté les résultats de ses enquêtes et entretien avec les «mères de relais» et enfants adoptifs au cours des travaux du deuxième congrès panafricain sur la théologie, la société et la vie pastorale; organisé à Nairobi du 2 au 9 juillet 2022.
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