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Mali: Mgr Dembélé exhorte à la réconciliation après la grâce des 49 militaires ivoiriens

Après la grâce présidentielle accordée vendredi 7 janvier par le président de la transition malienne, le colonel Assimi Goïta, aux 49 soldats ivoiriens arrêtés puis condamnés par la justice malienne, le président de la conférence épiscopale du Mali (CEM), Mgr Jonas Dembélé a rendu grâce à Dieu pour le bon dénouement de ces arrestations qui avaient provoqué une brouille diplomatique entre «deux pays frères».

Stanislas Kambashi,SJ et Françoise Niamien – Cité du Vatican

Le président de la transition du Mali, le colonel Assimi Goïta, a grâcié, «avec remise totale des peines», les 49 soldats ivoiriens arrêtés en juillet 2022, qualifiés de mercenaire par Bamako et condamnés ensuite par la justice malienne, selon un décret présidentiel. Mgr Jonas Dembélé, évêque de Kayes et président de la conférence épiscopale du Mali, a exprimé sa joie après l’annonce de cette nouvelle, qui vient réparer «un incident diplomatique entre deux pays frères».

Prières et efforts des responsables religieux et du peuple malien

Entre le nord de la Côte d’Ivoire et le sud du Mali, les populations sont presque les mêmes, a souligné Mgr Dembélé. Ce problème n’arrangeait donc personne, a-t-il confié. «Au niveau de l’Église, nous avons plaidé pour le pardon et la miséricorde. La devise, c’est la paix, la paix étant un don de Dieu et fruit de l’effort des hommes». C’est dans ce cadre que, dès le début de cette brouille diplomatique, «l’Union sacrée des religieux maliens avait approché le président de la transition pour un dénouement heureux», a déclaré Mgr Dembélé.

Espérer une ère de paix au Sahel

Le président de la conférence épiscopale du Mali remercie le président du Togo, Faure Gnassingbé, qui a joué le rôle de médiateur. Il exprime aussi sa gratitude aux fidèles pour leurs prières. L’évêque de Kayes a évoqué quelques situations difficiles vécues pendant ce moment de tension. Mais pour lui, la résolution de ce problème, en ce début d'année 2023 augure un autre temps, qu’il espère être de paix, entre le Mali et la Côte d’Ivoire, mais aussi au Sahel et dans la sous-région ouest-africaine.

Prier pour la réconciliation des cœurs

«Que Dieu réconcilie les cœurs en profondeur et que nous puissions cheminer les uns avec les autres, pour la recherche de la paix», a appelé Mgr Dembélé. L’évêque de Kayes invite aussi à poursuivre les efforts dans la recherche de la paix, car «la pression de la violence au Sahel et en Afrique de l’Ouest» est encore présente. Il prie pour que la réconciliation touche en premier les dirigeants politiques, mais aussi toutes les populations.

Collaborer pour faire face au terrorisme et aux forces du mal

D’origine ivoirienne, le nonce apostolique au Mali et en Guinée, Mgr Jean Sylvain Emien, a également insisté sur l’importance de la réconciliation pour l’apaisement des tensions. «Le Christ est né dans notre monde pour nous apporter la paix, la réconciliation, la joie. Tous les justes et efforts des gouvernements qui vont dans le sens de l’apaisement des tensions, la réconciliation entre les peuples, la joie des familles éprouvées sont à reconnaître avec gratitude». C’est le sens que le nonce donne à cette libération des soldats ivoiriens.

Mgr Emien a par ailleurs souligné l’importance pour les pays de collaborer pour espérer faire face ensemble au terrorisme et aux forces du mal. «Tous les pays de la région ont intérêt à collaborer main dans la main pour pouvoir vaincre les forces du mal. Aucun pays dans le monde ne peut faire face à lui seul au terrorisme. La libération des soldats ivoiriens fait aussi partie de cette dynamique de collaboration. Et je prie le Seigneur afin que cette dynamique se consolide».

Qualifiés de «mercenaires», les soldats ivoiriens avaient été arrêtés au Mali, puis inculpés mi-août de «tentative d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État» et écroués. Trois d’entre eux, des femmes, ont été libérées par la suite. Les 46 autres avaient été condamnés le 30 décembre à vingt ans de réclusion criminelle.

Depuis juillet 2022, la Côte d'Ivoire exigeait la libération de ses soldats en niant catégoriquement qu'ils aient été des «mercenaires», affirmant qu'ils étaient en mission pour l'ONU, dans le cadre d'opérations de soutien logistique à la Minusma (la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali).

Mgr Jonas Dembélé, évêque de Kayes et président de la Conférence Episcopale du Mali

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07 janvier 2023, 17:44