L'évêque de Goma: le Pape fait connaître au monde les souffrances
Stanislas Kambashi – Envoyé spécial à Kinshasa, RDC
L’évêque de Goma a accompagné les survivants des violences de l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) qui ont rencontré la Pape ce 1er février. Pour Mgr Ngumbi, «c’est un moment poignant», mais aussi un moment d’action de grâce dont il garde «un souvenir merveilleux». En son nom et au nom de touts les survivants, il a remercié le Pape François qui a pris l’initiative de rencontrer ces personnes victimes d'atrocités. La population de Goma et du Nord-Kivu en général s’est sentie honorée par le Pape et par le fait que Mgr Ngumbi a concélébré la messe présidée par le Pape à N'dolo.
Le monde peut savoir que l’Est du Congo souffre réellement
L’évêque de Goma a tout d’abord rappelé que le Saint-Père devait se rendre à Goma, étape du voyage qui a été finalement supprimée. Il devait y rencontrer des victimes plus nombreuses encore. Le Pape devait aussi visiter un camp des déplacés et des sinistrés. Ce sont ces victimes qui ont fait le déplacement de Kinshasa, a-t-il fait savoir. Grâce à cette rencontre et à la présence des nombreux médias, le monde peut savoir qu’il y a réellement une souffrance au Congo, surtout dans sa partie Est: les atrocités, toujours présentes, provoquent des déplacements massifs des populations. «Nous espérons que les personnes de bonne volonté nous aideront tout d’abord à mettre fin à cette guerre et puis à soulager la souffrance de ces déplacés», a déclaré Mgr Ngumbi.
Dans la ville de Goma, on compte actuellement plus de 200 000 déplacés de guerre et certains sont abandonnés, a fait savoir l’évêque, qui a insisté sur l’importance de cette rencontre pour faire connaitre davantage «cette souffrance de la population de l’Est». L’ordinaire de Goma a exprimé son appréciation pour les paroles du Pape, qui ont été «très fortes, justes, de réconfort et de consolation».
Mettre fin à «la honte» que subit la RD Congo
Mgr Ngumbi estime qu’après cette rencontre quelque chose peut changer, car le Saint-Père a invité les congolais à la conversion, à être acteurs de changement dans leurs milieux; ce que l’évêque de Goma considère comme une invitation à une prise de conscience et une mission «d’être les artisans de paix» dans leurs milieux. L’évêque de Goma espère que les autorités de RDC pourront saisir cet appel «pour mettre fin à cette honte» que subi le pays par des attaques et des violences atroces aussi bien des groupes internes qu’externes. Il invite les gouvernants à prendre des mesures qui s’imposent pour mettre fin à ces situations.
La prédation des ressources naturelles
Mgr Ngumbi a aussi pointé aussi du doigt la communauté internationale, «qui n’est pas innocente dans ce qui se passe à l’Est de la RD Congo». La prédation des ressources naturelles est l’une des causes principales de cette souffrance, a-t-il fait observer. Pour illustrer ses propos, l’évêque de Goma a cité l’exemple de Kishishe, localité attaquée fin novembre 2022 par des éléments du groupe armé M23. Plus de 120 personnes ont trouvé la mort dans cette attaque. L’objectif des assaillants serait de contrôler les gisements du pyrochlore, famille des minerais rare, à structure cristalline, plus chers que le coltan selon certaines évaluations et utilisés dans l’aéronautique et l’informatique. Ces minerais stratégiques ne servent pourtant pas au Congo mais aux industries occidentales et d’ailleurs, a regretté l’évêque de Goma.
Mgr Ngumbi a interpellé tous ceux qui reçoivent et utilisent ces minerais pour fabriquer les armes, les téléphones et autres accessoires: «Qu’ils sachent que ce sont des minerais de sang. Il faut arrêter cette guerre et que le peuple congolais vive dans la paix, la réconciliation et la fraternité», a conclu l’évêque de Goma.
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