RDC: accompagner les femmes et enfants traumatisés à Bukavu
Marie José Muando Buabualo – Cité du Vatican
Dans l’archidiocèse de Bukavu, sœur Aimée Okubalonza Lukengerwa, membre de la congrégation diocésaine Filles de Marie Reine des Apôtres, s’occupe au sein de la commission locale Justice et Paix, du département «Dynamique femmes pour la paix» chargé de la prise en charge des femmes traumatisées. Son témoignage fait état de combien ce fléau social est immense. La prise en charge a commencé d’abord par la pastorale de l’écoute. La commission Justice et Paix a, en premier lieu, formé des personnes crédibles qui puissent les entendre. Ensuite, des centres d’écoute ont été créés dans une dizaine de paroisses de l’archidiocèse. Ces bureaux d’écoute, poursuit sœur Lukengerwa, sont gérés par deux personnes, une femme et un homme, sélectionnés par les membres de leur communauté comme personnes ayant une capacité de confidentialité. Ces personnes ont reçu au préalable une formation sur le traumatisme et la gestion des personnes traumatisées. Leur première charge est de faire de la sensibilisation dans leur communauté. Cette campagne de sensibilisation permet aux personnes, surtout les femmes ayant subi des violences physiques et sexuelles, de s’approcher de ce centre pour être écoutées et détraumatisées à travers une séance de plusieurs étapes qui doit leur permettre de reprendre confiance en elles-mêmes. Sœur Aimée dresse le bilan après qu'environ 1 800 femmes ont été détraumatisées à ce jour, au moyen de ce «councelling group» et de la mise en place d'un suivi familial.
La pastorale inclut les soins de santé et de l’intégration sociale
La pastorale d’écoute, à elle seule, ne suffit pas. Plusieurs femmes traumatisées développent des infections uro-génitales, des fistules ou d’autres pathologie de nature physique ou psychique. Le département «Dynamique femmes pour la paix» de l’archidiocèse de Bukavu poursuit son travail de suivi à travers les soins médicaux qui sont suivis d’un accompagnement socio-psychologique. Ces femmes sont réunies dans des groupes appelés localement «Imama». «Elles doivent maintenant se relever pour aider leur famille et leur communauté à travers l’apprentissage de quelques activités génératrices de revenus» poursuit sœur Okubalonza qui souligne que ces femmes passent ainsi de la vulnérabilité à l’opportunité. «Une fois guéries, elles redeviennent l’espoir de leur famille pour pouvoir jouer leur rôle de mère ».
Les médiations de pacification familiale pour leur réintégration
Le processus d’accompagnement de ces femmes n’a pas toujours une issue positive. Sœur Aimée fait état de la non acceptation de certaines d’entre elles au sein de leur famille d’origine. La pastorale de la «Dynamique femmes pour la paix» s’occupe ainsi de la médiation familiale pour leur réinsertion économique et sociale. Le département prend également en charge la scolarisation des enfants nés de viols, victimes de marginalisation par la société. Le grand travail que la pastorale «Dynamique femmes pour la paix » de Bukavu entend faire à l’avenir consiste à intégrer ces enfants dans leur milieu familial. Un travail de longue haleine, indique sœur Aimée Okubalonza Lukengerwa.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici