Élections au Nigeria: mise au point du cardinal Onaiyekan
Christian Kombe, SJ – Cité du Vatican
Une semaine après l’élection présidentielle du 25 février au Nigeria, alors que les deux principaux candidats malheureux ont dénoncé des fraudes autour du scrutin, le secrétaire du cardinal John Olorunfemi Onaiyekan a tenu à dénoncer l’instrumentalisation des propos de l’archevêque émérite d’Abuja pour cautionner les résultats proclamés mercredi par la commission électorale. «Notre attention a été attirée par un message qui circule sur Internet selon lequel Son Éminence le Cardinal John Onaiyekan, lors de son homélie à l'église de l'Assomption d'Asokoro, a exhorté les Nigérians à "accepter le résultat de l'élection présidentielle de 2023 tel qu'annoncé par l'INEC"», écrit le père Emmanuel Adugba dans un communiqué.
Un message trompeur
Pour le collaborateur du cardinal nigérian, ce message un trompeur. En effet, explique le père Adugba, «l'homélie en question a été prêchée lors de la messe de 10 heures du matin le 26 février 2023. C'était un jour après l'élection présidentielle, avant la collecte des résultats, qui a commencé plus tard dans la soirée de ce jour, et plusieurs jours avant l'annonce des résultats dans les premières heures du 1er mars». L’appel de l’archevêque émérite d’Abuja à respecter les résultats de la présidentielle avait été lancé «avec la conviction, alors partagée par la plupart des Nigérians, que le processus et le résultat des élections seraient libres, équitables et crédibles, comme promis par l’INEC», précise le secrétaire du cardinal. «Malheureusement, le résultat s'est avéré totalement différent», déplore-t-il.
Défendre la paix, mais jamais au détriment de la vérité et de la justice
Selon le père Adugba, l'auteur du message qui circule sur internet présente l’exhortation du cardinal Onaiyekan comme si elle avait été faite «après l'annonce des résultats de l'élection présidentielle par la CENI, donnant ainsi l'impression que Son Éminence appelle les Nigérians à accepter le résultat annoncé d'une élection dont la crédibilité a été sérieusement remise en question».
«Après une élection tragiquement douteuse», déclare son secrétaire, le cardinal nigérian «refuse catégoriquement d'être frauduleusement utilisée pour renforcer une crédibilité inexistante des résultats et la légitimité conséquente du vainqueur déclaré». Le prélat «est un fervent partisan de la paix, mais jamais au détriment de la vérité et de la justice», a-t-il souligné.
Bola Tinubu, candidat du Congrès des progressistes (APC), parti au pouvoir au Nigeria, a été déclaré mercredi 1er mars vainqueur de la présidentielle du 25 février par la Commission électorale nationale (INEC). Des résultats rejetés par les deux principaux candidats malheureux à l'élection présidentielle, Atiku Abubakar du Parti démocratique du peuple et Peter Obi du Parti travailliste, qui ont tous deux dénoncé jeudi des fraudes. «Toute dispute post-électorale ou doléance devrait être traitée par le système judiciaire, conformément à la loi», a déclaré vendredi dans un communiqué le président de la Commission africaine, Moussa Faki Mahamat.
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