SCEAM: la synodalité en Afrique, chemin de retour vers la palabre
Jacques Ngol, SJ – Cité du Vatican
Les délégués des différents pays d'Afrique et de Madagascar et les évêques du Symposium des conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar (SCEAM), arrivés à Addis-Abeba en Éthiopie le 01 mars ont ouvert leur assemblée jeudi 02 mars. Cette rencontre, comme l’a rappelé le cardinal Ambongo, «s'inscrit dans le cadre de la célébration de la phase continentale du Synode qui aura lieu à Rome, en octobre prochain».
La synodalité, une marche d’ensemble
Lors de l’entame de son propos, le cardinal Ambongo a tout d’abord rappelé l’esprit synodal qui a animé le Pape François en convoquant cette rencontre internationale qui commencera en octobre 2023. Cet esprit, c’est le désir de «voyager ensemble, pour faire l'expérience d'une Église qui reçoit et vit le don de l'unité, et qui est ouverte à la voix de l'esprit». Ce processus synodal qui est placé sous le signe de la «communion, de la participation et de la mission, constitue un temps de grâce et un moment favorable de véritable communion ecclésiale» a-t-il précisé. Cette marche synodale entre dans la manière africaine de vivre qui est enracinée dans les principes de «la palabre, l'ubuntu et l'ujamaa». Le mot ubuntu, qui vient de la langue bantoue, est un terme utilisé par les philosophes africains pour expliquer leur conception de l'humanité. Il englobe la notion de communauté et d'interdépendance entre les êtres humains. L'ujumaa, concept tanzanien, exprime le socialisme à la manière africaine. Ces deux mots, ajouter à la «palabre», expliquent le sens de la vie communautaire, le sens de la famille, le travail d'équipe, la solidarité et la convivialité.
C’est d’ailleurs ce qui a motivé la tenue de l'Assemblée spéciale pour l'Afrique du Synode des évêques en 1994 qui avait mis l’accent sur «l'attention aux autres, la solidarité, la chaleur dans les relations humaines, l'acceptation mutuelle, le dialogue et la confiance», a rappelé l’archevêque de Kinshasa. Ce synode, a-t-il dit, a voulu «mettre en relief la famille africaine comme modèle pour vivre l’Église et vivre en Église». Dans ce sens, la communauté chrétienne constitue «l'espace où les fidèles sont renouvelés et confirmés dans leur ministère baptismal et où ils expérimentent et vivent la synodalité comme mission, communion et participation». Ce synode sur la synodalité, a précisé le cardinal Ambongo, est une «invitation à tous les membres de l'Église-Famille de Dieu en Afrique et dans les îles à faire une pause et à évaluer leur marche en tant que Famille».
L’Église en catholique en Afrique à l’épreuve des conflits multiformes
L'Église-Famille de Dieu en Afrique et dans les îles en croissance n’est pas exempte de situations nuisibles à son épanouissement. Elle est confrontée, comme toute la société à des «expériences amères et douloureuses de conflits et de guerres, de tensions raciales et de tribalisme, de xénophobie, d'instabilité politique, d'injustice, d'actions politiques égoïstes, de pillage des richesses nationales et d'enrichissement rapide par des moyens illégaux». Pour le président du SCEAM, le parcours synodal est une opportunité et doit «donner le courage d'évaluer notre foi et de parler avec liberté, courage et charité des défis auxquels nous sommes confrontés en Afrique, tant au niveau de l´Église qu'à celui de la société, et de nous impliquer profondément face à ces défis afin d'y apporter des réponses par des transformations concrètes».
Enfin, le cardinal Ambongo a exhorté à l’esprit d’écoute mutuelle, un véritable moyen de discernement. Car, a-t-il dit, «une véritable rencontre en tant que membres d’une même famille, un véritable cheminement qu’on fait ensemble en tant que frères et sœurs ne peuvent naître que de l'écoute».
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