Mgr Ntahondereye: nous sommes tous frères au-delà des frontières
Françoise Niamien - Cité du Vatican
Les relations entre le diocèse Muyinga au Burundi et celui de Ruhengeri au Rwanda voisin «sont stables et positives», confie Mgr Joachim Ntahondereye, l’évêque du diocèse burundais. La preuve: les rencontres de football et de basket-ball qui ont opposé au mois de janvier 2023 les presbytérats des deux diocèses.
Le diocèse de Muyinga avait accueilli en effet ces rencontres sportives sur proposition de Mgr Vincent Harolimana, évêque de Ruhengeri, qui avaient accompagnés ses prêtres à ces différentes rencontres.
Si en football l’équipe presbytérale de Ruhengeri a pris le meilleur sur le score de 5 buts à 0, au basket-ball, ce sont les prêtres burundais qui ont dominé leurs confrères rwandais par 31 à 18.
Des années de relations fraternelles
«Il y a plus de quatre années que nous cultivons des relations étroites avec le diocèse de Ruhengeri au Rwanda», a révélé avec joie Mgr Ntahondereye, expliquant l’histoire de cette fraternité avec le diocèse rwandais. Elle a débuté après que le diocèse de Ruhengeri au Rwanda, ait accueilli l’un de ses prêtres pour une licence en Biotechnologie alimentaire de 2018 à 2022. Intégré pastoralement et adopté par le diocèse de Ruhengeri, ce prêtre, le père Floribert Niyungeko «est désormais considéré comme un des leurs». Au terme de ses études, il a été accompagné à Muyinga par une importante délégation du diocèse Ruhengeri, avec, à sa tête, Mgr Vincent Harolimana. «Voilà comment nous avons commencé à tisser ce lien fraternel», rappelle Mgr Ntahondereye.
Le diocèse de Ruhengeri qui organisait des rencontres sportives avec d’autres diocèses au Rwanda, a voulu étendre cette expérience au diocèse burundais de Muyinga pour célébrer leurs relations de fraternité. «Pour nous, c’était une heureuse surprise et nous n’avions pas hésité à accueillir la proposition, cet échange sportif, avec beaucoup enthousiasme. C’est ainsi que nous avions organisé ces rencontres de football et de basket ball, dans le seul but de cultiver cette fraternité entre nos deux diocèses», a précisé l’évêque de Muyinga.
Aussi ces rencontres sportives ont été une occasion pour les deux diocèses de célébrer la paix retrouvée entre leurs différents pays, le Burundi et Rwanda après la réouverture des frontières en 2022, après une période de tensions.
En effet les autorités burundaises ont accusé le Rwanda d’héberger des opposants burundais, notamment les auteurs de la tentative de coup d’État du 13 mai 2015. De son côté, le Rwanda accusait le Burundi de collaborer avec des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda), accusées d’avoir perpétré un génocide au Rwanda en 1994. En définitive pour l’évêque burundais «cette belle idée des rencontres sportives est une offre de la divine providence pour montrer que l’Église doit être réconciliatrice entre nos deux pays le Burundi et le Rwanda» et «nous rendons grâce à Dieu», a-t-il ajouté.
Une visibilité à l’Eglise
Mgr Joachim Ntahondereye estime que ces rencontres sportives ont donné une plus grande visibilité à l’Église dans la société de Muyinga. «Le fait que nos deux presbytérats se soient rencontrés accompagnés de leurs évêques dans un stade, ce fut une belle image appréciée par tous».
Aux yeux de l’évêque, tous ont compris que «l’Église est la grande promotrice de fraternité et d’une unique famille ouverte à tous les peuples».
Et l’évêque de souligner que Jésus est venu pour faire de tous les hommes des frères et des sœurs, au-delà des frontières qu’elles soient géographies culturelles ou confessionnelles. «Nous sommes tous appeler à œuvrer ensemble pour plus de solidarité de fraternité et de paix dans notre monde», a insisté Mgr Ntahondereye.
Le vivre-ensemble à travers l’œcuménisme
Outre ces relations fraternelles avec le diocèse Ruhengeri, le diocèse de Muyinda promeut le vivre ensemble avec les autres chrétiens de la ville. Mgr Ntahondereye explique que son diocèse fait partie d’un forum des confessions chrétiennes au sein duquel ils œuvrent pour le dialogue pour la paix entre les différentes Églises mais aussi pour des initiatives communes en matière de solidarité envers les personnes vulnérables, les malades et les prisonniers. «Ce sont des initiatives qui datent de quelques années que nous avons à cœur de renforcer. En plus d’organiser la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, ce forum des confessions chrétiennes a à cœur l’élaboration d’un projet de promotion sociale et économique», a-t-il confié.
S’appuyant sur le synode sur la paix et la réconciliation organisée par l’Église catholique au Burundi, l’évêque estime que son diocèse a beaucoup à offrir dans l’édification d’une société plus fraternelle à Muyinga.
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