RDC: l'Église condamne l’instrumentalisation des conflits intercommunautaires
Jacques Ngol, SJ – Cité du Vatican
«Mus par notre sollicitude pastorale, nous nous sommes penchés, sur la situation d'insécurité alarmante dans notre province écclésiastique de Kinshasa», expliquent les évêques qui, par leur vocation prophétique assurent le rôle de «veilleur» sur la société.
Les provinces ecclésiastiques de Kinshasa dans des conflits sanglants
«Depuis plus d'une année, le conflit foncier survenu sur le territoire de Kwamouth, dans la province de Mai-Ndombe, s'est étendu comme un feu de brousse dévastateur qui a atteint les provinces voisines du Kwilu, Kwango, voire de Kinshasa», déclarent les pasteurs dans leur communiqué, inquiets de la situation. Les évêques rappellent «les récents massacres et troubles perpétrés à Batshiongo, Mongata, Kipulamba, Kabuba, Tadika et à la ferme Mayobo, qui ont provoqué le déplacement massif des populations, et continué de semer la désolation et l'insécurité».
Ces conflits entre les ethnies Teke et Yaka, ayant éclaté à la suite «d'un litige foncier», sont «récupérés par des personnes qui défendent des intérêts occultes à caractère politique et économique» expliquent-ils, tout en condamnant cette «pure instrumentalisation par ces hommes politiques en quête de légitimité locale». Leur intention serait de «confisquer les terres aux peuples qui les ont toujours occupées dans une coexistence pacifique». Les évêques de la province ecclésiale de Kinshasa fustigent entre autres les comportements de ces derniers qui en réalité créent des troubles au sein de la population, s’érigeant ensuite aux «sapeurs-pompiers au détriment des populations victimes des actes barbares».
Agir en responsables pour protéger le peuple
En paraphrasant le Pape François, les prélats interpellent «la conscience des personnes qui sont de vrais responsables de ces conflits et de ces massacres». «Retirez vos "mains sanguinaires" de nos provinces!», déclarent-ils, invitant les dirigeants à assumer leur responsabilité en protégeant la population, et à mettre fin à toute «manipulation et instrumentalisation» d'un peuple déjà «meurtri par la souffrance, la misère et les deuils récurrents». Les évêques invitent également «ceux et celles qui en ont la responsabilité au niveau de l'État, à prendre les choses en mains», afin de mettre fin à ces tueries, dont sont victimes les innocents. Poursuivant, les pasteurs exhortent les populations à se mettre ensemble pour la consolidation de la paix, ce qui «exige de pouvoir dialoguer et d'engager la vraie réconciliation entre les différentes tribus ou ethnies en conflit». Car, c’est aussi un «devoir à tous et à toutes de consolider la fraternité et le vivre- ensemble harmonieux entre les différents peuples, de reconstruire le présent et l'avenir de la coexistence d'un peuple divisé à cause des intérêts égoïstes et la manipulation politicienne».
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