RDC: ouverture de l’enquête sur le martyre des missionnaires spiritains à Kongolo
Pierre Dalin Domerson – Cité du Vatican et Jean-Baptiste Malenge – Kinshasa
Le 1er janvier 1962, vingt missionnaires spiritains furent tragiquement assassinés à Kongolo par des militaires, à la suite de la sécession de l’ex-province du Katanga. Cette sécession a eu lieu peu après l'indépendance du pays, le 30 juin 1960. Malgré les tensions politiques et sociales, les missionnaires sont restés fidèles à leur mission, servant tous sans distinction.
Hommage aux martyrs et appel à la prière
Dans son homélie, Mgr Ngoy a salué le sacrifice des martyrs, en citant l'évangile selon Saint Jean: «si le grain de blé tombé en terre meurt, il porte beaucoup de fruit». L’ordinaire de Kongolo qui a présenté ces martyrs comme «un exemple de dévouement et de fidélité à la mission, d'amour du Christ et du prochain jusqu'au sacrifice suprême», a demandé aux fidèles de prier pour leur béatification.
Le supérieur provincial des spiritains en RDC, le père Pierre Kahenga, ainsi qu'une vingtaine de prêtres spiritains et diocésains ont concélébré la messe. Certains témoins des événements du 1er janvier 1962 étaient également présents, notamment un ancien petit séminariste, élève des missionnaires assassinés, et des religieuses de la congrégation du Cœur immaculé de Marie de Kongolo, rescapées du massacre.
Souvenirs tragiques du 1er janvier 1962
Les missionnaires furent confrontés à des défis et des dangers dès les premières semaines de la sécession du Katanga. Alors que les troupes nationales tentaient de reconquérir la région sécessionniste et que la population se réfugiait en grande partie ailleurs, les missionnaires avaient choisi de rester à Kongolo avec la population qui les avait accueillis. Les correspondances de l'époque révèlent qu'ils s'attendaient à des exactions, des vexations et même des meurtres.
Les récits de l'époque témoignent de leur courage et de leur résilience face à cette tragédie. Le 31 décembre 1961, les missionnaires furent arrêtés brutalement par des soldats et emmenés dans un camp militaire où ils furent enfermés dans des cachots. Le matin du 1er Janvier 1962, extraits de leurs cachots, ils subissent une parodie d'interrogatoire avant d'être conduits vers le fleuve où ils sont massacrés. Même dans ces moments sombres, leur force et leur compassion étaient évidentes. Certains missionnaires ont même eu la force de dire "au revoir" à leurs bourreaux et de leur pardonner.
Lancement de l'enquête diocésaine
Après avoir reçu le "nihil obstat", l'autorisation du Saint-Siège, le diocèse de Kongolo commence l'enquête diocésaine visant à reconnaître le martyre des missionaires. Mgr Ngoy a nommé un postulateur, l'abbé Etienne Kazadi, et lors de la messe du 14 mai, a désigné les membres de l'équipe d'enquête. Ce groupe comprend Mgr Emmanuel Mbuyu, le promoteur de justice, l'abbé Séraphin Simahaya, le notaire, l'abbé Boniface Kaloa et son assistante, sœur Jeannette Zani. Cette enquête est une étape essentielle vers la béatification des martyrs de Kongolo, un acte de reconnaissance de leur dévouement et de leur sacrifice.
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