La foi au cœur des célébrations des martyrs de l'Ouganda

Pierre Dalin Domerson – Cité du Vatican

Le 03 juin marque la célébration des martyrs de l’Ouganda dans l’Église catholique universelle. Marquées par la puissance de l’Esprit Saint, ces martyrs témoignent encore aujourd’hui du pouvoir transformant de l’Évangile de Jésus Christ. Le sanctuaire de Namugongo, lieu de torture des vingt-deux martyrs a accueilli des pèlerins venus de toute part rendre hommage à ces martyrs. Pour aider les pèlerins à mieux participer aux célébrations, chaque année, un diocèse est choisi pour coordonner les activités. Cette année, c'est le diocèse de Ninja qui a cet honneur.

Des vies transformées au contact de la foi

«Je pense que c'est un thème qui a été bien choisi, par rapport au contexte social actuel que nous vivons dans l’Église et dans la société. Autrefois, comme aujourd’hui, sans la force de la foi, nous ne pouvons pas demeurer fidèle jusqu’au de notre témoignage», a affirmé le Père Richard Niombi, missionnaire d'Afrique (père blanc) et curé de la paroisse Mapeera-Nabulagala de Kampala, en expliquant le sens du thème choisi.

Selon le Père Niombi, « les martyrs étaient parmi les premiers chrétiens en Ouganda, quand ils ont été évangélisés et baptisés, leur vie entière était transformée. Ils étaient devenus plus charitables, plus intègres, honnêtes et justes. Il n'y avait pas séparation entre leur foi chrétienne d’un côté et leur vie publique de l’autre côté».  En ce sens précis, le curé de Kampala estime que la vie des martyrs peut servir d’exemple encore «aujourd’hui où il y a beaucoup de défis à relever dont la corruption qui fait malheureusement partie de la vie publique de notre pays». Quant à l'impact de l'héritage des martyrs sur la jeunesse ougandaise, le père Richard estime que ces martyrs sont des modèles pour les jeunes. La majorité des martyrs ougandais dit-il, «étaient des jeunes entre 14 et 26 ans et ils avaient une foi solide. Ils étaient prêts à mourir en fidélité à leur foi».  Ces martyrs, transformés par l’évangile, «étaient devenus plus charitables, plus intègres, honnêtes et justes», à tel point qu’on ne peut remarquer une «séparation entre leur foi chrétienne et leur vie publique».

Situant l'héritage des martyrs dans le contexte actuel de l'Ouganda, le Père Richard estime qu'il y a des différences, mais aussi beaucoup de ressemblances par rapport à l'époque où ces martyrs vivaient. Selon lui, «le témoignage de foi de ces martyrs n'est pas simplement un acte héroïque du passé, mais une source d'inspiration pour le monde d'aujourd'hui». Il affirme que le courage de la fidélité au Christ, la force d'aller jusqu'au bout dans l'application des valeurs, sont autant d'attitudes qui peuvent servir d'exemple aujourd'hui.

Le Père Richard insiste également sur l’universalité du témoignage de ces martyrs, affirmant que «ce n'est pas seulement pour les Ougandais, mais c'est pour toute l'Afrique et pour toute l'Église». Car, «quand le Pape a canonisé les martyrs de l'Ouganda, il parlait de martyrs pour toute l'Afrique et pour le monde».

Martyrisés pour leur foi

Entre 1885 et 1887, vingt-deux martyrs catholiques ont été exécutés - décapités ou brûlés vifs - sous l'ordre du roi Mwanga du Buganda, dans la région sud de l'actuel Ouganda, simplement parce qu'ils étaient restés fidèles à leur foi. Les fonctionnaires de la cour ont réussi à persuader le roi que ces fidèles, dont certains étaient encore en formation religieuse, tramaient une conspiration contre lui. Ces jeunes chrétiens, dont certains étaient employés à la cour, ont été torturés et tués les uns après les autres. Pendant cette même période, 23 chrétiens anglicans ont également été exécutés.

Ces martyrs, qui avaient entre 14 et 26 ans, sont aujourd'hui célébrés non seulement en Ouganda, mais dans toute l'Afrique et dans le monde entier. Leur héritage continue d'inspirer des millions de personnes et reste un pilier de la foi chrétienne. Les pèlerins qui se rendent chaque année au sanctuaire de Namugongo pour les commémorer ne viennent pas seulement honorer leur mémoire, mais aussi renouveler leur engagement envers leur propre foi, à l'image de la dévotion et du courage de ces martyrs.