Le diocèse de Maroua-Mokolo, 50 ans après: évaluation, défis et perspectives
Jacques Ngol, SJ – Cité du Vatican et Paule Valérie Mendogo - Edéa
Le diocèse de Maroua-Mokolo a été fondé en 1973. Un demi-siècle, des avancées considérables ont été opérées, malgré les difficultés. Sur le plan infrastructurel, la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption-de-Founanguè-Maroua, est l’œuvre la plus éclatante dont la dédicace, le 8 juillet 2023, a marqué la fin de la célébration du cinquantenaire. Ce diocèse est situé dans la région de l’Extrême-Nord du pays, et dans la province ecclésiastique de Garoua.
Occasion d’action de grâce
La célébration du cinquantenaire de la création du diocèse de Maroua-Mokolo est une occasion de «regarder le passé avec reconnaissance, vivre le présent avec passion et envisager l’avenir avec espérance», a relevé Mgr Bruno Ateba. L’ordinaire du lieu rend grâce à Dieu pour les œuvres accomplies, parmi lesquelles la cathédrales Notre Dame de l’Assomption de Founanguè, cette cathédrale «reflet du génie humain, le lieu d’élévation de l’âme vers Dieu». Mgr Ateba se souvient, rappelant qu’il «y a quelques années, lorsqu'on célébrait l’eucharistie sous les arbres, construire une Maison digne pour le Seigneur étant une nécessité». Cette cathédrale a une autre spécificité. Elle est construite par «les Camerounais, chrétiens, musulmans et certains qui sont adeptes de la religion traditionnelle». Ce qui rappelle, selon lui, cette conception de père Engelberg Mveng de la «théologie en Afrique qui doit prendre en compte le contexte africain et collaborer avec les Sciences humaines pour rejoindre l’Africain dans son contexte et dans sa culture». C’est pourquoi cette cathédrale est et restera ouverte à tous, que «tu sois chrétien, musulman, athée ou païen, c’est la Maison des enfants de Dieu», insiste-t-il. C’est un lieu de rassemblement, de prières, d’écoute, et un lieu respect de l’autre.
Le diocèse de Maroua-Mokolo confronter au phénomène lié au djihadisme
La circonscription du diocèse de Maroua-Mokolo vit des traumatismes liés au phénomènes du djihadisme, notamment le «Boko-haram» qui opère dans cette zone, phénomène qui traumatise la population. Mgr Ateba explique que chaque jour, les chrétiens prient que le «Seigneur, augmente en nous la foi, l’espérance et la charité», et c’est pour cela qu’en célébrant ce jubilé, «nous envisageons l’avenir avec espérance».
Ce diocèse, explique l’ordinaire, en plus du terrorisme, est «rural et pauvre», et l’Église est beaucoup engagée dans le social, notamment dans «l’éducation, la santé, le développement», car l’État ne peut pas tout faire. Le diocèse s’est aussi engagé à travers l’évangélisation dans «les œuvres socio-caritatives afin d’accompagner» le peuple de Dieu, d’où le slogan, «pour développer notre région et notre diocèse, tout le monde a besoin de tout le monde», utilisé comme code postal de la région et du diocèse.
Maroua-Mokolo au service des réfugiés
Plus de 80.000 réfugiés, fuyant les exactions terroristes au Nigeria voisin, trouvent refuge dans le diocèse de Maroua-Mokolo. Pour l’ordinaire du lieu, «la présence des réfugiés du Nigéria, dans le camp de Minawao est une invitation à la pastorale de proximité, à aider nos frères et sœurs qui sont dans le besoin; et c’est cela la sollicitude de l’Église: les accueillir». C’est pourquoi le diocèse célèbre chaque année la fête de Noël anticipée afin de leur manifester cette proximité, qu’ils «se sentent aussi bien accueillis et bien entourés». En plus, l’évêque de Maiduguri vient régulièrement pour l’administration des sacrements. Et chaque dernier dimanche du mois de septembre, qui marque la Journée mondiale des migrants et des réfugiés, «nous organisons des activités dans toutes nos paroisses pour accueillir nos frères et sœurs dans le besoin»; cette pastorale qui demande de la patience et une grande ouverture aide également à accueillir l’autre, à l’accompagner, à l’assister.
Le diocèse de Maroua-Mokolo et les perspectives
«La formation humaine, chrétienne, intellectuelle», sont les grands axes dans les perspectives d’avenir inscrite dans le calendrier du diocèse de Marou-Mokolo, selon Mgr Ateba. Pour lui, les «chrétiens doivent prendre en charge la vie de leur Église»; ils doivent prendre conscience que «l’Église c’est tout le monde, et chacun est une pierre angulaire pour la construction de la paroisse, de la communauté», par conséquent chacun doit «s’engager pour la vie et le développement du diocèse, de la paroisse». Outre l’instruction et la prise de conscience pour la prise en charge de l’Église, il y a aussi «la construction des écoles, l’éducation, étant au centre» poursuit l’évêque de Maroua-Mokolo, rappelant les paroles de Mgr Frantz Hennemann, curé à Minlaba dans le Sud-Cameroun qui, avant d’être nommé évêque en Afrique du Sud, disait: «qui a l’école a l’avenir, et il n’y a pas d’avenir sans école», relevant qu’il faut «continuer à former nos jeunes». Cependant, il faut créer non seulement des écoles pour former, mais aussi «la création des emplois, afin que les jeunes puissent avoir des perspectives d’avenir». Ce qui nécessite selon lui «la collaboration de tous dans le diocèse». Ajouter à l’éducation et la création d’emplois la question de santé est également nécessaire. Il faut signaler que cette perspective liée au «système de santé vise à améliorer l’accès des populations, surtout celles situées en zones rurales, aux soins de santé de qualité et à moindre coût».
La croissance du diocèse en 50 ans
Le diocèse compte désormais 50 paroisses, 4 districts paroissiaux et 2 secteurs autonomes. Le nombre de baptisés est évalué à 120.000 et il y a plus de 5.000 catéchumènes, 106 prêtres diocésains, religieux, Fidei donum, un PIME, 123 religieux et religieuses, 13 diacres permanents, 38 grands séminaristes et 17 petits séminaristes. Le diocèse est essentiellement rural, à 80%, et il connait un réel problème d’enclavement qui rend complexe la pastorale de proximité et la promotion humaine. Il faut aussi signaler les problèmes écologiques dûs à la sécheresse et aux inondations.
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