Le relais de la croix et la pastorale intergénérationnelle
Marie José Muando Buabualo – Cité du Vatican
Le père Bénézet Bujo est prêtre du diocèse de Bunia, dans l’est de la République démocratique du Congo. Il est professeur émérite de l’Université de Fribourg en Suisse, où il a enseigné la théologie morale, l'éthique sociale et la théologie africaine. Dans plusieurs de ses ouvrages, il attire l’attention sur la façon dont le "Dieu des ancêtres", qui établit la relation générationnelle entre les vivants, les ancêtres et les non encore nés, ne s’oppose pas au Dieu proclamé par Jésus Christ. Une occasion pour lui demander, dans un entretien qu’il a accordé à Vatican News, quel impact le relais générationnel prévu ce dimanche 23 juillet, pourrait impacter l’annonce de l’Évangile sur le continent africain.
La parole des personnes âgées baptisées est pleine de la sagesse de Dieu
À la question de savoir comment la remise de la croix des JMJ par les personnes âgées aux jeunes pourrait s’expliquer dans un langage lié à la spiritualité africaine de la transmission de la foi, il fait remarquer que «la parole des personnes âgées n’est pas inutile, elle nous engendre parce que la Parole de Dieu présente dans leur bouche reste efficace. Comme le dit le prophète Isaïe (Is 55, 11), poursuit-il, ainsi en est-il de ma parole, qui sort de ma bouche: elle ne retourne point à moi sans effet, sans avoir exécuté ma volonté. Les chrétiens devraient fonder leur croyance sur la puissance de la Parole de Dieu qu’elle vienne d’une personne âgée ou d’un plus jeune». Cette force pourrait conduire à la solidarité.
Les connaissances technologiques ne diminuent pas la sagesse
Le père Bujo attire l’attention sur les technologies modernes qui, à son avis ne devraient pas concourir à anéantir l’expérience spirituelle des personnes âgées. Il donne l’exemple de l’intelligence artificielle qui, tout en étant une technologie de pointe du moment, demande plus de discernement que l’on ne peut trouver que dans la connaissance des plus anciens. «Les personnes âgées ne peuvent pas comprendre la technologie moderne mais, cela ne fait pas d’eux des êtres inférieurs. Elles possèdent la sagesse qui humanise la technologie».
La pastorale intergénérationnelle ne peut se faire sans un esprit de dialogue
Dans la tradition, la palabre africaine avait pour rôle de créer un climat d’entente pour que chacun ait la vie. Pour Bénézet Bujo, la pastorale intergénérationnelle devrait avoir recours à ce lieu d’entente et de dialogue pour que chacun puisse trouver un espace d’expression pour les jeunes ou les plus âgés. «L’accompagnement social ne devrait pas se limiter à construire des hospices pour vieillards pour y parquer les personnes âgées. Il faut emmener les enfants auprès des anciens pour qu’ils puissent apprendre de leur expérience. Les personnes âgées qui ont conservé leur sagesse restent une richesse pour l’Église dans la formation des plus jeunes. C’est ce que l’Église doit chercher de développer».
La pastorale entre générations et la performance matérielle
À cette question, le père Bujo évoque le rôle secondaire de la performance matérielle face à la sagesse emmagasinée par les personnes âgées qui, à travers leur baptême, réfléchissent sur ce qu’ils doivent transmettre aux jeunes. Ces derniers, à leurs côtés, peuvent donner la force pour continuer à vivre ensemble comme enfants de Dieu. C’est une pastorale que l’Église est appelée à vivre au-delà de la construction d’hospices pour vieillards.
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