Message de Noël: Mgr Sako invite les Irakiens à œuvrer l’unité et la paix
Joris Bolomey
Le patriarche chaldéen, Louis Raphaël Sako invite l’ensemble de la société irakienne à «marcher ensemble sur le sentier de l’espoir» après la victoire militaire sur le groupe État islamique, proclamée le 9 décembre dernier par le pouvoir central à Bagdad. En 2014, l’organisation terroriste s'était emparée du tiers du territoire irakien et avait menacé jusqu'à l’existence même du pays, avant que les forces gouvernementales, les milices chiites et les peshmergas kurdes, aidés par une coalition internationale menée par les Etats-Unis, lancent à partir de 2016 une contre-offensive.
Dans son message de Noël publié mardi 19 décembre, Mgr Sako revient sur les espoirs communs à tous les Irakiens suite à la victoire de l’armée sur Daesh. Parmi les points énumérés, il a appelé à «atteindre la sécurité et la stabilité; éliminer la corruption ; se débarrasser des discriminations religieuses largement répandues ; procéder à des réformes radicales en matière sociale, légale, politique, d’éducation ; résoudre les questions en suspens de manière pacifique et dans le dialogue, en particulier le "dossier du Kurdistan"; et planifier les élections à temps».
Il s’agit d’un «grand» défi à relever, reconnaît le patriarche, mais ce faisant, les Irakiens seraient plus confiants, «la crédibilité du gouvernement irakien se verrait renforcée, et cela unirait les Irakiens sous un même toit national, malgré leurs différentes affiliations ».
Les espoirs des chrétiens
Mgr Louis Raphael Sako s’est ensuite arrêté sur les espoirs des chrétiens irakiens. Ils étaient plus d'un million et demi en 2003, rappelle le patriarche, mais près de la moitié d’entre eux ont fui en raison des «discriminations, menaces, enlèvements et expulsions dans la plaine de Ninive». Face à ce constat, il exhorte «le gouvernement irakien "en tant que mère adoptive pour tous" à travailler sérieusement pour faciliter le retour de chrétiens dans leurs maisons et propriétés; préserver leurs droits en tant que citoyens autochtones ; reconnaître que leur culture, leur civilisation et leur patrimoine sont des éléments essentiels de l'histoire de l'Irak.»
S’adressant ensuite directement aux chrétiens, il les a enjoints à «tirer les leçons du passé pour se débarrasser de leurs peurs, du pessimisme et des intérêts personnels qui les divisent (…) pour construire leur patrie, leur avenir, main dans la main avec leurs frères musulmans». Le futur ne saurait se construire sans tolérance. Le patriarche leur demande également d’informer la communauté internationale de leur situation. L’Église les encourage enfin à s’accrocher à leurs espoirs, et à rentrer chez eux. «C’est notre patrie et nous insistons sur le fait de rester ici».
Les engagements de l’Église
De son côté, l’Église doit lire «les signes des temps», s’engage à suivre les enseignements de Jésus, à se tenir loin des tentations que son l’argent et le pouvoir, et à favoriser l’unité. Elle sera proche des nécessiteux, des déplacés et des malades. Elle fera en sorte que les laïcs acquièrent plus de responsabilité dans les conseils pastoraux et les paroisses.
Revenant au dialogue interreligieux, le patriarche estime en lettres majuscules qu’un dialogue «honnête» est «nécessaire» pour se comprendre et s'accepter. Il faut aller au-delà des formalités, estime-t-il, pour établir la paix et la sécurité, en promouvant les valeurs de tolérance et de justice.
Il conclut en exhortant «les chrétiens à être solidaires avec le peuple palestinien, qui souffre d'injustice et de déplacement depuis 70 ans ». Il les appelle à prier pour que Jérusalem demeure une ville sainte pour les chrétiens, les musulmans et les juifs.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici