Scandale Odebrecht: la corruption dénoncée par les évêques du Pérou
Joris Bolomey
Au Pérou, la Conférence épiscopale dénonce la corruption qui gangrène le sommet de l’Etat. «Parmi les distorsions du système démocratique, la corruption politique est l'une des plus graves car elle trahit à la fois les principes de la morale et les règles de la justice sociale ( ...) La corruption dénature à la racine le rôle des institutions», écrivent les évêques péruviens dans un communiqué publié ce lundi 18 décembre.
Cette prise de position intervient alors que l’opposition péruvienne, qui contrôle le Parlement, a demandé la démission du président Pedro Pablo Kuczynski, l'accusant de « corruption » dans le cadre d’un scandale qui éclabousse toute la classe politique de la région, celui du géant brésilien de la construction Odebrecht.
Respecter la Constitution
Les évêques rappellent d’abord aux autorités du pays «leur devoir de sauvegarder les institutions démocratiques, en respectant le cadre constitutionnel, légal et procédural qui gouverne tous (les Péruviens). Ensuite, écrivent-ils, il faut mettre fin aux signes d'abus de pouvoir et respecter l'autonomie et l'équilibre des pouvoirs de l'Etat. La Conférence épiscopale appelle enfin « toute la classe politique du pays, et surtout le Congrès de la République, à retrouver la voie du dialogue et de la prudence, dans la vérité et la justice.»
Le groupe de BTP brésilien a reconnu avoir payé près de cinq millions de dollars à des entreprises de conseil directement liées à Pedro Pablo Kuczynski entre 2004 et 2013 alors qu’il occupait différents postes de responsabilité au Pérou, notamment au sein du gouvernement d'Alejandro Toledo (2001-2006) à qui Odebrecht assure avoir versé 20 millions de dollars en échange de l'obtention de la concession d'une autoroute.
Privilégier le bien commun et non les intérêts personnels
Face à ce scandale, les évêques péruviens martèlent que «lorsqu’il s'agit du bien du Pérou, ils ne devraient pas y avoir d’intérêts particuliers, mais le bien commun de la Patrie ». Ils concluent leur missive sur une note plus optimiste, sous forme de souhait : «Que le souvenir de la naissance du fils de Dieu à Noel, et la prochaine venue du Pape François nous aide à surmonter cette profonde crise, avec respect, dignité et “unis par l’espoir”.»
L’an dernier, le groupe Odebrecht a accepté de payer une amende record de 3,5 milliards de dollars aux autorités brésiliennes, suisses et américaines, après avoir reconnu avoir versé un total d'environ 788 millions de dollars à des hauts-fonctionnaires et des partis politiques de divers pays pour s'assurer des contrats.
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