Fin de vie : les évêques de France appellent à un "sursaut de conscience"
Olivier Bonnel - Cité du Vatican
Dans leur déclaration, les évêques veulent avant tout exprimer leur compassion envers toutes les personnes en fin de vie et saluent les professionnels de santé qui ne ménagent pas leurs efforts pour soulager leurs souffrances et leur assurer «une fin de vie la plus apaisée possible» écrivent-ils. Mais derrière ces mots de compassion, leur message essentiel est celui d’appeler à un développement des soins palliatifs et à mettre en garde contre les dangers du suicide assisté et de l’euthanasie. «Les possibilités de soulagement de la souffrance sous toutes ses formes ne sont pas assez connues», soulignent-ils, pointant l’urgence de «combattre cette ignorance, source de peurs qui ne sont jamais bonnes conseillères et dont s’abreuvent les sondages».
Pour les évêques , la médiatisation de certains cas demandant un changement de la loi et une ouverture à l’euthanasie appelle une opposition éthique qu’ils se font forts d’argumenter. «Comment l’État pourrait-il, sans se contredire, faire la promotion – même encadrée – de l’aide au suicide ou de l’euthanasie tout en développant des plans de lutte contre le suicide ? » s’interrogent les évêques, pour qui ce serait inscrire au cœur de nos sociétés la transgression de l’impératif civilisateur : «tu ne tueras pas». Pour l’épiscopat français, si l’État confiait à la médecine la charge d’exécuter les demandes de suicide de patients, cela reviendrait à une violation du code de déontologie médicale, et du serment d’Hippocrate.
La fausse liberté individuelle
Les évêques s’interrogent aussi sur l’efficacité de la mise en place d’une clause de conscience : «qu’en serait-il des personnes vulnérables ?» demandent les évêques à propos des personnes qui ont besoin de confiance et d’écoute pour confier leurs désirs, souvent ambivalents. L’Église de France interroge aussi la question de la liberté , et notamment le «choix souverain du malade, son désir de maîtriser son destin». «Qu’est-ce qu’une liberté qui, au nom d’une illusoire autonomie souveraine, enfermerait la personne vulnérable dans la solitude de sa décision? »s'interrogent les évêques. Un message qui se veut une mise en garde contre l’individualisme érigé en système. Car pour eux, «nos choix personnels, qu’on le veuille ou non, ont toujours une dimension collective».
«Si certains font le choix désespéré du suicide, la société a avant tout le devoir de prévenir ce geste traumatisant» rappellent enfin les évêques qui posent aussi la question du financement des «institutions spécialisées dans la mort» qui seraient éventuellement mises en place en cas de réforme de la loi.
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