Les évêques du Nigeria évoquent l’infiltration de terroristes et de mercenaires

Père Paul Samasumo – Cité du Vatican

Une trentaine d’hommes armés, suspectés d’être les pasteurs musulmans de l’ethnie Fulani, ont assassiné au moins 19 fidèles et deux prêtres catholiques, Félix Tyolaha et et Joseph Gor mardi 24 avril dans le village de Mbalom.

Des terroristes ont infiltré les Fulani

Les évêques nigérians joints par Vatican News sont convaincus que des terroristes et des mercenaires ont infiltré les pasteurs Fulani. «L'appareil gouvernemental ne nous est d’aucune aide et il est dysfonctionnel, délibérément dysfonctionnel», a avancé Mgr William Avenya, évêque de Gboko, insistant sur la nécessaire attention que le monde devait porter à ces événements nigérians essentiellement dirigés contre les minorités chrétiennes. 

«Le monde ne nous entend pas. Cela a commencé comme ça au Rwanda; le monde n'a pas entendu. Cela a commencé comme ça il y a de nombreuses années en Allemagne. Le monde était sourd. C'est ce qui nous arrive, et le monde a besoin de savoir que nous avons des soucis», s’est exclamé Mgr Avenya.

L’aide humanitaire

Selon Mgr Peter Adoboh, évêque de Katsina-Ala et Mgr Wilfred Anagbe du diocèse de Makurdi, un besoin urgent d'eau potable et d'aide humanitaire dans les camps pour les personnes déplacées se fait également ressentir; de plus en plus de gens fuyant les attaques.

«Cette zone est principalement rurale, ses habitants ne peuvent pas se faire entendre. Si l'Église ne peut pas leur donner une voix, c’est un problème. Le monde devrait savoir qu’un génocide est en train de se produire contre les tribus majoritairement minoritaires dans le centre et dans le nord», a alerté Mgr Avenya.

Ce jeudi 26 avril, les évêques du Nigéria ont rencontré le Pape François et lui ont rendu compte personnellement de l'état de l'Église au Nigéria, lors de leur visite ad limina qui a lieu jusqu’au lundi 30 avril.

Une violence endémique

Les États du centre du Nigéria sont régulièrement touchés par des affrontements meurtriers. En 2017, le Nigeria était le deuxième État le plus violent d'Afrique, représentant environ 10 % de tous les conflits politiques hebdomadaires à travers le continent, selon une organisation américaine spécialisée dans les conflits armés «Armed Conflict Location and Event Data Project». Au coeur du problème: l’accès à l’eau et à la terre, disputé entre agriculteurs sédentaires et chrétiens, et éleveurs nomades, en majorité peuls et musulmans.

Le gouvernement, longtemps critiqué pour son inaction, a déployé l’armée en début d’année dans plusieurs États dont celui de Benue, pour tenter d’endiguer les violences intercommunautaires.