L’Église de Bolivie accroît sa préoccupation face au narcotrafic et à la toxicomanie
Delphine Allaire – Cité du Vatican
«Nous sommes perçus comme un pays de trafiquants de drogue, c'est une stigmatisation qui doit être surmontée». C’est par ces mots forts que Mgr Aurelio Pesoa, secrétaire général de la Conférence épiscopale bolivienne (CEB), a inauguré les travaux de cette «semaine sociale» intitulée «Cultiver la vie et sauver la dignité».
Lors de ces échanges à La Paz, la chaîne du trafic de drogue et les questions de l'administration de la justice, ont été particulièrement approfondies par l’épiscopat bolivien qui n’a de cesse de sensibiliser aux conséquences du trafic de drogue qui gangrène le pays.
Mgr Pesoa a ainsi fait remarquer que si «la lutte contre le trafic de drogue progressait sur un plan organisationnel de la part du gouvernement, elle n’était pas encore perceptible».
L’accroissement des surfaces de production inquiète
La Bolivie est un des trois plus gros producteurs de feuilles de coca au monde, ses terres étant abondamment fertiles pour cette plante dont le rôle rituel et médicinale a façonné la culture du pays. Néanmoins, une bonne partie de la production bolivienne en feuille de coca est soupçonnée d’alimenter le circuit de la drogue. En 2017, l’Union européenne alertait contre la récente loi entrée en vigueur, par la voix de son ambassadeur de l’UE dans le pays, Léon de la Torre. La loi soutenue par le président Evo Morales lui-même ancien cultivateur de feuilles de coca, visait à doubler les surfaces de culture licite de feuille de coca, de 12 000 à 22 000 hectares. Or, seuls 14 000 hectares étaient jugés nécessaires à une consommation usuelle.
Élément phare de l’identité nationale
En Bolivie, la coca revêt un caractère particulier, étant perçue tant comme une plante sacrée qu’un catalyseur de l’identité nationale.
L’article 384 de la Constitution de 2009 du pays est éloquent: « L’État protège la coca originaire et ancestrale en tant que patrimoine culturel, ressource naturelle renouvelable de la biodiversité bolivienne, et facteur de cohésion sociale ; dans son état naturel, ce n’est pas une drogue. La revalorisation, la production, la commercialisation et l’industrialisation seront régulées par la loi».
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