Le curé de Gaza: «Nous craignons qu'il y ait des morts chaque vendredi»
Olivier Bonnel-Cité du Vatican
Les tensions se poursuivent aux alentours de la bande de Gaza. Un Palestinien a été tué ce mardi 3 avril par des tirs de soldats israéliens à la frontière entre la bande de Gaza et Israël. Une nouvelle victime après les 17 autres personnes tués le 30 mars , lors de la "manifestation pour le retour". Des milliers de Palestiniens s'étaient rassemblés non loin d ela clôture qui sépare le territoire d'Israël. L'armée de l'état hébreu avait tiré à balles réelles, et accuse le Hamas d'avoir encouragé à la rébellion. L'armée israélienne a même publié une liste de 10 Palestiniens tués présentés comme des membres de la branche militaire du Hamas ou des activistes du Djihad islamique.
Dans ce contexte où la guerre se joue aussi par médias interposés, la réalité quotidienne des Gazaouis est de plus en plus dure. Dans un entretien à nos confrères du programme italien, le père Mario Da Silva, curée de la paroisse latine de la Sainte Famille à Gaza revient sur cette journée du Vendredi Saint, particulièrement sanglante. «Nous avons célébré le Vendredi Saint dans la tension et la confusion qui régnait à Gaza, entre les morts et les blessés, explique t-il. Le père Da Silva décrit une situation "chaotique", avec les ambulances, les gens qui courraient vers la frontière, avec la peur de ne pas savoir si commençait ou non une nouvelle guerre».
Le curé ne cache pas son inquiétude car les manifestations de Palestiniens devraient se tenir chaque vendredi non loin de la frontière. «Nous craignons que chque vendredi il y ait de nouveaux morts, des blessés, ou au moins des affrontements».
Pas de visa pour les Chrétiens
Le curé de Gaza revient aussi sur l'interdiction par Israël d'octroyer des visas aux chrétiens palestiniens qui souhaitent rejoindre Jérusalem ou la Cisjordanie pour la Semaine Sainte. Si 300 autorisations temporaines ont été délivrées, elles n'ont pu donner lieu à des sorties de la bande de Gaza. «Il y a ce cas par exemple d'une famille où les enfants de cinq, trois et un an ont été autorisés à sortir, mais par leurs parents.» Selon le père Da Silva. Les autorités israéliennes n'ont pas autorisé la délivrance de visas aux Gazaouis âgés de 17 à 55 ans. «Seulement à des enfants qui ne peuvent voyager sans leurs parents» regrette le prêtre.
La situation dans la bande de Gaza, où vivent plus de deux millions de Palestiniens s'aggrave au quotidien. «Nous n'avons pas l'élécricité, pas d'eau potable, il n'y a pas de travail ni d'argent, il y a beaucoup de pauvreté, explique le curé de Gaza. Surtout, précise t-il, nous n'avons pas de liberté, avec un mur qui ne nous laisse pas sortir d'ici ».
Malgré les difficultés quotidiennes, le père Da Silva remercie le Pape François pour ses paroles lors de son message Urbi et Orbi de Pâques, qui avait invoqué «des fruits de réconciliation pour la Terre Sainte, blessée encore ces jours-ci par des conflits ouverts qui n’épargnent pas les personnes sans défense (...) afin que le dialogue et le respect réciproque prévalent sur les divisions et sur la violence.». Le prêtre salue aussi le travail de l'Eglise sur place dans son assistance aux plus pauvres, chrétiens et musulmans, en particulier les enfants et les personnes agées.
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