Dialogue avec la Chine : Il n’y a pas de baguette magique
Sergio Centofanti et père Bernd Hagenkord, sj - Cité du Vatican
Depuis un certain temps déjà, des contacts entre des représentants du Saint-Siège et de la République populaire de Chine ont été amorcés pour chercher à résoudre, de manière constructive et non conflictuelle, certains problèmes rencontrés par l’Eglise : il s’agit d’une approche pastorale, visant à lancer une forme de coopération qui puisse être bénéfique pour tous, sans avoir la prétention de pouvoir résoudre tous les problèmes existants comme par magie.
A ce propos, l’intervention du cardinal Secrétaire d’Etat, Pietro Parolin, dans une interview accordée au quotidien italien “La Stampa” s’est avéré éclairante. Répondant aux questions du journaliste, il y affirmait, entre autres: « comme on le sait, avec l’avènement de la ‘Nouvelle Chine’, il y eu pour la vie de l’Eglise dans ce grand pays, des moments de différends graves et des souffrances aiguës.
Mais depuis les années quatre-vingt, des contacts ont été pris entre des représentants du Saint-Siège et de la République populaire de Chine. Ils ont connu diverses saisons, des hauts et des bas. Le Saint-Siège a toujours conservé son approche pastorale, cherchant à dépasser les antagonismes, se rendant disponible à un dialogue respectueux et constructif avec les autorités civiles. Le Pape Benoît XVI a bien incarné l’esprit de ce dialogue, dans la Lettre aux catholiques chinois de 2007 : ‘la solution des problèmes existants ne peut être recherchée à travers un conflit permanent avec les Autorités civiles légitimes’. Lors du pontificat de François, les tractations en cours sont entreprises dans le même esprit : une ouverture constructive au dialogue et une fidélité au l’authentique tradition de l’Eglise ».
Avec l’instauration, en Chine, du nouveau régime politique communiste, conséquence de la révolution de Mao Tse Toung – qui avait pour objectif la libération des masses de la domination occidentale de la pauvreté, de l’ignorance, de l’oppression des vieilles classes dirigeantes, mais aussi de l’idée de Dieu et de la religion- a commencé une phase historique particulièrement contrastée, et source de douleurs aiguës pour tant de pasteurs et de fidèles.
Puis, depuis les années 80, quelque chose a commencé à changer en Chine. Bien sûr, l’idéologie existe encore et il y a des signaux d’un certain raidissement ces derniers temps, surtout dans les structures chargées de la sécurité et de la règlementation de la vie socio-culturelle. Mais peut-être que cela est aussi le signe de la nécessité de mettre un peu d’ordre dans une croissance économique impétueuse qui a créé du bien-être, de nouvelles possibilités, de nouveaux espaces de vie faisant émerger des aspirations communes à toutes les personnes du monde, mais pas uniquement. Une telle croissance a apporté un certain chaos avec des phénomènes de déracinement social parmi les travailleurs. Elle a fait augmenter les taux de corruption au sein des classes aisées. Elle a affaibli les valeurs traditionnelles, en particulier chez les plus jeunes générations. Peut-être, cela dit, que la rigidité idéologique ne peut pas être une réponse adéquate à des changements si profonds, qui touchent aussi la sphère religieuse de la vie.
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