L'épiscopat chilien réuni pour parler des abus sexuels dans l'Eglise
Ce 30 juillet, à Punta de Tralca, a débuté une assemblée plénière extraordinaire de la conférence épiscopale chilienne afin de réagir au scandale des abus sexuels, proposer et approfondir des décisions dans ce domaine. Cette assemblée doit se tenir jusqu'au 3 août.
Aller aux racines de la crise
L'Eglise catholique au Chili «est sur un chemin difficile» a reconnu Mgr fernando Ramos, administrateur apostolique du diocèse de Rancagua, devant plusieurs journalistes. «Nous reconnaissons les erreurs commises, mais il est clair que ce n'est pas suffisant pour vivre une nouvelle manière d'être Eglise, et d'incarner les valeurs de l'Evangile», a-t-il encore affirmé, avant de plaider pour renouveau ecclésial qui «engage tout le monde». L'objectif de cette réunion extraordinaire est d'amorcer une réflexion en profondeur sur les racines de la crise actuelle et de «favoriser le dialogue», également avec les autorités judiciaires, avec comme priorité la protection et la défense des mineurs, a encore précisé Mgr Ramos.
L'assemblée extraordinaire a été ouverte par une célébration eucharistique, présidée par le nonce apostolique dans le pays, Mgr Ivo Scapolo. Cette réunion se tient également en présence, notamment, de quatre supérieurs et supérieures de congrégations religieuses, et deux laïcs du Conseil pour la prévention.
De nombreuses victimes
Le Parquet national chilien, peut-on lire dans L’Osservatore Romano, a fait savoir que de 1960 à 2018, son unité spécialisée sur les enquêtes concernant les violations des droits humains, la violence de genre et les délits sexuels a mené des enquêtes sur 158 agents pastoraux de l’Église catholique impliqués dans 144 cas. 74 d’entre eux sont des évêques, des prêtres et des diacres n’appartenant à aucune congrégation, et 65 font partie d’une congrégation. La liste compte aussi 10 laïcs en responsabilité dans des paroisses ou des institutions scolaires, et neuf personnes dont le grade et la fonction n’a pas pu être établi. Le rapport a identifié 266 victimes, parmi lesquels 178 enfants et adolescents, 31 adultes, et 57 autres personnes non identifiées, concernant des cas dénoncés avant l’an 2000.
Lors d'une conférence de presse tenue en amont de cette assemblée, le porte-parole de l'épiscopat chilien, Jaime Coiro a affirmé que les données fournies par le ministère public «nous appellent à réfléchir sur les chiffres concernant les victimes. Nous avons compris qu’au-delà du nombre, chacune de ces personnes a dû vivre un processus extrêmement douloureux. Beaucoup ont dû parler plusieurs fois de ce qui est arrivé plusieurs fois, dans différentes instances, et devant des personnes différentes. La tentation serait celle de nous arrêter sur le nombre des accusés, mais ce que l’Église nous demande aujourd’hui, c’est de penser aux victimes. Ces chiffres font trembler et c’est ce qui nous préoccupe le plus.» Pour sa part, Ana Maria Celis a expliqué que l’Église a «le devoir de sauvegarder la dignité des personnes».
Convoqués en mai dernier au Vatican, les évêques du Chili avaient collectivement remis leur charge au Pape, qui a pour le moment accepté la démission de cinq évêques.
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