Les évêques de Bosnie-Herzégovine réunis les 13 et 14 juillet 2018 en Assemblée plénière à Banja Luka. Les évêques de Bosnie-Herzégovine réunis les 13 et 14 juillet 2018 en Assemblée plénière à Banja Luka.  

Les évêques de Bosnie pour la représentation de toutes les nationalités au Parlement

Dans moins de trois mois, le 7 octobre prochain, les 3.5 millions d’habitants multiethniques peuplant la Bosnie-Herzégovine éliront leur Parlement lors d’élections législatives. En amont, les évêques catholiques de ce pays majoritairement musulman souhaitent faire cesser «la logique de la majorité et du veto» qui prévaut dans le pays, au détriment de certaines nationalités.

Delphine Allaire - Cité du Vatican

À Sarajevo, Banja Luka ou à Srebrenica, la campagne électorale a déjà bien commencé en Bosnie, et menace de fragiliser un peu plus ce pays de la péninsule balkanique. Le scrutin législatif d’octobre s’inscrit en effet dans un contexte politique tendu entre les nationalistes croates, qui réclament la création d’une entité autonome, et le dirigeant serbe Milorad Dodik, accusé de vouloir fragiliser le pouvoir central bosnien.

Des institutions morcelées

«Dans une société complexe, comme celle de Bosnie-Herzégovine, il est nécessaire de respecter les droits de chaque personne humaine , y compris le droit de pouvoir rentrer dans sa patrie dans un climat de dialogue continu, en respectant les différences de peuples, de cultures, de langues et de confessions», ont ainsi plaidé les évêques de Bosnie-Herzégovine dans un message paru au lendemain de leur session plénière du 14 juillet.

Selon les évêques, pour y parvenir «il faudra faire cesser la logique de la majorité et du veto» qui pénalise certaines nationalités représentées au Parlement au détriment des autres.

La centralité bosniaque remise en cause

La Bosnie est en effet bâtie sur un système institutionnel alambiqué, où les institutions centrales sont de plus en plus remises en cause et faibles. Ce système est le fruit des accords de Dayton, qui ont mis fin à la guerre, en décembre 1995. Depuis, la Bosnie-Herzégovine est scindée en trois entités territoriales non indépendantes: la fédération de Bosnie-et-Herzégovine dont la capitale est Sarajevo, la république serbe de Bosnie, et le district de Brcko, géré par un superviseur sous mandat onusien.

L’objectif de «l’égalité effective»

À cet égard, l’épiscopat a rappelé comment cette meurtrière guerre de Bosnie (1992-1995; 100 000 morts) leur avait appris «que le bonheur d'une personne ne pouvait être construit sur le malheur d'une autre personne ou d’un groupe ethnique». «Les élections seront légitimes si toutes les nationalités résidant dans le pays sont correctement représentées», ont-ils affirmé dans leur note, dans la lignée de l’appel à «l’égalité effective de tous les citoyens de Bosnie» lancé par le Pape François lors de son voyage apostolique dans le pays en juin 2015.  

Il y a trois ans en ces terres balkaniques, le Saint-Père avait prôné la coexistence entre les trois communautés nationales du pays, les Bosniaques – à dominante musulmane-, les Croates – dominante catholique-, et les Serbes –dominante orthodoxe-. Historiquement, la région de Bosnie a, elle, été successivement illyrienne, romaine, hongroise, ottomane, austro-hongroise et yougoslave.

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17 juillet 2018, 12:07