Au Nicaragua, des évêques physiquement agressés dans une basilique
Delphine Allaire - Cité du Vatican
Encore secoué, le cardinal Brenes décrit lors d'une conférence de presse les scènes particulièrement brutales de l’agression qu’il a subi avec d’autres évêques dans la basilique San Sebastien de Diriamba à 42 kilomètres au sud de la capitale Managua.
Le fait de paramilitaires
Venus voir un petit groupe de manifestants réfugiés dans la basilique depuis les affrontements meurtriers de dimanche qui ont fait 14 morts, l'archevêque de Managua et sa délégation ont été accueillis par les insultes des pro-Ortega, dès leur arrivée dans la basilique.
Accompagné du nonce apostolique dans le pays, le Polonais Mgr Stanislaw Waldemar Sommertag, le président de l'épiscopat nicaraguayen et sa délégation, sont ensuite rapidement encerclés, puis maltraités par une horde de paramilitaires cagoulés, pour certains armés, les accusant de s’être rangés du côté des opposants. L'évêque auxiliaire de Managua, Mgr Silvio Baez, est blessé au bras et frappé à l'estomac.
Les réactions des Églises locales
Dans une brève note publiée au lendemain de l'agression, ce 10 juillet, la Conférence épiscopale nicaraguayenne a «vivement déploré» les faits. L'épiscopat voisin du Costa Rica a, lui, exprimé «toute sa solidarité et sa sympathie» aux évêques blessés, appelant également la communauté internationale à aider le Nicaragua à trouver «une solution nationale» au conflit.
Nouveau rôle de l’Église à définir
Cette agression contre des religieux, inédite au Nicaragua d’après le cardinal Brenes, va reconfigurer le rôle de l’Eglise dans le conflit. Jusqu’alors médiatrice, la Conférence épiscopale avait annoncé vendredi 6 juillet une reprise du dialogue entre gouvernement et opposition pour ce début de semaine, et ce malgré le refus de la part du gouvernement d'organiser selon le voeu de l'Eglise des élections anticipées, mais également de sérieux doutes exprimés à de multiples reprises sur la crédibilité d’un gouvernement à la répression aussi sanglante.
Depuis le 18 avril, cette crise nicaraguayenne qui a fait 250 morts et 2 000 blessés se cristallise autour de la présidence de Daniel Ortega, accusé de confisquer le pouvoir et de brider les libertés. Alors qu’une grève des opposants est prévue ce jeudi 12 juillet, le dossier nicaraguayen fera aussi l’objet mercredi 11 juillet d’une réunion à Washington entre les membres de l’Organisation des Etats américains (OEA).
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