Le Canada mène une politique migratoire de plus en plus restrictive
Timothée Dhellemmes – Cité du Vatican
«Tous les ressortissants de pays d'Europe, d'Afrique et du Moyen-Orient sont tenus de fournir leurs données biométriques (empreintes digitales et photo) s'ils présentent une demande de visa de visiteur, de permis de travail, de permis d'études ou de résidence permanente au Canada», sauf s’ils viennent pour des raisons touristiques : c’est ce qu’a annoncé le 31 juillet 2018 le ministre de l’Immigration canadien, Ahmed Hussen.
Cette mesure, qui devrait être étendue aux visiteurs d'Asie et d'Amérique à la fin de l'année, est annoncée alors que plus de 30 000 demandeurs d'asile ont fui les États-Unis pour le Canada depuis l’élection de Donald Trump, en janvier 2017. En effet, des dizaines de milliers de réfugiés venant notamment d’Haïti et du Salvador n’ont plus le droit de renouveler leurs visas aux États-Unis, et se tournent donc vers le Canada voisin.
Le pays a été quelque peu bouleversé par ces arrivées massives de demandeurs d’asile, à tel point que les services frontaliers ont parfois recours à la rétention des migrants dont l’identité n’a pu être confirmée, ou qui pourraient représenter un danger pour le pays.
Le Canada interpellé
Dans ce contexte, le Vatican a interpellé le Canada le 26 juillet 2018, par l’intermédiaire du cardinal Marc Ouellet. Le préfet de la Congrégation pour les évêques présidait la messe solennelle à Québec à l’occasion de la fête de saint Anne. Il a rappelé que l’intention des réfugiés et des migrants tenait beaucoup à cœur au Pape François. «Comme son collaborateur proche, je relance cette invitation à la population du Canada pour qu’il y ait une attitude vraiment d’ouverture, d’accueil, de secours et d’intégration pour les personnes qui nous arrivent en grande difficulté de l’étranger», a-t-il déclaré.
Elana Wright, chargée de plaidoyer et de recherche à Caritas Canada - Développement et Paix, juge que les nouvelles mesures prises par le gouvernement sont «très inquiétantes». Selon elle, «le gouvernement Trudeau essaye de montrer qu’il contrôle nos frontières. Mais en réalité, ce n’est pas vraiment une crise. Il y a des demandeurs d’asile qui arrivent, mais on ne vit pas la même expérience que ce que vous vivez en Europe».
Elle rappelle qu’«accueillir ceux et celles qui sont en crise fait partie de notre héritage, et même de notre identité canadienne».
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