Mgr Vesco explique le sens de la béatification dans la presse algérienne
La béatification de Mgr Claverie, l’évêque d’Oran assassiné en 1996, et de 18 autres religieux chrétiens tués durant la guerre des années 1990 (parmi lesquels les sept moines de Tibhirine) aura lieu le samedi 8 décembre 2018 en la basilique de Santa Cruz à Oran. De nombreux Algériens gardent un fort souvenir de ces chrétiens qui ont su témoigner de leur foi, de leur espérance et de leur charité dans un environnement essentiellement musulman, et avec le désir de contribuer au développement de ce pays. «Depuis l’indépendance de l’Algérie et l’appel du cardinal Duval lancé aux prêtres, religieux et religieuses de rester en Algérie afin de participer à la construction d’une société nouvelle, notamment en maintenant ouverts les dispensaires et les écoles à la rentrée 1962, l’Eglise catholique n’a eu de cesse d’être autant qu’elle le pouvait un acteur constructif de la société civile», rappelle Mgr Jean-Paul Vesco dans cet entretien au quotidien El Watan.
«Bien que constituée majoritairement de personnes qui ne sont pas de nationalité algérienne, l’Eglise catholique se veut une Église citoyenne, non pas au sens où elle revendique des droits politiques, mais au sens où elle revendique le droit d’exercer pleinement ses devoirs de citoyen», se réjouit l’évêque d’Oran, qui salue notamment la bonne coopération entre institutions publiques et privées pour financer et assumer la restauration récente de la cathédrale Notre-Dame-de-la-Cruz.
Une relation de confiance entre chrétiens et musulmans
L’Église locale s’investit avec enthousiasme dans la vie associative locale, et de nombreux Algériens bénéficient donc de ses services et en apprécient la qualité. «Le centre diocésain Pierre Claverie, siège de l’évêché et de la cathédrale, est un des lieux principaux de prière des chrétiens le vendredi. Mais les six autres jours de la semaine, c’est un lieu mis au service de la société civile de bien des manières : centre d’artisanat féminin, bibliothèque et activités pour enfants, aide d’urgence aux personnes en migration, accueil d’activités d’associations partenaires, conférences… J’aime voir ce lieu ouvert sur l’extérieur et je suis reconnaissant de la confiance qui nous est faite», affirme Mgr Vesco.
Il se dit «bouleversé» par la confiance de nombreux Algériens qui, bien que musulmans, confient leurs enfants pour des activités organisées par l’Église. «Parfois, le Français que je suis essaie d’imaginer une petite ville de France ou d’ailleurs en Europe et des parents de tradition chrétienne qui confieraient leurs jeunes enfants à la mosquée, en toute confiance, parce qu’ils penseraient que c’est bon pour eux… difficilement imaginable, tant il faudrait que des barrières tombent de part et d’autre. C’est possible ici en Algérie, et c’est un bien précieux dont il faut prendre soin.»
Une vie donnée à l'Algérie
Il se réjouit du fait que cette messe puisse se dérouler en Algérie, car selon lui, «cela n’aurait guère eu de sens de vouloir faire mémoire de la volonté de ces 19 membres de l’Église de rester dans un pays et auprès d’un peuple au prix de leur vie, et de célébrer cet événement en dehors de ce pays et loin de ce peuple qu’ils aimaient et qui les aimait !»
Bien que cette béatification ne se déroulera pas en présence du Pape François comme il l’aurait souhaité, Mgr Vesco espère que cet «événement absolument inédit non seulement en Algérie, mais dans l’histoire de l’Eglise catholique (…) dessinera un grand signe de fraternité dans le ciel d’Oran à destination du monde entier». L’évêque d’Oran espère aussi qu’un «moment opportun» pourra donner l’occasion d’une visite du Pape en Algérie «dans un temps prochain».
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